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Les actes de bienfaisance au temps des Compagnons (III)

Les actes de bienfaisance au temps des Compagnons (III)

Le modèle d’Ibn ‘Umar et ses exploits dans les œuvres de bienfaisance

Abu Nu’aim a rapporté dans « al Hiliya » d’après Nafi’ qu’«Ibn Omar avait l’habitude de faire offrande à son Seigneur le Tout-Puissant d’une partie de tout bien lui appartenant et qui suscite son admiration. Nafi’ raconte : « ses serviteurs s’étant rendus compte de son cas il n’était pas rare de voir l’un d’eux fréquenter assidument la mosquée afin d’attirer l’attention de son maitre qui, quand il le voit ainsi, le fait affranchir. Lorsque ses compagnons lui firent remarquer que ce zèle de la part de ses serviteurs n’est qu’un moyen qu’ils usent pour le tromper il répondit que «celui qui cherche à nous trahir en se référant à Allah et à Son Prophète () nous le laissons faire».

Nafi’ raconte : une nuit on a vu Ibn ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) monter sur un chameau remarquablement robuste et ramassé qu’il avait acheté avec une somme colossale mais dès qu’il sentit de l’admiration pour sa façon de marcher il le fit immédiatement arrêter, en descendit et, s’adressant à Nafi’, dit : enlève sa bride et sa selle et prépare le pour faire partie des animaux à abattre et à présenter, lors du pèlerinage, en offrande à la Ka’ba.
Abu Nu’aim a rapporté : «Il arrive à Ibn ‘Umar de distribuer trente mille dirhams en charité dans une seule réunion». Ayant, à deux reprises, reçu de la part d’Ibn Amir trente mille, il s’adressa à Nafi’ en lui disant : « j'ai peur de tomber dans la tentation à cause des dirhams d’Ibn Amir. Maintenant tu peux disposer, tu es libre».

Abu Nu’aim a rapporté aussi d’après Sa'd ibn Abu Hilal qu’Abdullah ibn ‘Umar (qu'Allah soit satisfait de lui) est descendu dans la Juhfa alors qu’il est tenaillé par la faim. Il dit aux siens : « j’ai envie de manger du poisson ». Ils cherchèrent partout et ne trouvèrent qu’un seul. Son épouse Safia bint Abu ‘Ubeid le prit, le prépara et le lui présenta. Sur ces entrefaites arrive un mendiant qui se mit debout juste devant lui. Alors Ibn 'Umar lui dit: « Prends-le ». Les siens dirent : « Glorieux à Allah! Tu nous as fatigués et pourtant nous avions une autre nourriture que nous pouvions lui donner »! Il répondit : « c’est un mets que j’aime et je tiens à donner ce que j’aime».

Et il a rapporté d’après ‘Umar ibn Sa’d une version semblable selon laquelle sa femme lui aurait dit: « on lui donne un dirham, c’est plus avantageux pour lui que cela, quant à toi tu dois le manger pour satisfaire ton désir ». « Mais mon désir ce confond avec ce que je veux», dit-il.

Et Ibn Sa’d a rapporté d’après Nafi’ que Ibn ‘Umar avait l’habitude de réunir sa famille chaque soir autour d’un repas copieux. Le narrateur raconte : «il lui arrive d’entendre un appel émanant d’un pauvre et alors il le rejoint et lui remet une part de la viande et du pain. Le temps qu’il passe pour aller voir le pauvre et revenir est mis à profit par les autres qui le passent en train de manger de sorte que qu’ils ne laissent que très peu et Ibn ‘Umar le mange et, dans tous les cas, le lendemain il observe le jeûne.

Meymûn ibn Mahrân a dit: «J’ai apporté à Ibn ‘Umar (qu'Allah soit satisfait de lui) vingt-deux mille dinars alors qu’il était en réunion. Il n’a pas bougé de sa place avant d’avoir tout distribué.

Nafi’ a rapporté que Muawiya a envoyé à Ibn ‘Umar cent mille et, au bout d’une année, rien ne lui en resta.

Ayûb ibn Wael al Rasbi raconte :«En venant à la ville j’ai rencontré un voisin d’Ibn ‘Umar qui m’a dit qu’il a apporté à Ibn ‘Umar de la part de Muawiya quatre mille plus quatre autre mille de la part d’une autre personne plus deux mille de la part d’un autre ainsi qu’une couverture en velours et le lendemain il était venu au marché chercher l’équivalent d’un dirham de fourrage (en dette) pour son chameau. Ayant compris ce qu’il veut je suis parti voir sa femme et je lui dis : «permettez-moi une indiscrétion et je vous prie d’être franche. » Je lui dis donc : « n’est-ce pas qu’Ibn ‘Umar a reçu de la part de Muawiya quatre mille plus quatre mille de la part d’une autre personne plus deux mille de la part d’un autre ainsi qu’une couverture en velours»? Elle me répondit que Oui. « Pourtant », poursuivais-je « je l'ai croisé au marché en train de chercher l’équivalent d’un dirham de fourrage (en dette) pour son chameau. Elle dit: « il n’a pas dormis cette nuit-là avant d’avoir tout distribué. Après avoir tout distribué, il s’est saisi de la couverture en velours, l’a mise sur son dos et l’a donnée à l’un des pauvres puis il est revenu.» Alors je me suis adressé aux commerçants en disant : «qu’est-ce que vous faites de ce bas-monde. Ne savez-vous pas qu’Ibn ‘Umar a reçu hier soir une somme totale de dix mille dirhams et le voilà aujourd'hui qui cherche désespérément à avoir, par dette, de la nourriture pour sa monture?!»

Ibn Sa’d a rapporté d’après Nafi’ qu’Ibn ‘Umar a reçu quelques vingt mille alors qu’il était dans une réunion qu’il ne l’a pas quitté avant d’avoir tout donné et même davantage encore. Le narrateur rapporte qu’ayant tout distribué il reçut d’autres personnes parmi ceux à qui il avait l’habitude de donner quelque chose. Il fut obligé de recourir à ceux à qui il a déjà donné pour qu’il lui prête de quoi donner à ces nouveaux venus.

Abu Nu’aim a rapporté d’après Mohammed ibn Qays qu’Abdullah ibn ‘Umar (qu'Allah soit satisfait de lui et de son père) ne prenait ses repas qu’avec les pauvres ce qui fut au détriment de sa santé. Son épouse lui prépara alors un peu de dattes qu’elle lui présenta. Après les avoir mangées elle lui donna à boire.

Abu Bakr ibn Hafs rapporte qu’Abdullah ibn ‘Umar ne prenait ses repas que lorsqu’il y a un orphelin à sa table.

Al Hassan rapporte qu’en déjeunant ou en dînant Ibn 'Umar invitait toujours à sa table les orphelins qui vivent dans la zone. Un jour, il envoya quelqu’un à la recherche d’orphelins mais celui-ci n’en trouva pas, et il avait une boisson sucrée qu’il avait l’habitude de boire après son déjeuner lorsque, tout à coup, un orphelin entra alors qu’ils avaient déjà achevés leur déjeuner, il la tendit à l’orphelin en lui disant: «Prenez ceci pour compenser votre repas ».

Meymûn ibn Mahrân rapporte que lorsque les gens ont reproché à l’épouse d’Ibn 'Umar de ne pas prendre grand soin de son mari elle répondit ainsi : « qu’est-ce que je peux lui faire de plus? Dès que je lui prépare un repas il convoque des pauvres pour le partager avec lui. C’est pourquoi j'ai envoyé à certains nécessiteux qui avaient l’habitude de s’assoir sur son chemin en allant à la mosquée et je leur ai donné de quoi manger en les suppliant de ne pas se tenir sur son chemin. En arrivant chez lui Ibn ‘Umar dit aux siens : « convoquez tel ou tel ». Auparavant son épouse leur a envoyé un repas en insistant auprès d’eux de ne pas venir lorsqu’Ibn Umar les convoque, et quand aucun pauvre ne se présente à sa table il (qu'Allah soit satisfait de lui) dit: «vous avez voulu que je ne dîne pas ce soir ». Alors il ne prit rien cette nuit-là.

Abu Nu’im a rapporté dans al Hilya d’après Abu Ja’far al Kary que Moulay a dit : «il m’arrive d’accompagner Ibn ‘Umar pour le servir. Il avait l’habitude, à chaque fois qu’il s’arrête devant un point d’eau, d’inviter ses habitants à partager son repas. Ainsi les plus ainés entrent et mangent. Il y en a qui arrivent à faire deux ou trois bouchées. Ibn ‘Umar descendit à al Juhfa et tout le monde était venu le voir. Parmi les arrivants il y avait un garçon noir, nu comme un ver. Ibn ‘Umar le remarqua et l'appela mais celui-ci répondit que les gens se sont tellement serrés les uns contre les autres qu’il ne peut plus trouver de place. C’est alors que j'ai vu Ibn ‘Umar bouger et faire des acrobaties pour le faire coller à sa poitrine.

Ibn Sa’d rapporte qu’Abu Ja’far al Kary a dit: « j’ai accompagné Ibn ‘Umar dans un voyage de la Mecque à destination de Médine, et il avait un repas de pains et de soupe autour duquel se réunissent ses fils et ses compagnons, et tous ceux qui viennent au point que certains se trouvent obligés, faute de places assises, de prendre leur repas debout. Il avait un chameau portant deux outres pleines de boisson et d’eau, chacun avait sa propre tasse d’où il en buvait jusqu’à se rassasier.

Ibn Sa’ad a rapporté d’après Ma’n qu’Ibn ‘Umar avait l’habitude, quand il préparait un repas, d’y invitait toute personne qui passe et dont l’apparence montre qu’elle est pauvre alors que ses fils et ses neveux s’en abstiennent eux qui, contrairement à lui, y invitaient toute personne qui passe et dont l’apparence montre qu’elle n’est pas pauvre. Il dit: « ils invitent celui qui n’en veut pas et évitent celui qui en veut ».

 

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