Le mois de Cha’bân … une purification des cœurs et des actes
Quand débutait le mois de Cha’bân, les compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) constataient que le Prophète () jeûnait durant ce mois plus qu’il ne jeûnait durant les autres. Ils lui ont donc demandé la raison pour laquelle il jeûnait clairement davantage durant ce mois en particulier et s’adonner à cette adoration éducative au point où il jeûnait ce mois presque entièrement. L’imam Ahmad et Al-Nassâ’î rapportent d’Usâma ibn Zayd qu’il a dit au Prophète () : « Je ne t’ai jamais vu jeûner durant un mois comme tu le fais durant le mois de Cha’bân ? Il dit : « C’est un mois au sujet duquel les gens sont distraits, il se trouve entre les mois de Rajab et de Ramadan. C’est un mois durant lequel les œuvres sont élevées auprès du Seigneur de la création et j’aime que, lorsque mes œuvres sont élevées, être en état de jeûne. » Al-Albânî le juge bon.
Les gens sont distraits
Le Prophète () nous a informé que la raison pour laquelle il jeûnait beaucoup durant le mois de Cha’bân est que les gens sont distraits durant ce mois qui se trouve entre le mois sacré de Rajab et le mois béni de Ramadan. Il aimait faire partie de ceux qui adorent son Seigneur dans une période où les gens sont distraits. Ceci parce qu’adorer Allah dans les périodes où les gens sont distraits est un acte qui se distinguent de plusieurs points de vue. C’est le chemin de l’élite des hommes, c’est un signe que l’on est éveillé, c’est une preuve de la vie du cœur et qu’on est attaché à Allah et non aux hommes.
De plus, adorer Allah en ces temps est plus difficiles pour les âmes puisque rares sont ceux qui s’y adonnent et qu’on pourrait prendre pour modèle dans le bien. Les gens distraits sont nombreux et c’est comme si les péchés étaient plus acceptables, plus faciles à commettre et avec moins d’entraves pour les gens. En revanche, durant ces périodes, accomplir des actes d’obéissance est plus pesant et il est plus difficile aux âmes de les accomplir puisque ceux qui les font paraissent étranges au sein des gens. D’ailleurs le Prophète () a dit : « L’Islam a débuté comme une religion étrange et elle le redeviendra comme elle le fut au début. Bienheureux seront les gens étranges. » La description de ces gens a été faite dans une autre version du hadith : « Ceux qui pratiquent la vertu quand les gens sont corrompus. » Et dans une autre version : « Des gens vertueux et peu nombreux au sein de gens mauvais et nombreux. Ceux qui leur désobéiront seront plus nombreux que ceux qui leur obéiront. »
S’adonner à l’adoration d’Allah durant les temps où les gens sont distraits incite davantage à être sincère envers Allah et nous éloigne d’autant plus de l’ostentation parce que les gens distraits ne les remarquent pas. Ils sont plongés dans leur insouciance et ne prête pas attention à ceux qui obéissent à Allah ou à d’autres. Et il est bien connu que plus un acte est dissimulé et accompli loin des yeux des gens plus il est aimé d’Allah et enclin à être fait avec sincérité. Le mérite d’un acte accompli dans le secret sur un autre accompli en public est de la même nature que le mérite d’une aumône donnée discrètement sur celle donnée aux yeux de tous. Et dans le hadith des sept hommes qui bénéficieront de l’ombre d’Allah le jour où il n’y aura d’autre ombre que la Sienne : « l’homme qui fait l’aumône si discrètement que sa main gauche ne sait pas ce que donne sa main droite. Et enfin l’homme qui, loin des regards, fond en larmes en se souvenant d’Allah. »
Aussi, adorer Allah durant ces périodes est un moyen de repousser les épreuves. Allah épargne des conséquences des actes des pécheurs par les actes de ceux qui lui obéissent. De même, il épargne des conséquences des actes des gens distraits par ceux des gens éveillés. Ainsi, il empêche que se produise une épreuve qui engloberait tout le monde. Un prédécesseur a dit : « L’homme qui se souvient d’Allah au sein de gens distraits est à l’image du soldat qui protège l’armée en déroute. S’il n’y avait personne pour se souvenir d’Allah quand les gens sont distraits, tous périraient. »
La présentation des œuvres :
Durant le mois de Cha’bân les œuvres sont élevées auprès d’Allah. Ils le sont chaque année à cette période mais ils le sont aussi chaque semaine le lundi et le jeudi. Le Prophète () souhaitait à ce moment faire partie de ceux qui sont en train d’obéir à Allah.
C’est aussi une invitation du Prophète () à l’adresse de sa communauté afin de parfaire leurs œuvres durant ce mois … Et si durant ce mois nos œuvres sont élevées auprès d’Allah alors nous devons :
- Multiplier nos adorations et actes d’obéissance … délaisser les péchés et les fautes de façon à ce que seules les actes qu’Allah aime soient élevés auprès de Lui.
- Accomplir nos actes avec la plus grande sincérité, les parfaire et les purifier de tout ce qui pourrait les affecter et empêcher qu’ils soient acceptés. En effet, celui qui les scrute à une vue bien affûtée.
- Accomplir nos actes d’adoration avec constance. Il se peut qu’Allah voie de nous ce qu’Il aime, accepte nos œuvres et pardonne nos écarts.
- Invoquer abondamment Allah, se soumettre à Lui afin qu’Il accepte ce que nous faisons et nous pardonne.
La présentation des cœurs :
Si les œuvres sont présentées à Allah durant le mois de Cha’bân, ce mois a une autre particularité et un autre mérite qu’Allah Lui a accordé spécifiquement. Les cœurs des hommes sont présentés à leur Seigneur durant la nuit de la moitié du mois de Cha’bân. Il donne de Sa grâce à tout cœur monothéiste et pur de tout polythéisme, et à tout cœur pur et exempt d’animosité, de rancœur et de rancune et plein d’indulgence et de pardon. L’imam Al-Tabrânî, Ibn Hibbân ainsi que d’autres savants rapportent de Mu’âdh ibn Jabal (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Prophète () a dit : « La nuit de la mi-Cha’bân, Allah se penche sur Ses serviteurs et leur pardonne à tous sauf au polythéiste ou qui a gardé de la rancœur contre son prochain. » Jugé bon par Al-Albânî.
Et dans une version selon Abou Tha’laba Al-Khashanî : « La nuit de la mi-Cha’bân, Allah se penche sur Ses serviteurs. Il pardonne aux croyants et laisse un délai aux mécréants. Et il laisse les gens qui ont gardé de la rancœur contre leur prochain jusqu’à ce qu’il la délaisse. » Jugé bon par Al-Albânî dans Sahih Al-Jâmi’.
Le Prophète () a donc lié le pardon divin à la pureté du cœur, qu’il soit exempt de tout polythéisme et de ses aspects, qu’il ne soit pas attaché à une autre divinité, à personne d’autre que son Créateur et Pourvoyeur. Et aussi que ce cœur soit exempt de toute rancœur, purifié de toute bassesse, débarrasser de toute rupture de parenté, protégé contre toutes les formes d’animosité et de haine.
C’est une invitation à unifier Allah et se tenir à l’écart du polythéisme car le polythéisme est le plus grave des péchés, le plus vilain des défauts, Allah n’accepte aucun acte obligatoire ou surérogatoire de qui en est coupable :
« Quiconque associe d’autres divinités à Allah se verra privé du Paradis et n’aura d’autre refuge que l’Enfer. Nul ne saurait sauver les impies. » (Coran 5/72).
C’est une invitation à nettoyer et purifier le cœur de toute haine, rancœur, jalousie, rancune et animosité. La rancune est un mal enfoui, une charge pesante, il fatigue celui qui le porte. Ce qui l’attriste, affecte ses pensées, préoccupe son esprit. Il est peiné et angoissé et n’est pas serein jusqu’à ce qu’il cause du tort à celui contre qui il éprouve cette rancune pour se sentir soulagé.
C’est aussi une invitation à l’amour et à la concorde, à s’apprécier et avoir de l’affection pour son prochain. La communauté a besoin que les âmes soient pures, que les cœurs soient propres, les consciences embellies, les fors intérieurs purifiés plus qu’ils n’ont besoin d’adorations inventées qui ne sont utiles à leurs auteurs ni en grande ni en petite quantité.
C’est une invitation à l’unité des rangs, à la réconciliation, à rejeter toute rancune et rancœur pour que les cœurs redeviennent blancs, purs, comme les cœurs des habitants du Paradis :
« Nous aurons retiré de leurs cœurs toute trace de haine si bien qu’ils s’aimeront comme des frères, se faisant face sur des lits somptueux. » (Coran 15/47).
Remarque excellente :
Les savants considèrent que la raison pour laquelle le Prophète () jeûnait beaucoup durant le mois de Cha’bân était entre autre pour se préparer au mois de Ramadan de façon à ce que les âmes s’y habituent et s’y entrainent, goûtent à la saveur du jeûne. Ils peuvent ainsi débuter Ramadan avec force et dynamisme. Cha’bân étant comme une introduction au mois de Ramadan. C’est la raison pour laquelle les savants considèrent qu’il est recommandé d’accomplir durant ce mois les mêmes actes qui sont recommandés durant le Ramadan : lire le Coran, donner beaucoup d’aumônes, accomplir des prières surérogatoires et s’habituer à évoquer le Seigneur de la terre et des cieux.
Ainsi en est-il des gens couronnés de réussite. Ils voient cette invitation à purifier leurs cœurs d’un autre œil, pas moins important que le premier. C’est-à-dire qu’on aborde Ramadan et donc on a besoin d’un cœur nouveau, prêt à adorer le Seigneur et Lui obéir. Un cœur qui n’est pas disposé à recevoir des bassesses comme de l’animosité ou de la rancœur. De tels cœurs malades ne tirent aucun profit du mois de Ramadan en règle générale. En tire profit un cœur qui ne ressent envers les musulmans aucune volonté de les tromper, d’être rancunier ou de les jalouser pour un bienfait qu’Allah leurs a donné. Ce genre de cœur vertueux sont ceux qu’Allah a permis de Lui vouer le culte, de L’adorer et d’être affranchi de l’Enfer.
Ô Allah, purifie nos cœurs de toutes maladies. Purifie nos âmes de toute impureté. Permets-nous d’atteindre le mois de Ramadan dans un état qui Te satisfait … Amîn