Qui est considéré comme étant voisin de la mosquée ? Pouvez-vous développer cette question ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le voisin de la mosquée est celui qui entend l’appel à la prière. Certains savants affirment que le voisinage dont il est question dans le hadith revient à ce qui est communément admis selon les usages.
Dans son livre Fath Al-Bârî, Ibn Rajab a dit : « Abu Hayyân Al-Taymî rapporte de son père que Ali a dit : « Le voisin de la mosquée n’a pas de récompense complète de la prière sauf s’il l’accomplit à la mosquée. » Et qui est le voisin de la mosquée ô commandeur des croyants ? Il dit : « Celui qui entend l’appel à la prière. » Fin de citation.
Dans son livre Al-Tanwîr, Sharh Al-Jâmi’ Al-Saghîr, Al-San’ânî a dit : « Le voisin de la mosquée est ce qui est considéré comme tel selon les usages. Dans le hadith de Ali, qu’Allah soit satisfait de lui, il s’agit de qui entend l’appel à la prière. Pour l’imam Ahmad, ce hadith signifie que la prière de qui est voisin de la mosquée n’est pas valide s’il ne l’accomplit pas à la mosquée. Mais cet avis a été réfuté par d’autres hadiths qui impliquent que la prière du voisin de la mosquée accomplie chez lui est valide. Par exemple, le hadith : «La prière d’un fidèle accomplie en groupe a plus de mérite que celle qu’il accomplit chez lui ou au marché… » Ce qui est voulu de ce hadith, est que le fidèle voisin de la mosquée n’obtient pas la récompense complète de sa prière s’il ne l’accomplit pas à la mosquée. Le sens apparent du hadith laisse entendre qu’il s’agit de sa mosquée, celle de laquelle il est voisin. » Fin de citation.
Avec ceci, il faut attirer l’attention sur le fait que le hadith « La prière de celui qui est voisin de la mosquée [et prie chez lui] est nulle. » est faible. Al-Dârqutnî l’a rapporté de Abu Horayra, qu’Allah soit satisfait de lui.
Al-Bayhaqî l’a rapporté de Ali qui l’attribue au Prophète (). Mais les savants du hadith le jugent faible. Certains sont d’avis que ce hadith a d’autres explications. Le sens du mot ‘’mosquée’’ doit être compris comme étant accomplie en groupe et non pas à la mosquée en soi, puisque la prière est valide si elle est accomplie à l’extérieur de la mosquée. Certains savants affirment que le sens voulu est : la récompense complète et le mérite.
Ibn Qudâma dit à ce sujet : « … Nous ne connaissons pas ce hadith si ce n’est des propos de Ali lui-même. Il a été rapporté par Said dans ses Sunans. Il semble que le sens voulu est qu’il doit l’accomplir en groupe, mais qu’il a employé le mot ‘’mosquée’’ parce que c’est là-bas que se tient la prière en groupe. Le sens serait donc : « Le voisin de la mosquée n’a pas de récompense complète de la prière sauf s’il l’accomplit en groupe. » Mais d’autres savants disent qu’il s’agit de la récompense complète et du mérite. En effet, d’autres textes authentiques prouvent qu’une prière accomplie en dehors d’une mosquée est valide et que cela est permis. » (Al-Mughnî 4/2).
Il faut savoir que la prière en commun est une obligation individuelle pour quiconque entend l’appel à la prière et est capable de s’y rendre. Ceci, selon l’avis le plus juste de ceux émis par les savants.
Les savants qui sont d’avis que la prière en commun est obligatoire ont eux aussi divergé pour déterminer si elle devait être accomplie à la mosquée ou non.
Dans son livre Al-Salât Wa Hukm Tarikihâ, Ibn Al-Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Le fidèle peut-il accomplir la prière en groupe ou doit-il la faire à la mosquée ? Cette question est l’objet de deux avis émis par les savants, qui sont d’ailleurs tous les deux rapportés de l’imam Ahmad. L’un de ces avis soutient que le fidèle peut la faire à la maison. Cet avis est aussi soutenu par les savants des écoles Hanafite, Malikite et c’est un de ceux soutenus par les shâfi’ites. Le deuxième avis : il n’a pas le droit de la faire à la maison sauf s’il a une excuse. Mais il y a aussi un troisième avis : la faire à la mosquée est une obligation solidaire qui incombe au moins à une partie de la communauté. C’est le deuxième avis émis par les savants shafi’ites… avis fondé sur les hadiths précédemment cités indiquant qu’il est obligatoire de l’accomplir en groupe. Ces hadiths sont explicites pour indiquer qu’il faut aller à la mosquée. Dans le Musnad de l’imam Ahmad, selon Ibn Umm Maktûm, le Prophète () est arrivé à la mosquée et a vu que les fidèles étaient peu nombreux. Il dit alors : « Je songe à désigner un imam pour diriger la prière et me rendre chez ceux qui restent chez eux pour brûler leurs maisons. » Dans la version de Abu Daoud : « Puis, je me dirige vers des gens qui priaient chez eux alors qu’ils n’étaient pas malades pour brûler leurs maisons. » Et Ibn Maktûm lui dit, alors qu’il était aveugle : « Est-ce que tu me trouves une excuse et m’autorises à prier chez moi ? » Il lui dit : « Je ne te trouve aucune excuse. »
Ibn Mas’ûd a dit : « Si jamais vous priez dans vos maisons comme le fait cet individu qui a manqué à l’appel, alors vous avez délaissé la tradition (Sunna) de votre Prophète, et si vous la délaissez, alors vous tomberez dans l’égarement ... »
Ibn Al-Qayyim conclut en disant : « Celui qui médite réellement la Sunna se rendra compte que la prière à la mosquée est une obligation individuelle sauf si le fidèle a une excuse qui lui permettrait de ne pas prier la prière du vendredi ou la prière en groupe. Délaisser l’accomplissement de la prière à la mosquée sans excuse c’est comme délaisser la prière en groupe sans excuse. C’est ainsi qu’il est possible de concilier tous les hadiths et les citations des premiers musulmans. » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.
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