Je suis venue dans un pays européen depuis plusieurs années. Venir dans ce pays m’a couté une grosse somme d’argent que j’ai emprunté à mon frère. L’état me donnait une allocation pour vivre parce que je ne travaillais pas. Après un an, je me suis marié. Je n’ai pas posé comme condition à mon mari qu’il règle ma dette parce que je pensais que c’était évident et qu’il n’était pas nécessaire de poser une telle condition.
Je n’ai pas non plus posé comme condition à mon mari qu’il était de mon droit de disposer de cette allocation financière que l’état me reversait. Je pensais que mon argent et celui de mon mari ne faisaient qu’un et qu’il n’y avait aucun mal à le dépenser pour la famille puisqu’en principe il devait régler ma dette, comme je le pensais.
Le temps passant, quelques problèmes sont survenus. Mon mari a refusé d’acheter certaines choses que je considère nécessaires à la maison. J’ai demandé à mon mari de me donner ma part de l’allocation de l’état puisqu’elle est à mon nom mais il a refusé sous prétexte que l’état la donne pour vivre et qu’il la dépense justement à cet effet en s’appuyant sur votre Fatwa numéro 144359.
Quand je lui dis que je recevais cet argent avant de le connaitre et qu’il n’est pas la cause pour laquelle je le reçois parce que je suis venu moi-même dans ce pays et avec mon argent avant de le connaitre et qu’il est du devoir du mari de dépenser pour son épouse de son propre argent il a malgré cela refusé en disant : ‘’ cet argent ne te revient pas de droit il est à la famille.’’
Suite à cela, mon mari a lu une fatwa qui dit qu’il n’a pas a payé ma dette antérieure et que cela ne lui incombe pas sur le plan religieux. Il a donc également refusé de payer ma dette. A ce moment, j’ai insisté davantage pour obtenir ma part de l’allocation d’état pour régler ma dette moi-même et m’acquitter d’autres obligations.
Je souhaite savoir si cet argent me revient de droit ? Comme je vous l’ai dit, mon mari n’est pas la cause qui me permet de percevoir cette allocation. Je la percevais déjà avant de me marier. Sachant que je perçois une bonne allocation pour moi et mes enfants et que je veux uniquement avoir la partie qui me revient.
Est-ce que mon mari fait bien en s’appuyant sur votre fatwa numéro 144359 et en la comprenant comme il le fait ? Sachant que je considère qu’il l’interprète en sa faveur alors que dans les faits cette Fatwa va plutôt à mon avantage.
Remarque : après mon mariage, l’allocation de l’état a changé d’appellation mais elle est toujours destinée à ma personne, en mon nom, et du même montant.
Est-ce que cela permet à mon mari de prendre pour prétexte que l’allocation a changé d’appellation pour affirmer que ce n’est pas mon droit de la prendre ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le statut est tel que nous l’avons mentionné dans la fatwa que vous avez citée. C’est l’administration qui octroie l’allocation qui fait office de référent pour savoir à qui elle revient de droit.
Ce que nous avons mentionné dans cette fatwa s’applique tout à fait à cette allocation que vous percevez de l’état. Si cette allocation s’apparente à un don qui vous est destiné, que ce soit avant ou après le mariage, alors cet argent est votre propriété. Il n’est pas permis à votre mari de l’utiliser sans votre accord conformément à ce qui est rapporté dans le hadith figurant dans le recueil de Ahmad, le Musnad, dans lequel le Prophète () a dit : « Il n’est pas permis de disposer des biens d’un musulman sauf s’il le permet de bon cœur. »
Si l’état vous donne cette allocation pour la dépenser à destination des besoins de la famille et que votre mari la dépense bien dans cet objectif alors vous n’avez pas le droit de lui en réclamer quoi que ce soit.
Il est obligatoire de se conformer aux conditions émises par l’administration qui est à l’origine de cette allocation. Abû Dâwûd rapporte de Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Prophète () a dit : « Les musulmans sont tenus de respecter les conditions de leurs engagements. »
Al-Qâsim ibn Muhammad a dit : « Les gens avec lesquels j’ai vécu ont toujours respecté les conditions de leurs engagements en ce qui concerne les biens et ce qu’ils donnaient. » Rapporté par Malik dans son livre Al-Muwatta.
Votre mari n’est pas obligé de régler les dettes que vous avez contracté pour venir dans ce pays dans lequel vous résidez puisque rien n’oblige à l’y contraindre sur le plan religieux.
Nous conseillons aux deux époux de veiller à mettre en œuvre tous les moyens qui peuvent contribuer à la stabilité de la famille et d’éviter toutes les causes de conflit de façon à ce qu’une dispute ne se transforme pas en séparation. La conséquence qui en résultera ne sera autre que du regret en raison de la dispersion de la famille et de la perte des enfants.
Et Allah sait mieux.
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