Layth ibn Sa`d a rapporté d'après Qays ibn al-Hadjâdj d'après Hanach al-San`âni qu'Ibn ‘Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : «J’étais assis en croupe derrière le Messager d’Allah () lorsqu’il me dit :
«Ô jeune homme, je vais t’enseigner quelques préceptes : observe les commandements d’Allah et Il te protégera. Observe les commandements d'Allah et tu Le trouveras devant toi. Si tu demandes quelque chose, demande-le à Allah. Si tu implores assistance, implore l'assistance d’Allah et sache que si la communauté tout entière s'unissait pour te procurer un bienfait, elle ne te ferait profiter que du bienfait qu’Allah a décrété pour toi, et que si elle s'unissait pour te nuire, elle ne te ferait que le mal qu’Allah a décrété pour toi. Les calames ont été levés et l’encre des feuilles a séché’» (Al-Tirmidhi)
Ce Hadîth dans les recueils de Sunna :
Ce Hadîth a été narré par al-Tirmidhi dans ses Sunanes, le jugeant hassan sahîh. Le narrateur est l'éminent Compagnon `Abd Allah ibn `Abbâs, le cousin du Prophète () en faveur de qui le Prophète () a invoqué Allah, exalté soit-Il, d'approfondir ses connaissances religieuses et de lui apprendre l'interprétation du Coran. Il a mérité d'être surnommé l’érudit et exégète du Coran. La lucidité d'Ibn `Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, n'est pas apparue soudainement à l'âge adulte, mais c'était une marque de génie l'accompagnant dès son enfance jusqu'à sa vieillesse. Le Prophète () a vu les signes de sa sagacité et de son génie, ainsi que son souci de l’accompagner. Ibn `Abbâs n'a épargné aucun effort, dès son enfance, pour saisir les occasions de gagner l'honneur de se rapprocher du Prophète (). Face à ce souci d’études des sciences religieuses, le Prophète () a veillé à lui offrir un traitement de faveur qu’il n’accordait qu'aux étudiants en sciences religieuses les plus perspicaces.
Ce Hadîth illustre l’un de ces traitements de faveur lorsque le Prophète () a permis à Ibn `Abbâs de monter en croupe derrière lui, ce qui révèle aussi bien l’estime dans laquelle le Prophète tenait Ibn `Abbâs que la modestie du Prophète () et sa vie semblable à celle des gens ordinaires : il mangeait, buvait, satisfaisait ses besoins et enfourchait sa monture seul ou permettait aux gens de monter en croupe derrière lui.
Explication du Hadith:
Le Prophète () a dit : «Ô jeune homme, je vais t’enseigner quelques préceptes». Il ne laissait passer aucune occasion de tirer profit des bienfaits de l’enseignement et enfourchait sa monture aussi longtemps que nécessaire pour servir ce but. Ainsi, le Prophète () a donc estimé qu'il était plus utile pour ce jeune homme d'apprendre, durant ce temps disponible, des leçons qui lui seraient bénéfiques dans le bas monde et dans l'au-delà, des leçons constituant des règles fondamentales de la religion et des piliers du credo. Le Prophète () a tenu à être concis et à présenter au jeune homme des conseils précis afin de disposer son esprit à accueillir ce qu’il allait lui dire.
En lui disant : «Ô jeune homme, je vais t’enseigner quelques préceptes», le Prophète () aidait à préparer l'esprit de son interlocuteur. Cette introduction a été également citée dans une variante rapportée par al-Bayhaqui, sous forme de question: «Ô jeune homme, ou ô fils ! Veux-tu que je t'enseigne des préceptes qui te seront profitables?». Cette question est un facteur motivant dans le processus éducatif, en plus de la curiosité et de la soif de connaître qu'elle suscite dans l'esprit. Le Prophète () veillait, probablement, à transmettre à Ibn `Abbâs au cours de ces moments de formation, de nombreux préceptes dont le plus important était l'exploitation de son temps dans ce qui lui est utile.
«Observe les commandements d’Allah, et Il te protégera. Observe les commandements d'Allah, et tu Le trouveras devant toi» : tels sont les premiers préceptes que le Prophète () voulait enseigner à Ibn `Abbâs. Selon ce précepte, le serviteur doit respecter ce qu'Allah, exalté soit-Il, lui a ordonné de respecter pour jouir de la protection divine car la rétribution est de même nature que l'œuvre accomplie. Pour mieux comprendre le sens de cette protection, il est important de se référer aux versets coraniques en la matière. Le Coran a signalé la conformité aux prescriptions du Livre d’Allah et de Sa Charia, comme étant une responsabilité à la charge des générations et des nations successives, chacune selon le Livre qu’elle a reçu. Allah, le Très Haut, dit (sens des versets):
• «En tant que gardiens et témoins de cette Écriture» (Coran 5/44)
• «Et observent les commandements d'Allah» (Coran 9/112)
Le Coran a aussi ordonné de protéger les membres du corps de toute transgression susceptible d'entraîner le courroux divin. Allah, le Très Haut, dit (sens des versets):
• «… ceux et celles qui sont chastes … » (Coran 33/35)
• «… qui s’abstiennent de tout rapport charnel … » (Coran 23/5)
• « … ceux qui veillent à maintenir les liens qu’Allah a ordonné de maintenir … » (Coran 13/21)
De même, le Coran a signalé l’importance du respect des engagements, des pactes et des serments et a mis en garde contre le non-respect de ces choses. Allah, le Très Haut, dit (sens du verset) : «Soyez donc fidèles à vos serments !» (Coran 5/89). Dans ce contexte, le Coran a cité la ponctualité dans l'accomplissement des Salâhs et de la Salâh médiane en particulier (sens du verset) : «Soyez assidus aux prières, notamment à la prière médiane !» (Coran 2/238).
De ce qui précède, il se révèle que l'expression : «Observe les commandements d’Allah» signifie : «Respecte ce qu'Allah, exalté soit-Il, a prescrit concernant les sujets cités précédemment dans le Coran». Si le serviteur d'Allah se conforme à ses devoirs en la matière, Allah, le Très Haut, le récompensera au décuple en sauvegardant sa religion, sa raison, son cœur, sa santé, sa sécurité et sa stabilité dans cette vie et dans l’autre, lui accordera une issue défavorable et lui dispensera des biens d’une manière à laquelle il ne s’attendait pas. Si le serviteur implore son Seigneur, Allah l'exaucera; s'il cherche refuge auprès d'Allah, Il le protègera. S'il demande quelque chose, qu'il le demande donc à Allah. S'il implore assistance, qu'il implore donc l'assistance d’Allah. Le Prophète () enseignait le monothéisme à Ibn `Abbâs de manière pratique en lui apprenant que les monothéistes n'implorent aucune divinité en dehors d'Allah en raison de leur conscience que seul Allah est capable de réaliser ce qu'ils cherchent, et que personne d'autre n'en est capable. Allah est le seul à répondre à celui qui L'invoque et à accorder Son aide à celui qui demande du secours.
«Sache que si la communauté tout entière s'unissait pour te procurer un bienfait, elle ne te ferait profiter que du bienfait qu’Allah a décrété pour toi, et que si elle s'unissait pour te nuire, elle ne te ferait que le mal qu’Allah a décrété pour toi» : cette phrase est la synthèse de la leçon de monothéisme précédente affirmant la nécessité de n'implorer qu'Allah, exalté soit-Il, et de ne chercher que Son aide, car c'est Lui uniquement qui est Capable de toute chose, Qui peut faire parvenir un profit à un serviteur, ou lui nuire. Personne n'est capable d'empêcher la nuisance qu'Allah a prescrite, qui est prédestinée de toute éternité et qui aura lieu sous la forme qu'Allah, exalté soit-Il, veut. Si un certain profit se réalise par le biais d'un humain, ou une nuisance par l'intermédiaire d'un homme, sachez qu'Allah, exalté soit-Il, a voulu faire parvenir ce bien ou ce mal au moyen de Ses serviteurs qui ne sont que des intermédiaires permettant de réaliser les destins prescrits par leur véritable Auteur, Allah, exalté soit-Il.
«Les calames ont été levés et l’encre des feuilles a séché» : cette conclusion fait allusion à la pérennité des règles précédentes. L'expression peut être également employée dans le sens propre signifiant ainsi que la plume des destins a inscrit cela depuis l'éternité dans les registres des décrets, et l'encre des plumes a séché sous la forme qu'Allah a prescrite, et s’est fixée dans le monde de l'invisible, tout en étant une réalité dans le monde visible de la façon décrétée par Allah, Al-`Alîm (l’Omniscient), Al-Khabîr (le Parfait Connaisseur)
Allah est le garant du succès, c'est Lui Qui nous aide et nous nous en remettons à Lui.