Le neveu du défunt (fils de la sœur) hérite-t-il de son oncle dans le cas d’une succession qui implique trois filles, une épouse et deux hommes parmi les enfants des sœurs ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Les enfants de la sœur – filles ou garçons – ne font pas partie des héritiers parce qu’ils n’ont pas droit à une part d’héritage imposée à titre obligatoire ni par droit d’agnation. En revanche, ils font partie des proches de la famille qui n’ont pas droit à l’héritage sauf s’il n’y a aucun héritier à titre obligatoire ou droit d’agnation, si on prend en compte l’avis des savants permettant aux proches de la famille d’hériter.
Et bien qu’ils ne fassent pas partie des héritiers, il n’y a pas de mal à ce que l’oncle (le frère de la mère) fasse un testament en faveur des enfants de sa sœur à hauteur du tiers de ses biens ou moins que cela, conformément à ce qui a été rapporté de source sûre dans les recueils de Boukhari et Mouslim, et nous reproduisons ici la version de Mouslim, selon Sa’d ibn Abi Waqqâs : « Le Messager d’Allah () se rendit à mon chevet alors que j’étais très souffrant. - Messager d’Allah ! Puis-je faire l’aumône de tous mes biens ? - Non, répondit-il. - Alors de la moitié, Messager d’Allah ? - Non, répéta-t-il. - Alors du tiers, Messager d’Allah ? - Oui vous pouvez donner le tiers, même si le tiers est déjà beaucoup. »
Concernant l’exemple mentionné, si votre objectif est que le défunt a laissé trois filles, une épouse et deux fils de sa sœur, alors l’héritage, après s’être acquitté des droits prioritaires au partage de l’héritage, celui-ci devra être partagé comme suit :
La femme : elle a droit au huitième à titre de Fard, réserve héréditaire, en raison de la présence d’une descendance ayant droit à l’héritage. Allah dit : « Et à vos femmes revient le quart de ce que vous laissez, si vous n’avez pas de progéniture. Dans le cas contraire, elles en recevront le huitième, après exécution du testament et règlement des dettes. » (Coran 4/12).
Les trois filles du défunt ont droit aux deux tiers de l’héritage à titre de Fard. Allah dit : « Voici ce qu’Allah vous prescrit au sujet de vos enfants : au garçon revient la part de deux filles. Si le défunt ne laisse que des filles, deux ou plus, elles se partageront les deux tiers de l’héritage, » (Coran 4/11).
Comme les parts à titre de Fard n'épuisent pas la succession et en l'absence d'héritiers à titre de ‘Asab le processus de Radd (partage supplémentaire de ce qui reste de l'héritage) doit être appliqué ici. Le reste de l’héritage revient par ce processus aux trois sœurs. Nous rappelons que le recours au Radd se fait lorsque les réserves héréditaires Fard n'épuisent pas la succession et en l'absence d'héritiers à titre de ‘Asab, le reste est partagé entre les héritiers à titre de Fard autres que les conjoints proportionnellement à leur part respective. Après avoir distribué les parts de l’épouse du défunt et de ses filles, le reste revient de droit aux filles et non à la femme, parce que rien ne peut être redistribué aux époux une fois qu’ils ont reçu leur part d’héritage, ce point est l’objet d’un consensus.
Ibn Al-Qattân Al-Fâsî a dit dans le livre Al-Iqnâ’ Fî Masâ’il Al-Ijmâ’ : « Les savants sont unanimes pour affirmer que rien de l’héritage ne peut être redistribué au mari ou à la femme (après qu’ils aient reçu leur part d’héritage), il y a tout de même une exception qui a été rapportée de Uthman (qu’Allah soit satisfait de lui) à ce sujet, mais qui n’est pas authentique. » Fin de citation.
Les enfants de la sœur du défunt n’héritent rien comme nous l’avons dit. En conséquence, l’héritage devra être réparti en 24 parts : L’épouse en perçoit 1/8 soit 3 parts et les trois sœurs en perçoivent 21 parts (deux tiers à titre de Fard (16 parts) et les cinq parts restantes par le recours au Radd) soit 7 parts pour chacune.
Ensuite, nous attirons l’attention du frère qui nous pose cette question sur le fait que la question de l’héritage est très importante et épineuse au plus haut point. Aussi, il n’est pas possible de procéder à la répartition de l’héritage ainsi et se contenter de cette Fatwa délivrée en fonction d’une question posée. Il faut ramener votre cas à un tribunal religieux de façon à s’assurer que tous les héritiers légaux ont bien été pris en ligne de compte puisqu’il est possible qu’on ne prenne connaissance de l’existence de l’un d’entre eux qu’après avoir effectué des recherches. Il est aussi possible que le défunt ait laissé un testament, des dettes ou d’autres droits que les héritiers ignorent. Et il est bien connu que tout cela est prioritaire par rapport aux droits des héritiers. Dans ce cas, il ne convient pas de procéder au partage de l’héritage sans avoir consulté un tribunal religieux s’il en existe un. Et ce, de façon à réaliser les intérêts des vivants et des morts.
Et Allah sait mieux.
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