As-salam aleykum
J’ai une fille de 17 ans qui est déficiente intellectuelle. Son âge mental est évalué à 9 ans par plusieurs médecins et spécialistes. Concernant les obligations religieuses telles que la prière, le jeûne du mois de Ramadan et le port du hijab, dois-je la forcer à les observer?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il est bien connu que la personne démente ou ayant une déficience mentale n’est pas concernée par les dispositions religieuses telles que la prière ou le jeûne. Nous ne pouvons toutefois pas déterminer avec précision si votre fille est démente ou déficiente mentale d’après ce que vous nous avez mentionné dans votre question, et donc juger si elle est concernée par les dispositions religieuses ou pas. Tout ce que nous pouvons faire, c’est vous expliquer la frontière qu’il y a entre une personne responsable de ses actes et une autre qui ne l’est pas, afin que vous puissiez juger par vous-même si cela s’applique à votre fille ou pas.
Il semble – d’après ce que vous avez mentionné – que votre fille soit déficiente mentale et non démente, car son âge mental est celui d’un enfant qui ne peut discerner les choses, et cela n’est pas en adéquation avec son âge réel. Votre fille a par conséquent des comportements que les gens pubères n’ont généralement pas et c’est là une caractéristique des gens qui ont une déficience mentale. La déficience mentale est une forme de démence. La personne déficiente mentale est décrite par les oulémas comme une personne qui a une capacité de compréhension limitée, qui a du mal à s’exprimer et qui ne prend pas des décisions appropriées. Le professeur ‘Abd Al-Qâdir ‘Awda a dit : « La déficience mentale : les oulémas définissent la personne déficiente mentale comme étant celle qui a une capacité réduite de compréhension, qui a du mal à s’exprimer et qui ne prend pas des décisions appropriées, et cela, qu’elle soit née ainsi ou qu’elle le soit devenue suite à une maladie. On déduit de cette définition que la déficience mentale est le plus bas degré de la folie. On peut aussi dire que la folie conduit à la perte ou la perturbation de la raison alors que la déficience mentale conduit à une réduction, à des degrés divers, de sa capacité de raisonnement. Cependant, la capacité de compréhension d’une personne déficiente mentalement ne peut dans tous les cas parvenir à la capacité d’une personne normale. La plupart des oulémas admettent que la déficience mentale est une sorte de folie et que la capacité de discernement de la personne atteinte de déficience mentale varie sans toutefois aller en deçà de celle du jeune enfant doué d’une capacité de discernement. » (Al-Tachrî’ al-Djinâ’î)
La personne déficiente mentale n’est pas responsable de ses actes selon la parole du Prophète () : « Trois personnes ne sont pas responsables de leurs actes : l’homme endormi jusqu’à ce qu’il se réveille, l’enfant jusqu’à ce qu’il devienne pubère et le dément jusqu’à ce qu’il recouvre la raison. » [al-Tirmidhî (al-Albânî : sahîh)]
Or, la personne déficiente mentale est tel l’enfant doué de discernement, mais pas encore pubère. Le cheikh ibn ‘Uthaymîn, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « La personne qui n’a pas toute sa raison n’a pas d’obligation religieuse. C’est pourquoi le dément, le jeune enfant qui n’est pas capable de discerner les choses ainsi que celui qui l’est sans avoir encore atteint la puberté n’ont pas d’obligation religieuse. Il s’agit là d’une grâce d’Allah. On peut aussi citer parmi ces gens, la personne qui est déficiente mentale sans être toutefois atteinte de folie… »
Examinez donc ce que nous venons de dire concernant la limite de la déficience mentale puis regardez si cela s’applique à votre fille ou pas. Si cela s’applique à elle, elle n’est alors pas concernée par les dispositions religieuses. Dans le cas contraire, elle l’est étant donné qu’elle a atteint l’âge de la puberté. Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de la guérir.
Enfin, concernant la question de savoir si elle doit porter le hidjab ou pas, si elle est religieusement responsable, elle doit certes le porter et il lui est directement demandé de le faire ; mais si elle n’est pas responsable de ses actes, son tuteur doit le lui imposer lorsqu’elle sort afin de couvrir ses parties intimes et de protéger la société de la tentation qu’elle pourrait provoquer. En effet, il n’y a aucun lien entre l’obligation pour la femme de se couvrir les parties intimes et de porter le hidjab et le fait d’être responsable de ses actes. C’est pourquoi les oulémas dirent à propos du hidjab dans le cas d’une jeune fille qui peut être désirée bien qu’elle ne soit pas encore religieusement responsable : « Le père doit interdire à sa jeune fille de sortir dévoilée si elle peut susciter le désir des autres, car il est interdit de la toucher et de la regarder dans une telle situation par crainte d’être tenté. » Ils dirent aussi : « Les oulémas mentionnèrent que le tuteur du dément (et de la démente) a l’obligation de gérer ses affaires et de prendre soin de lui selon ses intérêts en dépensant de son argent de manière convenable pour subvenir à tous ses besoins, en prenant soin de sa santé, en l’empêchant de nuire à autrui et d’être touché par la nuisance d’autrui, pour le préserver et préserver la société de sa nuisance. » (L’encyclopédie jurisprudentielle)
Et Allah sait mieux.
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