Essalam alaykoum,
Je souhaiterais connaître les règles qui permettent de garder sa place pour prier dans un rang une fois entré dans la mosquée. Est-il permis si on est le premier à entrer à la mosquée, de réserver sa place au premier rang (en mettant un objet ou sa veste) tout en allant accomplir ses ablutions ? Ou alors est-il nécessaire d'accomplir les 2 raka'ats de salutations afin de garder sa place ? Un responsable ouvrant ou fermant la mosquée ou nettoyant la mosquée ou s'occupant de la mosquée peut-il réserver sa place au 1er rang sans accomplir les 2 raka'ats de salutations ?
Barakallahou fikoum pour votre réponse.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Il n’y a pas de mal à ce que quelqu'un qui arrive le premier à une place la réserve à l’aide d’une étoffe par exemple, pour effectuer ses ablutions et y revenir, et la validité de cet acte n’est pas conditionnée par l’accomplissement de deux Ra’kats. Par contre, il n’est pas permis qu’il se réserve la place et sorte de la mosquée sans avoir l’intention d’y rester.
Les oulémas, quant à eux, ont divergé relativement à la réservation d’une place dans la mosquée. Les Chaféites et les Hanbalites l’ont permis alors que d’autres, tels les Malékites et Cheikh de l’Islam ibn Taymiyya, qu'Allah leur fasse à tous miséricorde, l’ont interdit. Quant à nous, nous sommes d’avis qu’il ne faut réserver une place dans la mosquée que si l’on a l’intention d’y rester et de n’en sortir que pour effectuer ses ablutions, faire ses besoins, etc.
L’imâm al-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit dans al-Majmû’ : « Al-Châfi’î et nos compagnons ont dit : ‘Il est permis à quelqu'un d’envoyer une autre personne pour lui réserver une place (dans un rang) à la mosquée ; et quand il s’y rend, l’homme envoyé doit se retirer. Ce dernier peut aussi placer (à l’endroit réservé) un vêtement ou autre et ainsi celui qui l’a envoyé peut y prier quand il arrive, et dans ce cas, personne n’a le droit d’y prier à sa place; et il peut écarter sans violance celui qui le fait et s’asseoir à sa place. S'il use de la violance en l'écartant il est responsablie de tout dommage entrainé par son acte selon l’auteur d’al-Bayân et d’autres. »
L’imam hanbalite al-Buhûtî a dit dans ‘Kachâful-Qinâ’’ : « Si l’on trouve un lieu de prière où quelque chose est étalé, on ne doit pas l’en enlever, car cela revient à enfreindre les ordres de son propriétaire et à disposer de son bien sans sa permission, ce qui peut conduire à une dispute… et si la prière commence (sans que celui-ci ne soit revenu), on peut retirer l’objet étendu (de l’endroit réservé) et y prier, car la place n’est pas interdite en soi mais par la présence de celui qui l’a réservée, or il ne s’est pas présenté… »
Les Malékites et Ibn Taymiyya, quant à eux, ont interdit cela. Le cheikh ‘Alish, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit dans ‘Minah al-Jalîl’ : « Il mentionna dans l’introduction que celui qui envoie à la mosquée son tapis pour réserver un endroit de prière n’a pas droit à ce dernier et en est l’usurpateur… »
Le cheikh de l’Islam ibn Taymiyya, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Personne ne peut se réserver une place à la mosquée en y étalant un tapis de prière ou autre, avant d’être présent et personne n’a le droit de prier sur ce tapis sans l'accord de son propriétaire, mais selon l’avis le plus correct des savants, la personne doit plutôt l’enlever avant de prier à cet endroit. »
Il dit plus loin : « Si quelqu’un perd ses ablutions et revient (à la mosquée après les avoir refaites), il a un droit prioritaire à sa place. En effet, le Prophète () légiféra cela en disant : ‘Si un homme quitte sa place puis y retourne, c’est à lui qu’elle revient.’ (Ahmad). »
Il ajouta également : « Personne n’a le droit d’étaler un objet et de se réserver une place tout en étant absent, empêchant ainsi que quelqu’un d’autre s’y installe, car c’est une façon de s'accaparer cette place en empêchant les musulmans de faire la prière qu’Allah, exalté soit-Il, leur a ordonné d’accomplir. La Sunna veut qu'on s’avance soi-même (pour prendre sa place) et non pas qu’on mette un tapis de prière (à sa place), car dans ce cas, on commet une injustice si on ne met pas fin à son acte. Ces tapis de prière doivent être retirés afin de laisser la place aux gens… »

Et Allah sait mieux.