Ce qu’il faut savoir avant d’accomplir le Hadj
Il ne fait aucun doute que le désir permanent des gens de vouloir effectuer le Hadj est le fruit de la réponse d’Allah, exalté soit-Il, à l’appel d’Ibrâhîm () (sens du verset) :
« Et fais aux gens une annonce pour le Hadj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné. » (Coran 22/27)
Les conditions du Hadj fixées par les jurisconsultes sont l’Islam, la raison, la puberté, la liberté et la capacité. Le Comité permanent de la fatwa et la recherche d’Arabie Saoudite a expliqué ce que les savants entendent par « capacité ». Il dit : « La capacité, concernant le Hadj, c'est le fait d’avoir la santé (nécessaire pour l’effectuer) et de posséder les moyens de se rendre à la Maison Sacrée d’Allah que ce soit en avion, en voiture, en bateau ou sur une monture, et ceci en fonction de ses moyens financiers. Il faut également posséder les provisions suffisantes pour l’aller et le retour, ceci en supplément des dépenses pour les personnes dont il a la charge jusqu’à ce qu’il revienne du Hadj. Enfin, la femme doit être accompagnée par son mari ou par l’un de ses Mahram durant son voyage pour le Hadj ou la ‘Umra. »
Emprunter pour faire le Hadj
Nous constatons que beaucoup de gens empruntent de l’argent pour accomplir le Hadj alors que cela va à l’encontre des directives de l’Islam. Le Cheikh Muhammad Sâlih al-Munadjid, savant d’Arabie Saoudite, a dit : « Le Hadj n’est obligatoire que pour une personne qui a la capacité de l'accomplir. La capacité financière et la capacité physique de faire le voyage et les rites. Il n’est ni imposé ni recommandé à une personne d’emprunter de l’argent pour accomplir le Hadj et si elle le fait malgré tout, son Hadj sera valide, si Allah, exalté soit-Il, le veut. »
À propos de la permission d’emprunter de l’argent, le Cheikh Ibn Bâz, Qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Il n’y a pas de mal à cela si la personne peut honorer son engagement (de rembourser son emprunt) »
Être en bonne santé physique fait partie de la « capacité ». Il a été rapporté dans l’encyclopédie jurisprudentielle : « Un corps sain de toute maladie et handicap pouvant entraver l’accomplissement du Hadj est une condition de son obligation. Si la personne est atteinte d’une maladie chronique, d’un handicap permanent ou paralysant ou si la personne est âgée et qu’elle ne peut pas se déplacer, l’accomplissement du Hadj ne lui est pas obligatoire.
Quant à la personne qui peut accomplir le Hadj en étant aidée par autrui, le Hadj est dans ce cas obligatoire s’il trouve quelqu'un pour l’aider. Concernant la personne atteinte d’un handicap incurable qui l’empêche d’accomplir le Hadj, elle doit mandater quelqu'un pour l'accomplir à sa place. Cependant, si elle a un espoir de guérir de son handicap, elle doit attendre sa guérison et accomplir le Hadj par elle-même et il ne lui est pas permis de mandater quelqu’un pour le faire à sa place »
Des coopératives d’entraide financière pour l’accomplissement du Hadj se répandent dans certains pays et le Cheikh Atiyya Saqr a dit à ce propos : « Une des formes d’emprunt est de créer une coopérative ou un fonds alimenté par des cotisations et dont certains membres prendraient la cagnotte mensuelle ou annuelle afin d’accomplir le Hadj tout en continuant à l'alimenter afin de rembourser ce qu’ils doivent. Cette forme de solidarité est permise »
Le commerce durant le Hadj : beaucoup de gens croient qu’ils doivent obligatoirement accomplir le Hadj avec leur propre argent et que s’ils se rendent à La Mecque pour le travail ou le commerce et accomplissent par la même occasion le Hadj, ce Hadj ne les exempte pas du devoir d'accomplir le pèlerinage obligatoire prescrit par l'Islam.
A ce propos, le Dr. Ahmad al-Charbâsî, professeur à l’Université d’al-Azhar, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Ceux qui accomplissent le Hadj tout en pratiquant une activité commerciale, leur Hadj est correct, et n’est pas invalide. Ils ne doivent pas le recommencer et ils se sont acquittés de leur obligation. Quant à la récompense, le sens apparent des textes rapportés à ce propos est qu’Allah, exalté soit-Il, ne les en prive pas. Il faut néanmoins prendre en compte le hadith suivant :
« Les actions ne valent que par les intentions (de leurs auteurs) et la rétribution de chacun sera uniquement en fonction de son intention » (Boukhari, Mouslim)
Si l’on accomplit une bonne action en ayant plusieurs intentions, il est possible que la récompense soit liée à l’intention prédominante et l’affaire tout entière appartient à Allah, exalté soit-Il, et Il est parfaitement Connaisseur de ce que renferment les poitrines »
Le Hadj fait par un don
En ce qui concerne le Hadj offert par l’entreprise à ses employés ou par les riches aux pauvres, le Dr. Nasr Farîd Wâsil, ancien Mufti d’Egypte, a dit : « Les oulémas sont unanimes quant au fait qu'une personne qui n’a pas les moyens financiers n’a pas l’obligation d’accomplir le Hadj et si un étranger lui offre l’argent pour l’accomplir, elle n’est pas obligée d’accepter et ceci à l’unanimité des oulémas. Mais si elle l’accepte et accomplit le Hadj avec cet argent, son Hadj est valide et la personne est acquittée de cette obligation. Le Hadj est toujours permis à partir du moment où l’argent est licite et que l’argent appartienne à la personne elle-même ou provienne d’une personne étrangère qui l’a donné de bon cœur ».
La détermination du nombre de pèlerins
Des millions de musulmans désirent accomplir le pèlerinage à la Maison Sacrée d’Allah, exalté soit-Il. Cependant, les autorités saoudiennes demandent à chaque pays d’envoyer un nombre déterminé de pèlerins pour éviter les débordements. Cette limitation du nombre de pèlerins est permise comme l’a dit le cheikh al-Qardâwi : « Il est permis de limiter le nombre de pèlerins si cela comporte un intérêt et si l’absence de limitation engendre des problèmes. Nous savons que le nombre de pèlerins a atteint les trois millions certaines années. A plusieurs reprises, il y a eu des bousculades lors du rite de la lapidation des stèles et des centaines de gens moururent. Limiter le nombre de pèlerins entre dans le cadre de certaines règles jurisprudentielles comme la prise en compte de l’intérêt général et le fait de fermer la porte aux maux qui pourraient se produire. C’est une chose à propos de laquelle s’accordent les sages d’entre les musulmans. »
La vaccination des pèlerins
Avec la propagation de certaines maladies contagieuses, les autorités saoudiennes ont pris leurs précautions en réclamant la vaccination des pèlerins et en prenant une série d'autres mesures. Il n’est donc pas permis à un pèlerin de voyager à La Mecque sans se soumettre à ces tests médicaux s’il pense fortement que cela causera une contamination et sera source de dommage pour lui ou pour les autres musulmans.
Le cheikh ‘Atiyya Saqr a dit à ce propos : « Si la contamination de la maladie est vérifiée ou s’il est fort probable qu’elle ait lieu, alors cette maladie exempte le malade du Hadj jusqu’à ce qu’il guérisse de sa maladie, car la règle jurisprudentielle dit : ‘Ecarter les nuisances prime sur l’apport d’un bénéfice’. De plus, l'intérêt et le bénéfice du Hadj concerne plus l’individu à proprement parlé qu’autrui, alors que la nuisance causée touche beaucoup de gens.
En plus de son exemption d’accomplir le Hadj, je pense qu’il est interdit de voyager s’il y a une grande probabilité de contamination vu le risque que cela comporte. Cette interdiction est à prendre soit dans le sens d’un acte détestable soit dans le sens d’une interdiction formelle et cela en fonction du degré de probabilité de transmission de la maladie » Ceci est basé sur la parole du Prophète () qui a dit à un lépreux qui était venu lui prêter allégeance : « Repars, nous avons certes pris acte de ton allegiance. » (Mouslim). Il dit également : « Fuis le lépreux comme tu fuis le lion. » (Boukhari)
La nécessité légitime
De nombreuses personnes se demandent si elles doivent faire prévaloir leurs besoins ou le Hadj ? Par exemple, une personne peut avoir besoin d’acheter une voiture alors, doit-elle l’acheter ou bien accomplir le Hadj ?
A ce sujet, le cheikh Muhammad 'Abdallah al-Khatîb, l’un des oulémas d’al-Azhar, a dit : « Peu importe le besoin que l’on peut avoir pour une voiture, celle-ci n’est pas considérée comme une nécessité indispensable au point de retarder par sa cause l’accomplissement du Hadj. La nécessité reconnue par la Charia est une chose dont l’absence empêche de vivre. Celui qui fait prévaloir les obligations islamiques et veille sur celles-ci, Allah, exalté soit-Il, lui procurera une voiture ainsi que toute autre chose, si Allah, exalté soit-Il, le veut. »
Parmi les questions que l’on pose souvent : faut-il d’abord marier ses enfants ou accomplir le Hadj ? Les oulémas divergent à ce sujet. Un certain nombre d'entre eux sont d’avis qu’il faut préférer le Hadj, car c’est une obligation qui doit être accomplie si on en a les moyens et cette personne a les moyens de l’accomplir. D’autres sont d’avis que si le fils ou la fille ont besoin de se marier, il faut donner la priorité à leur mariage. Ils se basent sur le fait qu’il n’est pas obligatoire d’accomplir le Hadj dans l’immédiat et qu'on peut le retarder. Telle est l’opinion du Dr. Mohammad al-Mukhtâr al-Mahdî, professeur à l’université d’al-Azhar.
Il n’est pas permis d’accomplir le Hadj avec de l’argent illicite même si les oulémas jugent que ce Hadj est valide et que la personne est déchargée de l’obligation, malgré le péché commis. Dâr al-Iftâ' (Le Centre de Fatwas) en Egypte, affirme que : « Il est établi par la Charia que le Hadj est une obligation pour tout musulman, libre, pubère, sain d’esprit et qui en a les moyens logistiques et financiers, en plus des dépenses de la famille jusqu’à son retour.
Il est également détestable pour une personne endettée d’accomplir le Hadj si elle n’a pas d’argent pour rembourser sa dette sauf si le créancier le lui permet. De plus, la provenance licite de l’argent est une condition et le Hadj accompli avec de l’argent illicite n’est pas accepté bien que l’obligation en elle-même soit accomplie et même s’il s’agit d’argent volé ou usurpé. Il n’y a pas de contradiction entre le fait que la personne soit déchargée de l’obligation du Hadj et le fait qu'il ne soit pas accepté. Il n’est pas récompensé car son Hadj n’est pas accepté, mais il n’est pas châtié dans l’au-delà par le châtiment concernant les personnes ayant délaissé le Hadj »
Cela s’appuie également sur la parole d’al-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde : « S’il accomplit le Hadj avec de l’argent illicite ou avec une monture volée, il commet un péché, mais le Hadj est valide et il est déchargé de l’obligation selon nous ; c’est l’avis d’Abû Hanîfa, de Mâlik et de al-‘Abdarî ainsi que de la plupart des oulémas »
Un père doit-il financer le Hadj de son fils et vice versa?
Le cheikh Ibn ‘Uthaymîn, qu'Allah lui fasse miséricorde, fut questionné à ce propos et il répondit : « Cela n’est pas une obligation, la capacité est une condition des actes d’adoration et la capacité ne provient pas d’autrui. Aucune des deux parties, le père et le fils, n’est tenue de cela. Cependant, si le père demande à son fils, qui en a les moyens, l’argent nécessaire à l’accomplissement du Hadj, l’acceptation du fils fera partie de la bienfaisance qui a été ordonnée à l’enfant vis-à-vis de ses parents, et cela serait alors, de ce point vue, une obligation »
Bien que la majorité des oulémas aient déclaré que la femme doit obligatoirement être accompagnée par un Mahram pour accomplir le Hadj, les Chaféites sont d’avis qu’il est permis à la femme d’accomplir le Hadj obligatoire en compagnie d’un groupe de femmes de confiance ou lorsque le chemin est sécurisé. Il n’est donc pas permis au mari d’interdire à son épouse d’accomplir le Hadj obligatoire. Ainsi a déclaré le Comité permanent pour la Fatwa et la recherche : « Le Hadj obligatoire doit être accompli si toutes les conditions liées à la capacité sont remplies et la permission du mari ne fait pas partie de ces conditions. Il n'est donc pas permis au mari d'interdire à son épouse de l’accomplir. Au contraire, il lui est demandé de l’aider à accomplir cette obligation. » Néanmoins, cela concerne le Hadj obligatoire, quant au Hadj surérogatoire, le mari a le droit de l'interdire à son épouse s’il le désire comme l’a dit l’imam Ibn Qudâma al-Hanbali : « Cela concerne le Hadj obligatoire. Quant au Hadj surérogatoire, Ibn al-Mundhir a rapporté qu’il y a un consensus sur le fait que le mari a le droit d’interdire à son épouse d’accomplir le Hadj surérogatoire, car remplir les droits de son époux est une obligation pour elle et elle ne peut pas manquer à ce devoir pour une chose qui ne lui est pas obligatoire »
L’autorisation des parents pour accomplir le Hadj obligatoire n’est pas une condition, mais cela l’est pour accomplir un Hadj surérogatoire. L’imam al-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit à ce sujet : « Ils (les parents) ont le droit de lui interdire le Hadj surérogatoire et ils ne commettent pas de péché en agissant ainsi. Par contre, ils n’ont pas le droit de lui interdire le Hadj obligatoire et ils commettraient un péché s'il agissaient ainsi. Et le Hadj accompli par une personne sans la permission de ses parents est dans tous les cas valide, même si la personne commet un péché dans le cas du Hadj surérogatoire »
Il est aussi permis de donner à un pauvre de l’argent de la Zakât afin qu’il accomplisse le Hadj et c’est là l’avis d’Ibn 'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui et de son père, comme cela a été authentifié à son propos : « Le Hadj fait partie des actes accomplis dans le sentier d’Allah ! »
Telle est l’opinion juridique que l’imam Ibn Taymiyya, qu'Allah lui fasse miséricorde, donna à ce sujet en disant : « On donne au pauvre qui n’a pas accompli le Hadj obligatoire de quoi le faire. »