Salam houlaykum, J'ai cru que dans la religion musulmane Seul Dieu pouvait juger. C'est ça que j'ai trouvé bien dans cette religion, mais il y a 2 jours un salafiste m'a donné un hadith qui disait : "il m'a été ordonné de juger selon les apparences" (al-Nasâ`i) est-ce vrai qu'on peut juger ? Car si oui je trouve ça dommage...
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.
Le sens du mot jugement varie en fonction du contexte. Lorsque l’on dit que le jugement n’appartient qu’à Allah, exalté soit-Il, et à Lui Seul, cela désigne les affaires en rapport avec la Législation religieuse, car Allah, exalté soit-Il, est Le Seul à décréter ce qui est illicite, licite ou obligatoire. En effet, Il sait mieux que quiconque ce qui est dans l’intérêt de Ses serviteurs. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Est-ce donc le jugement du temps de l'Ignorance qu'ils cherchent ? Qu'y a-t-il de meilleur qu'Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont une foi ferme ? » (Coran 5/50)
Ce genre de jugement appartient donc uniquement à Allah, exalté soit-Il.
Il existe aussi le jugement dans le contexte de la séparation entre deux conjoints lorsque ces derniers se querellent et ce genre de jugement est du ressort de deux arbitres. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Si vous craignez le désaccord entre les deux [époux], envoyez alors un arbitre de sa famille à lui, et un arbitre de sa famille à elle. Si les deux veulent la réconciliation, Allah rétablira l'entente entre eux. Allah est certes Omniscient et Parfaitement Connaisseur. » (Coran 4/35)
Il existe également le jugement relatif à ce qu’il convient de payer comme rançon de la chasse effectuée dans l’enceinte du périmètre Sacré ou lorsque l’on est en état de sacralisation (Ihram). Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« O les croyants ! Ne tuez pas de gibier pendant que vous êtes en état d'Ihram. Quiconque parmi vous en tue délibérément, qu'il compense alors, soit par quelque bête de troupeau, semblable à ce qu'il a tué, d'après le jugement de deux personnes intègres parmi vous, et cela en offrande qu'il fera parvenir à (destination des pauvres de) la Ka'aba, ou bien par une expiation, en nourrissant des pauvres, ou par l'équivalent en jeûne. Cela afin qu'il goûte à la mauvaise conséquence de son acte. Allah a pardonné ce qui est passé ; mais quiconque récidive, Allah le punira. Allah est Puissant et Détenteur du pouvoir de punir. » (Coran 5/95)
Ici, Allah, exalté soit-Il, en tant que Juge législateur, ordonne à ses serviteurs de juger certaines choses nécessitant un effort d’interprétation et de l’expérience. Lorsqu’ils émettent un jugement, ils le font sur décision d’Allah, exalté soit-Il, qui le leur a prescrit.
Quant au jugement fondé sur l’apparence comme cela est mentionné dans la question, cela signifie que l’on se fait une idée des gens d’après leur situation apparente et que l’on fonde notre jugement les concernant sur cette apparence sans prendre en compte ce que leur cœur contient vraiment. Le Prophète () a dit : « On ne m’a pas ordonné de sonder le cœur des gens ni d’ouvrir leur poitrine. » (Boukhari et Mouslim).
Umm Salama, , a rapporté que le Prophète () a dit :
« Lorsque vous me présentez vos litiges, il se peut que certains d’entre vous se montrent plus habiles que d’autres dans l’exposé de leurs arguments, si bien que je leur donne raison en fonction de ce que j’entends. Donc celui auquel j'octroie un droit quelconque appartenant à son frère, qu'il ne le prenne pas, car je ne fais là que lui donner une partie de l'Enfer. »(Boukhari et Mouslim).
L’imam al-Nawawî mentionna dans son explication de ce hadith : « Il jugeait les gens d’après les apparences et Allah, exalté soit-Il, se charge de les juger en fonction de ce qu’ils cachent. »
Tout cela nous montre qu’il n’existe pas de contradiction entre le fait de dire que le jugement appartient à Allah, exalté soit-Il, Seul et le fait qu’Il donne aux gens la possibilité de juger certaines choses. Les savants disent : il n’y pas de contradiction lorsque un même terme est employé dans des sens différents.
Nous attirons votre attention sur le fait qu’il n’existe pas dans les Sunan al-Nasâ`î de hadith avec les termes que vous avez mentionnés, mais il s’agit plutôt de l’intitulé du chapitre où figure le hadith d’Umm Salama, que nous avons mentionné, à savoir : « Chapitre du jugement d’après les apparences ».
Cependant, ce hadith en ces termes n’a pas de fondement. Le Comité permanent de la fatwa du Royaume d’Arabie Saoudite mentionne : « Le hadith : "Nous jugeons d’après les apparences et Allah Se charge des secrets." a été rapporté dans le livre intitulé Kachf al-Khifâ` wa Mazîl al-Ilbâs ‘Ammâ Ichtuhira min al-Ahâdîth ‘alâ Alsinat al-Nâs en ces termes : "Il m’a été ordonné de juger d’après les apparences et Allah Se charge des secrets." Al-‘Irâqî établit que ce hadith n’a aucun fondement en ces termes et c’est également l’avis d’al-Mizzî et d’autres. »
Et Allah sait mieux.
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