Il n'y a dans notre ville, Saint-Brieuc (en France), qu'une seule mosquée dans laquelle les fidèles font la prière depuis plusieurs années. Toutefois, il s'est avéré que la qibla de notre mosquée dévie de la bonne qibla. Toutes les boussoles qu'on a utilisées ont indiqué une différence de 89 degrés, et cela a été confirmé par les calculs d'un géomètre. Nous avons conseillé avec sagesse et calme les responsables de la mosquée à de nombreuses reprises afin qu'ils réparent cette erreur très importante, laquelle ne rentre pas, selon nous, dans la catégorie des déviations minimes acceptées légalement. Hélas, ces derniers refusent de changer la direction de la qibla et ont recours pour ce faire au hadith : "Tout ce qui se trouve entre l'Orient et l'Occident est qibla". Tous nos efforts pour les convaincre de leur erreur n'ont eu jusqu'à présent aucun effet sur eux. Ainsi, dernièrement nous nous sommes tournés vers la municipalité afin qu'elle nous loue un lieu dans lequel nous pourrions établir une autre mosquée, cependant nous avons essuyé un refus.
Par ailleurs, il est important de noter que l'agencement actuel de la mosquée fait que la salle des femmes se trouve devant l'imam sur sa droite, c'est une situation inacceptable, car les rangs des femmes doivent obligatoirement être derrière les rangs des hommes et non devant. En fait, si le problème de la qibla se réglait, les rangs des femmes se retrouveraient alors dans leur position naturelle, c'est-à-dire derrière les hommes.
Notre question est donc : Est-ce qu'une prière effectuée dans une direction qui a une différence de 89 degrés par rapport à la bonne qibla est valable comme le prétendent nos responsables qui s'appuient sur le hadith précité ? Et dans le cas où la prière n'est pas valable, doit-on refaire les prières accomplies dans cette mosquée ? Continuer à prier dans cette mosquée est-il licite, et ce, sachant que c'est l'unique lieu de prière de notre ville ?
Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous donner un avis juridique le plus précis possible, qu'Allah fasse de vous la cause de la résolution de ce problème épineux. Qu'Allah vous récompense.

Louange à Allah. Paix et salut sur Son Prophète.

La déviation de la qibla rappelée ici est considérée comme étant extrêmement importante, car dans ce cas celui qui fait la prière a la qibla sur son côté et non en face de son visage ou de son torse. Les responsables de la mosquée ne peuvent en aucun cas s'appuyer sur la parole du Prophète () : "Tout ce qui se trouve entre l'Orient et l'Occident est qibla", car dans ce hadith le Prophète () visait les gens de Médine, laquelle avait pour qibla la distance entre l'Orient et l'Occident vers le sud, ainsi, pour faire face à la qibla, les Médinois pouvaient s'orienter de droite à gauche entre l'Orient et l'Occident. Tant qu'ils restaient dans ce champ ils étaient en direction de la qibla, mais si l'un d'entre eux avait dévié de 89 degrés il se serait trouvé en direction de l'Est ou de l'Ouest, et le Prophète () a dit que la qibla était "entre" l'Orient et l'Occident et non pas que l'Orient et l'Occident étaient une qibla.

Si celui qui fait la prière dévie de la bonne qibla de 89 degrés, alors il n'est plus du tout dans la bonne direction, et même si la déviation était petite, à partir du moment où vous savez qu'il y a une erreur vous n'avez pas le droit de continuer à prier dans cette direction erronée ; car selon l'avis de certains fuqaha` (savants) votre prière est invalide. Dans son ouvrage, Charh al-risâla, au moment de rappeler que celui qui, par erreur, dévie un peu de la qibla est tenu de s’orienter vers la bonne direction dès qu'il sait qu'il se trompait, al-Nafarâwî dit : « Il faut comprendre de l’expression « par erreur » que la prière de celui qui dévie volontairement de la qibla est nulle, aussi minime soit sa déviation ». Ceci concerne une petite déviation, alors que dire d'une grande déviation comme c'est les cas dans votre mosquée, laquelle invalide la prière et il n'y a pas à notre connaissance de divergence sur ce point.

De même que la prière des femmes devant l'imam n'est pas valable selon l'avis de nombreux fuqaha`, car parmi les conditions de la validité de la prière il y a l'obligation pour les gens qui prient de se placer derrière leur imam. A ce propos, on trouve dans la Mawsû'a al-fiqhiyya : "Selon la majorité des fuqaha` hanafites, chaféites et hanbalites, pour que la prière soit valable, il est nécessaire que ceux qui prient ne se placent pas devant l'imam qu'ils suivent. L'Imam Mâlik, quant à lui, dit que cela n'est pas une condition de validité de la prière tout en étant d’accord avec les autres qu’il est fortement déconseillé de prier devant son imam.

Pour cette raison (la position des femmes devant l'imam) et pour la grande déviation de la qibla qui, rappelons-le, invalide la prière, nous voyons donc qu'il est obligatoire pour les responsables de cette mosquée de rectifier cette erreur, et nous leur conseillons vivement de craindre Allah, exalté soit-Il, et de changer la disposition de la mosquée afin de tourner la prière vers la bonne qibla. Que les responsables ne soient pas la cause de l'invalidité de la prière des croyants, car dans ce cas ils en seront responsables devant Allah le Jour du Jugement. Selon nous, il est obligatoire pour ceux qui ont prié dans cette direction erronée de refaire les prières effectuées à partir du moment où ils ont su qu'ils n’étaient pas dirigés vers la bonne qibla.

Allah sait mieux.