J’aimerais connaître le degré d’authenticité des deux hadiths suivants et comprendre chacun d’eux :
Le premier hadith dit d’après Sahl ibn Sa‘d, qu’Allah soit satisfait de lui, que le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « S’il y a un mauvais augure pour le musulman, il est dans trois choses : l'épouse, le cheval et la maison » [(Boukhari : chap 62 n°32)] Et dans une autre version d’après ‘Abdullah ibn ‘Omar, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « Il n’y a ni mauvais augure ni contagion. Mais s’il y a un mauvais augure pour le musulman, il est dans trois choses :
son épouse, son cheval et sa maison. » [(Mouslim : chap 25 n°5524)]
Le deuxième hadith est cité dans le Mousnad de l’imam Ahmad, qu’Allah lui fasse miséricorde, d’après Abou Hasân, qu’Allah soit satisfait de lui : « Deux hommes entrèrent chez 'Aïcha, qu'Allah soit satisfait d'elle, et l’informèrent qu’Abou Houraïra, qu’Allah soit satisfait de lui, disait que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) avait dit : « Le mauvais augure (pour le musulman) se trouve dans son épouse, sa maison et son
cheval. » Elle dit : « Par Celui qui a révélé le Coran à Muhammad, le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) n’a pas dit cela. Il a dit : « Les gens de la Djâhiliya y voyaient un mauvais augure. » [(Al-Hâkim : Sahîh, 479/2, Al-Dhahaby, cheikh Chou‘ayb al-Arna’oût : Sahih)]
Dans Musnad al-Tayalsî 215/1, Muhammad ibn Râchid, dit d’après Mak-hûl : " On a dit à 'Aïcha, qu'Allah soit satisfait d'elle, qu’Abou Houraïra, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « Le mauvais augure se trouve dans trois choses : La maison, l’épouse et le cheval. » Elle dit : « Abou Houraïra, qu’Allah soit satisfait de lui, n’a pas bien retenu ce que disait le
Messager (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) parce qu’il est entré alors qu’il disait : « Qu’Allah maudisse les Juifs qui disent : « Le mauvais augure se trouve de trois choses : la maison, l’épouse et le cheval. ». Abou Houraïra, qu’Allah soit satisfait de lui, a entendu la fin du hadith et n’a pas entendu son début. » Un des rapporteurs du hadith a été omis dans cette version mais les oulémas disent qu’elle est consolidée
par le hadith Sahîh qui se trouve dans le Mousnad de l’imam Ahmad, qu’Allah lui fasse miséricorde [(Al-Zarkachy dans al-Idjâba
page 128)]
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Muhammad, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le premier hadith est des plus authentiques car Boukhari et Mouslim, qu’Allah leur fasse miséricorde, sont d’accord à son sujet. Le deuxième hadith l’est également comme vous l’avez souligné. Quant au hadith d’al-Tayalsî, il manque un rapporteur entre Mak-hûl et 'Aïcha, , car comme l’a souligné al-Hâfidh ibn Hadjar, qu’Allah lui fasse miséricorde, Mak-hûl ne l’a pas entendu directement de 'Aïcha. Cependant, certains oulémas l’ont jugé Sahîh en s’appuyant sur d’autres hadiths allant dans le même sens parmi lesquels ceux mentionnés par al-Zarkachî dans son livre al-Idjâba.
Les oulémas ont beaucoup divergé sur le sens de ces hadiths. L’imam Malik, qu’Allah lui fasse miséricorde, et certains savants ont dit : « Il doit être compris dans son sens apparent car Allah, exalté soit-Il, peut faire d’une maison la cause de beaucoup de malheurs et de dégâts. » Al-Khattâbî, qu’Allah lui fasse miséricorde, et beaucoup d’autres ont dit : « Les mauvais augures sont interdits en Islam mais il s’agit là d’une exception, car on peut avoir une maison où l’on n’aime pas habiter, une femme dont on n’aime pas la compagnie, ou un cheval ou un serviteur que l'on n'aime pas; et dans ce cas on doit s’en débarrasser. » Al-Qâdi Abou Bakr ibn al-‘Arabî, le malékite, qu’Allah lui fasse miséricorde, a expliqué de la même manière les propos de l’imam Malik, qu’Allah lui fasse miséricorde, et ceux qui l’ont approuvé en disant comme l’a rapporté ibn Hadjar, qu’allah lui fasse miséricorde : « Ibn al-‘Arabi dit que l’imam Malik, qu’Allah lui fasse miséricorde, n’a pas voulu rapporter le mauvais augure à la maison mais à la coutume et il faut que la personne en sorte pour se préserver de croire au faux. » Al-Hâfidh ibn Hadjar, qu’Allah lui fasse miséricorde, a commenté en disant : « Ce que Ibn al-‘Arabi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a signalé dans l’interprétation des propos de l’imam Malik, qu’Allah lui fasse miséricorde, est valable et comparable à l’ordre de fuir le lépreux tout en ayant foi que la contagion n’existe pas. Ce n’est qu’une façon de couper court aux prétextes pour ne pas finir par croire à ce à quoi il ne faut pas croire et, si cela coïncide avec la prédestinée, ne pas penser que la contagion ou le mauvais augure existe. Il a été ainsi conseillé à celui qui se trouve dans cette situation de déménager de cette maison parce qu’en y demeurant, il peut croire aux mauvais augures. »
Quant au rejet des paroles d’Abou Houraïra, qu'Allah soit satisfait de lui, Ibn Hadjar, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Il ne faut pas démentir Abou Houraïra, qu’Allah soit satisfait de lui, et les autres Compagnons que nous avons mentionnés. Certains ont dit que ce hadith visait à signaler la foi des gens en le mauvais augure mais il ne s’agit nullement d’une information confirmée par le Prophète (). » Les hadiths Sahîhs qui précèdent s’éloignent de cette interprétation. Ibn al-‘Arabî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « C’est une réponse erronée parce que le Prophète () n’a pas été envoyé pour informer les gens de leurs croyances passées mais pour leur enseigner ce à quoi ils doivent croire. »
Et Allah sait mieux.
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