D’après Ubay ibn Ka’b, qu’Allah soit satisfait de lui, deux hommes au temps du Prophète () se vantèrent de la noblesse de leurs généalogies. L’un d’eux dit : « Je suis untel fils d’untel. Et toi, qui es-tu, puisses-tu être privé de ta mère ? ». Le Prophète () dit
: « Deux hommes se vantèrent de leurs ancêtres au temps de Mûsâ (Moïse) (). L’un d’eux dit : 'Je suis untel fils d’untel jusqu'à neuf de ses ancêtres. Et toi, qui es-tu, puisses-tu être privé de ta mère ?'. L’autre répondit : 'Je suis untel fils d’untel, fils de l’Islam'. C’est alors qu’Allah, exalté soit-Il, révéla à Mûsâ (Moïse) () : 'Dis : ô toi qui te vantes de descendre de neuf ancêtres qui sont destinés à l’Enfer, tu seras le dixième (en Enfer). Quant à toi qui te vantes de descendre de deux ancêtres qui sont destinés au Paradis, tu seras le troisième'. » (Ahmed).
Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez » (Coran 49/13). Ceci est un discours divin adressé à l’humanité tout entière, abstraction faite des coutumes et des sociétés, pour souligner que les différences de races, de couleurs, d’ethnies et de nations est la loi du bas monde et le décret du Sage, du Parfaitement Connaisseur. Cette variété permet aux peuples de vivre en bonne intelligence, de faire connaissance et de nouer des rapports étroits entre eux.
Allah, exalté soit-Il, a fait de la piété des gens le critère permettant de distinguer leurs mérites respectifs. Or, certains laissent ce critère de côté en retournant à l’ignorance préislamique et se prévalent à tort de leurs aïeuls tout en dénigrant et dépréciant autrui.
Ce chauvinisme odieux a une longue histoire remontant aux nations précédentes, et le Prophète () pour mettre les musulmans en garde contre cette conduite blâmable, a fait référence à une situation, dans l’ancienne communauté hébraïque, où l’on se prévalait de la généalogie au détriment de la religion et des bonnes mœurs.
Il s’agissait de deux hommes, dont l’un se vantait de ses aïeuls, tablant non pas sur leur piété, leur attachement à la religion, leurs vertus morales ou leur noblesse d’âme, mais sur la longue lignée, sans égard à la mécréance de ses aïeuls.
Son péché devint encore plus grave, quand il dit avec mépris à son interlocuteur : « Qui es-tu alors, puisses-tu être privé de ta mère ? ». La réponse intelligente de ce dernier refléta sa sagacité et rappela le véritable critère d’excellence : « Je suis Untel fils d’Untel, fils de l’Islam ». Il se contenta de citer seulement deux de ces aïeuls, les croyants parmi eux, puis déclara son appartenance à l’Islam, étant la qualité la plus importante qui fait oublier toutes les autres appartenances.
Ce fut alors qu’Allah, exalté soit-Il, révéla à Mûsâ (Moïse) () la réponse qui tranchait cette question et qui montrait le rang véritable de chacun d’entre eux : « Dis : ‘ô toi qui te vantes de descendre de neuf ancêtres qui sont destinés à l’Enfer, tu seras le dixième (en Enfer). Quant à toi qui te vantes de descendre de deux ancêtres qui sont destinés au Paradis, tu seras au Paradis avec eux' ».
Réflexions relatives à ce hadith :
Ce hadith visait à ancrer et à affermir la fraternité dans les cœurs des croyants en montrant qu’elle constitue le lien le plus étroit qui peut être établi entre eux. Or, sauvegarder cette fraternité exige l’interdiction de tout ce qui est susceptible de saper ses piliers relevant de la foi et d’affaiblir sa texture sociale. Raison pour laquelle il est prohibé de se prévaloir de son extraction et d’avoir un esprit de clan, étant à l’origine de l’animosité, de la division, du chauvinisme et des litiges.
C’est pour cela que cette question est évoquée dans maints hadiths : le Prophète () a dit : «Allah m’a révélé de vous ordonner de faire preuve d’humilité afin que nul ne fasse preuve d’arrogance ou d’injustice envers autrui » (Mouslim).
Se vanter de son extraction relève de la mentalité arabe antéislamique, puisque le Prophète () a dit : « Il est quatre pratiques qui relèvent de la Djâhiliya et que ma communauté n’abandonnera jamais, figurent parmi ces pratiques le fait de tirer vanité de son extraction et la remise en cause des filiations » (Mouslim).
D’après ‘Uqba ibn ‘Âmir, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « Vos origines ne devraient pas être prétexte à insultes. Vous êtes tous les descendants d’Adam et personne n'a plus de mérite qu'un autre, si ce n'est par sa foi ou ses bonnes actions » (Ahmed).
Le jour de la conquête de La Mecque, le Prophète () sermonna les gens en disant : « Allah vous a délivrés de l’arrogance de la Djâhiliya et de sa vantardise s’agissant de la gloire des ancêtres. L’homme est soit un croyant qui craint Allah, soit un pêcheur infortuné. Vous êtes tous des fils d’Adam et Adam a été créé à partir de terre » (al-Tirmidhî).
Le Prophète () a fort réprimandé cette attitude chauviniste et a dit : « Que cessent ceux qui se vantent de leurs ancêtres, qui ne sont rien d’autre que le carburant du Feu de l’Enfer ; sinon, ils seront plus méprisables auprès d’Allah que le scarabée qui pousse les excréments avec son nez » (Abou Daoud).
Lorsqu’un homme des Muhâdjirûn (Emigrés) se disputa avec un autre des Ansârs (Auxiliaires), le second appela : « Au secours les Ansârs », et le premier : « Au secours les Muhâdjirûn ». Quand le Prophète () en eut vent, il dit : « Vous utilisez l’appel de la Djâhiliya ? Laissez cet appel de côté, c’est une pourriture » (Boukhari et Mouslim).
Toutefois, ces hadiths n’appellent pas à négliger les origines, mais blâment les pratiques antéislamiques et l’esprit de clan qui nuisent aux relations fraternelles entre croyants et entraînent haine et rancune. Connaître sa généalogie est différent de s’en vanter. Le Prophète () a dit : « Connaissez vos proches parents afin de préserver vos liens avec eux (…)» (al-Tirmidhî).
Voici une anecdote intéressante à signaler : pour animer la concurrence saine et l’enthousiasme pendant les batailles, le Prophète () divisait les troupes de l’armée musulmane selon des critères tribaux, comme il l'avait fait pendant la bataille de Badr. Il avait divisé ses Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, en trois escadrons, l’un comprenant les membres de la tribu des 'Aws, le deuxième ceux des Khazradj et le troisième ceux des Muhâdjirûn (Emigrés). Il fit de même lors de la conquête de La Mecque. C’était de sa part une exploitation perspicace des appartenances tribales.
In fine, la communauté de Mohammed () a obtenu sa suprématie exclusivement grâce à l’Islam, et quiconque cherche la puissance en dehors de la religion d’Allah, exalté soit-Il, Allah, exalté soit-Il, l’humiliera.
Source : section arabophone d’Islamweb