Assalam alykum,
Nous sommes des parents ayant fait don d'un terrain à notre fils aîné sans rien donner à nos quatre autres enfants, nous voulons annuler cette donation pour être équitables envers les autres enfants et envers Dieu et nous voulons une fatwa pour justifier notre demande auprès du tribunal.
Merci pour l'intérêt et la célérité que vous donneriez pour traiter notre question.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Il n’est pas permis au père de favoriser certains enfants au détriment des autres dans ses dons et ses cadeaux selon l’avis prépondérant des jurisconsultes en raison de la parole du Prophète () : « Craignez Allah et soyez équitables envers vos enfants. » Et dans une variante, il a dit : « Je ne témoigne pas d’une injustice. » (Mouslim) al-Nu’mân a dit : « Mon père retourna et récupéra son don. »
Al-Nu’mân ibn Bachîr () a dit : « Mon père m’emmena chez le Messager d’Allah () et dit : ‘J’ai fait don d’un esclave à mon fils que voici’. Le Prophète () lui dit alors : ‘As-tu fait un don pareil à chacun de tes enfants ?’ ‘ Non’, répondit-il. Le Prophète () lui dit alors : ‘Reprends ton don. » (Mouslim)
Les savants ont eu deux avis à propos de la personne qui favorise certains de ses enfants au détriment des autres, et sur le fait de savoir si cet agissement (ce don) est valable ou nul.
Le premier avis est que cet agissement est nul est c’est l’avis des Hanbalites. Al-Khiraqî a dit : « Si l’homme favorise certains de ses enfants en matière de don, alors on lui ordonne de récupérer son don ». Ceci est également l’avis des Zâhirites et leur argument est le sens apparent des textes que nous avons cités précédemment.
Le second avis est que cet agissement est valable et c’est l’avis de la majorité des savants parmi les Hanafites, les Malikites et le Chaféites. Ils ont argumenté en disant qu’Abû Bakr () fit don d’une partie d’une palmeraie produisant 20 Wasqs (1 Wasq équivalent à environ 122,4 kilogrammes) à sa fille ‘Aïcha sans faire de même pour ses autres enfants. (Al-Bayhaqî) Ils ont également pris pour argument la parole du Prophète () dans le hadith rapporté par al-Nu’mân ibn Bachîr : « Prends un autre que moi à témoin. » Il lui a donc ordonné de confirmer ce don sans l’annuler.
Le premier avis est prépondérant car le Prophète () a nommé cela « injustice » et ce qui est injuste est nul et n’est pas permis. Nous privilégions cet avis également en raison du fait qu’il lui a ordonné de le reprendre. Le fait de le reprendre signifie clairement que cette donation est annulée comme l’a dit le Prophète () : « Quiconque accomplit un acte d'adoration non conforme à notre religion, verra cet acte rejeté par Allah. »(Mouslim) C'est-à-dire rejeté et annulé.
Sa parole : « Prends un autre que moi à témoin » n’est pas une permission de prendre des témoins mais c’est une réprimande car le Prophète () a nommé cette donation « injustice » et il a refusé d’être témoin dans celle-ci. Il n’est donc pas possible, pour quelque raison que ce soit, qu’un musulman soit témoin de cela. Quant à ce qu’a fait Abû Bakr, cela ne contredit pas la parole du Prophète () et il se peut qu’il ait donné à ses enfants un don qui soit équivalent à cela.
De plus cela engendre l’irrespect envers les parents, ce qui fait partie des plus grands péchés et est interdit. Or ce qui conduit à un interdit est interdit. Toute cette argumentation est claire et probante, et donner la prépondérance à l’interdiction est évident. Il est donc obligatoire de récupérer ce don ou de donner la même chose aux autres enfants.
Nous attirons votre attention sur le fait que certains savants ont permis de favoriser certains enfants sur d’autre pour une nécessité comme l’existence d’une tare ou autres. Ibn Qudâma a dit : « Si l’on donne quelque chose à un enfant en particulier pour une raison qui l’exige comme un besoin, une impotence, une cécité, une famille nombreuse, ou parce qu’il fait des études etc., parmi les choses vertueuses... alors il a été rapporté de Ahmad un avis qui indique la permission de faire cela » (Al-Mughnî)
Et Allah sait mieux.
Vous pouvez rechercher une fatwa à travers de nombreux choix