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La définition d’un objet trouvé pour lequel il est obligatoire de faire l’annonce de sa trouvaille en public et comment le faire

Question

J’ai trouvé sur la route un billet d’une valeur approximative de 20 dollars. J’en ai fait l’annonce publiquement durant deux jours et je n’ai eu aucune nouvelle de son propriétaire. Il y a un magasin proche du lieu où j’ai trouvé ce billet. J’ai donné mon numéro au propriétaire en lui demandant de m’appeler si jamais quelqu’un réclamait cet argent.
Cela fait maintenant quatre mois que cela a eu lieu et le numéro que j’avais laissé au magasin est hors service aujourd’hui. Est-ce que je peux remettre cet argent à l’endroit où je l’ai trouvé de façon à me décharger de toute responsabilité. Surtout qu’il est facile de voyager sur de longues distances avec un billet ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Ce que vous avez fait en informant le propriétaire du magasin n’est pas suffisant concernant l’objet trouvé et l’annonce qui doit en être faite en public. Il faut plutôt en faire l’annonce dans les lieux où les gens se rassemblent comme les mosquées et les marchés et par les moyens de communication et les médias si cela est possible.
Dans son livre Al-Kâfi Fî Fiqh Ahl Al-Madîna, Ibn Abd Al-Barr a dit : « Il doit en faire l’annonce durant une année pleine devant les portes des mosquées sur les lieux ou proches de là où il a trouvé l’objet en question et en faire l’annonce en public. » Fin de citation
Mais il convient aussi de prendre en ligne de compte la valeur de la somme d’argent, est-ce une somme que la moyenne des gens est amenée à réclamer ? Ou est-ce une somme insignifiante aux yeux des gens et pas suffisante pour que son propriétaire se démène pour la retrouver ? Si c’est une somme insignifiante dans votre pays, alors il n’y a pas de mal à ce que vous la preniez et en tiriez profit. Mais si la moyenne des gens considère dans votre contrée que cette somme est conséquente, alors il ne vous est pas permis d’en tirer profit, sauf si vous en avez fait l’annonce durant une année complète. Certains savants ont plafonné une somme insignifiante à un quart de dinar, ce qui, selon cet avis, fait de la somme de 20 dollars un montant que vous pouvez garder en votre possession sans avoir à en faire l’annonce en public puisqu’elle est en dessous de la valeur d’un quart de dinar.
Dans son ouvrage Al-Mughnî (6/76), Ibn Qudâma dit : « Al-Khiraqî, n’a pas fait de distinction entre un objet trouvé de petite ou grande valeur. C’est d’ailleurs ce qui semble être la position de l’école Hanbalite. À ceci fait exception les objets de valeurs insignifiantes que l’âme humaine n’est pas portée à réclamer comme une datte, un bout de galette, un vêtement déchiré et tout ce qui ne passe pas à la tête d’une personne de réclamer. Il n’y a pas de mal à garder pour soi ce genre d’objet trouvé et d’en profiter même sans en faire l’annonce en public puisque le Prophète () n’a pas réprimandé le fidèle qui avait trouvé une datte lorsqu’il la mangea. Au contraire, il lui a dit : « Si tu ne l’avais pas prise, c’est la datte qui serait venue à toi. » Aussi, le Prophète () avait vu une datte et dit : « Si je ne craignais pas que cette datte fasse partie des aumônes, je l’aurais mangée. » Nous ne connaissons aucune divergence entre les savants pour affirmer qu’il est permis de prendre des choses trouvées de faible valeur et d’en tirer profit. Cela a d’ailleurs été rapporté de Omar, Ali, Ibn Omar, Aisha. C’est aussi l’avis de ‘Atâ, Jâbir ibn Zayd, Taous, Al-Nakha’î, Yahya ibn abi Kathir, Malik, Shâfi’i, les savants de l’école Hanafite. Ahmad et la plupart des savants que nous venons de mentionner n’ont pas fixé de limite à ce qu’est une somme insignifiante qu’il serait permis de prendre et d’en profiter sans avoir à en faire l’annonce. Mailk et Abu Hanifa ont dit : ‘’ Il n’est pas obligatoire de faire l’annonce d’un objet trouvé si sa valeur est inférieure à ce qui obligerait de couper la main du voleur, c’est çà dire un quart de dinar pour les malikites et dix dirhams pour les Hanafites. En effet, ce qui est en dessous de cette somme est considéré comme insignifiant, il n’est donc pas obligatoire d’en faire l’annonce. On peut donner en exemple une datte, un bout de galette. La preuve que cela est insignifiant se trouve dans les paroles suivantes de Aisha, qu’Allah soit satisfait d’elle : « Les compagnons ne coupaient pas la main de qui avait volé un objet d’une valeur insignifiante. » Les savants Shafi’ites ont trois avis sur la question qui correspondent aux trois avis des trois autres écoles. Nous concernant, pour mettre à mal les arguments qu’ils ont avancés pour déterminer un plafond d’une somme insignifiante, nous disons que le hadith de Zayd ibn Khalid a une portée générale et concerne tout objet trouvé. Il faut donc conserver cette portée générale sauf si un texte le sort de cette portée générale. Or, de tous leurs arguments, aucun n’est appuyé par un texte ni ne va dans le sens d’un texte sur le sujet. Ajoutons à cela que plafonner ce que serait une somme insignifiante et l’évaluer ne peut se faire par le biais d’une analogie, mais uniquement à partir d’un texte ou d’un consensus. Or, de tous leurs arguments, ils n’ont avancé ni texte ni consensus… » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.

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