Nous essaierons de comprendre à travers deux articles la crise que traversent les musulmans de la République centrafricaine. Dans ce premier article nous évoquerons quelques grands traits concernant l’Islam et les musulmans de ce pays (histoire, démographie, etc.), puis dans un second article nous traiterons plus spécifiquement de la crise actuelle qu’il connait.
La République centrafricaine ou Centrafrique est un pays d’Afrique se trouvant à l’intérieur des terres et ne possédant aucun accès à la mer, la côte la plus proche se trouve à environ cent kilomètres de ce pays, il s’agit de la côte ouest du Cameroun qui est l’un de ses pays frontaliers. La République centrafricaine se trouve au cœur du continent noir comme son nom l’indique d’ailleurs, elle partage sa frontière nord avec le Tchad, sa frontière nord-est avec le Soudan, sa frontière est avec le Soudan du Sud, qui a fait sécession il y a peu, sa frontière sud avec la République démocratique du Congo et la République du Congo et sa frontière ouest avec le Cameroun. La superficie de la République centrafricaine est d’environ 623 000 km2, le nombre de ses habitants atteint les cinq millions d’individus, lesquels sont divisés en plusieurs communautés et ethnies dont les principales sont : les musulmans, qui représentent 10 % des Centrafricains, ces derniers occupent surtout le nord du pays et notamment la zone proche de la frontière tchadienne, certains ont exagéré en prétendant que cette communauté représentait presque 60 % de la population totale ; les chrétiens quant à eux représentent 80 % de la population, dont 50 % sont protestants et 30 % catholiques ; quant aux 10 % restants, ils rassemblent les adeptes des diverses religions animistes du pays.
On trouve en République centrafricaine une grande diversité ethnique et linguistique ; ainsi, la société de ce pays est composée de plus de 80 ethnies qui ont chacune leur propre langue de communication. Et parmi les plus grandes ethnies du pays il y a les Bayas, les Yakoumas, les Bandas, les Mabakas, les Maboums, les Mandjias ou encore les Foulas, et à côté de ces ethnies on trouve des communautés européennes dont la plupart ont des origines françaises. Par ailleurs, il nous faut signaler que l’essentiel de la population est composée de deux races noires principales, les Bantous et les Soudanais noirs ; parmi les Bantous on trouve donc les Mandas et les Yayas à l’ouest du pays, les Bandas et les Sars au centre et à l’est, les Azandés et les Ubanjis au sud, et parmi les Soudanais noirs on trouve des tribus qui vivent dans le nord et l’est du pays ; quant aux communautés arabisées, elles vivent essentiellement dans le nord, alors que les communautés berbères, notamment les Peuls et les Bourouras, quant à elles vivent sur les hauteurs de l’ouest du pays.
L’Islam est pratiqué par les communautés arabisées et les Berbères (les Peuls et les Bourouras) ainsi que par les communautés vivant dans les zones est et centre du pays ; il est à noter en sus que l’Islam gagne de nouveaux adeptes chez les chrétiens et les animistes. Toutefois, il faut signaler que de nombreux groupes travaillant à la christianisation des gens sont très actifs dans le pays, c’est le cas notamment des communautés luthérienne, baptiste, catholique, évangéliste de la Grace Brethern Churches ou encore des Témoins de Jéhovah. Ces évangélistes viennent le plus souvent de France – qui joue en outre un rôle central dans la crise actuelle que connaît le pays –, des Etats-Unis, d’Espagne ou d’Italie. Notons par ailleurs que des communautés évangéliques se sont infiltrées au Nigéria, dans la République du Congo et dans d’autres pays d’Afrique, et notamment dans les pays frontaliers de la République centrafricaine, ce qui représente un danger significatif ; à ce propos, la République partage sa frontière est avec le Soudan du Sud, lequel s’est séparé il y a quelque temps du reste du Soudan et est devenu un Etat purement chrétien largement soutenu par certains pays occidentaux.
L’Islam en République centrafricaine :
L’Islam a pénétré dans cette région centrale de l’Afrique au Vème siècle de l’Hégire, et ce, notamment par le biais des royaumes islamiques qui lui étaient frontaliers, comme le royaume de Kunum qui se trouvait au nord-est du lac Tchad et qui était très florissant durant le Vème siècle de l’Hégire, et c’est ainsi que ce royaume répandit l’Islam dans les régions correspondant au nord de la République centrafricaine actuelle. Puis l’Islam a commencé à se diffuser dans tout le territoire de ce qui deviendra plus tard la République centrafricaine par le truchement du royaume islamique Bournou – qui était installé à l’ouest du lac Tchad – et le royaume Bajarmi – qui se trouvait au sud du royaume de Kunum. Mais le mérite de l’extension de l’influence de l’Islam dans les régions noires de la Centrafrique revient surtout aux rois des Bajarmis. Quant à la partie orientale de la Centrafrique, l’Islam y pénétra par le Darfour et le Kordofan soudanais où il se répandit dans les communautés Landa et Azandé et dans celles qui vivent à l’est de ce territoire, nous pouvons dire que l’Islam se répandit tellement dans ces groupes ethniques animistes, que cette religion devint la deuxième religion du pays après le christianisme.
La situation politique :
La Centrafrique fait partie de ces pays d’Afrique qui ont connu et connaissent d’incessants bouleversements politiques, c’est ainsi que se sont succédés à sa tête après qu’elle eut repris son indépendance en 1960 des mains de la France, qui l’avait colonisée à partir du début du vingtième siècle, pas moins de six présidents dont quatre d’entre eux prirent le pouvoir grâce à un coup d’Etat militaire et deux seulement par la voie d’élections démocratiques.
(A suivre)