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Libre de porter le voile ou le bikini

Libre de porter le voile ou le bikini

En supposant que le port du voile existait avant les religions monothéistes, comme d’aucuns se plaisent à l’affirmer, cela infirme-t-il son caractère religieux ? On oublie souvent que ces religions ne sont pas venues faire table rase de tout ce que les hommes ont construit ; elles sont venues abroger certaines pratiques, en approuver d'autres et en apporter de nouvelles. Alors si le voile leur préexistait, il n’en demeure pas moins que les religions monothéistes en reconnaissent la validité puisqu’elles en confirment l’institution. A ce titre, le voile est une prescription divine. Mais celles qui souhaitent se conformer à cette prescription se voient empêchées de le porter au nom d’un dogme, celui de la laïcité. Ne sont-elles donc pas "libres", elles aussi, de s’habiller comme elles l’entendent, en vertu justement de la sacro-sainte liberté individuelle ?

Le fait est que la liberté n'existe pas. Il n’en faut pour preuve que cette flagrante contradiction entre le credo Laïcité et sa fille Liberté. La liberté serait l'absence de contraintes et d'entraves. Or l'homme est un être social, et toute société humaine obéit à des lois coercitives, dont les plus élémentaires sont les règles de bienséance ou celles du code de la route ! En vérité, la liberté n'est qu'un idéal utopique qui n'existe que dans l'imaginaire de peuples qui n'ont que trop longtemps vécu dans la servitude de rois tyranniques et d'une Église oppressive (pas moins de 16 siècles !). Dans la vie réelle, cette liberté est inexistante. Car qui est libre de se présenter à son lieu de travail à l'heure de son choix ou de le quitter quand bon lui semble ? Qui est libre de dire à son supérieur hiérarchique ce qu'il pense réellement de lui ? Qui est libre de ne pas payer une amende ou autre taxe qu'il trouve injuste ? J'en passe et des meilleures. La liberté est donc un simple exutoire qu'on fait miroiter au peuple qui croule sous une oppression séculaire qui ne fait que changer de nom et de forme au gré de l'inspiration des politiciens retors.

Pourtant, la phraséologie creuse de « l'égale liberté individuelle pour l'homme et la femme » continue de plus belle. Mais à quel pays fait-on donc référence ? Certainement pas la France, où le discours mielleux sur la parité homme/femme n'est suivi d'aucun effet. Car si ce discours avait un sens, les femmes occidentales ne se plaindraient pas de leur exploitation à longueur de journée : à diplôme égal et compétence égale, le salaire n'est point égal ; on leur confie rarement des responsabilités, précisément à cause de leur sexe. Ne parlons pas des autres traitements dégradants pour la femme, par exemple qu'en plus du travail pour gagner sa vie, c'est encore et toujours elle qui s'occupe des tâches ménagères, exactement comme au Moyen Age ! Peut-être même que son statut était plus enviable au Moyen Age : au moins, elle n'avait pas à endurer ce calvaire qui consiste à devoir travailler et à l'intérieur et à l'extérieur du foyer.

Pour autant, cela n’empêche pas les donneurs de leçons de considérer que « celles qui portent le voile par conviction doivent être plutôt rares, ou le font par stratagème afin d'avoir la paix. » Les voilà ainsi, à présent, qui se mettent dans la peau de personnes dont ils ignorent tout, parce que, selon leur manière de voir, on ne peut s'habiller de la sorte ! Ce faisant, ils ne font que projeter leur propre vision du monde sur des pratiques dont le sens leur échappe totalement car relevant d'une autre conception de l'univers, de la vie et de l'homme. Mais de quel droit se permettent-ils donc de juger celles qui ne les ont point mandatés pour parler à leur place ? Ne peuvent-ils donc concevoir qu'une femme dont la foi prescrit un tel vêtement puisse le porter en toutes conviction et sérénité, et non pas à cause du « poids culturel des traditions, des habitudes et parfois des menaces, directes ou non » ?

S’il peut y avoir contrainte dans certains milieux ou dans certains pays, il n'en demeure pas moins que le voile est une prescription divine commune aux trois religions monothéistes. Dans quel but ? Tout simplement pour mettre la femme à l'abri de la concupiscence de certains hommes qui n'auraient pas été éduqués à contrôler leurs pulsions. C’est d’ailleurs pourquoi les femmes plus âgées sont dispensées de la tenue vestimentaire légale : « Les femmes ayant atteint la ménopause peuvent, sans inconvénient, alléger leurs vêtements sans toutefois être exhibitionnistes. » (Cf. sourate 24 (an-Noûr), verset 60). Car il n'est pas donné à tout le monde de contrôler ses pulsions : si certains sont pieux et forts, d'autres sont pervers et faibles ; c'est dans l'ordre des choses. Et puis, il est normalement naturel – sauf exception ! – que l'on soit attiré par le sexe opposé ; c'est également dans l'ordre des choses, d'où la nécessité de garde-fous juridiques, qu'ils soient d'origine divine ou humaine d'ailleurs.

En déclarant que « les femmes, comme les hommes, doivent pouvoir vivre en pleine liberté individuelle sans être contraintes par des tenues vestimentaires d'un autre âge, et imposées par des traditions rétrogrades et par des hommes qui n'en subissent pas les désagréments », l’Occident fait preuve d'ethnocentrisme, car il érige sa représentation du monde en norme universelle absolue. Mais le colonialiste ne peut voir les choses autrement, car il se prend toujours pour le nombril du monde : il y a bien un Proche-Orient, un Moyen-Orient et un Extrême-Orient par rapport au centre de l’univers !

S'agissant des tenues légères des femmes, certains pourfendeurs du voile reconnaissent néanmoins à demi-mot les excès des « images de la pub, certes parfois outrancières ». Mais ils estiment que « Mme Tout-le-monde n'est que rarement dans ces excès », à savoir ces femmes que l’on voit partout à demi nues, à demi vêtues, dans toutes les positions possibles et imaginables pour faire valoir un objet ou autre produit mercantile. En clair, nos donneurs de leçons persistent à nier le statut réel du sexe faible dans les sociétés occidentales : une femme-objet. En vérité, ces excès sont légion en Occident, ce n’est qu’une question de saison : si l'hiver se prête mal à la nudité, l'été, lui, y est propice, et l’on s’en donne à cœur joie. Est-ce là l’émancipation dont rêvaient les femmes occidentales ?

En tant que prescription islamique, le voile préserve et protège assurément les femmes. Mais de quoi, de qui ? diraient les incrédules. Eh bien ! Par exemple du harcèlement sexuel, véritable phénomène de société dans le monde occidental, à tel point qu'il relève désormais de la jurisprudence ! La raison de toutes ces aberrations, c'est que l’Occident n'a pas compris que la femme est un honneur à préserver, non une marchandise à exposer.

 

Sayyed Chinqiti

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