Ô Arafat ! tu es le symbole de la Nation musulmane et du Message divin. Que de foules se sont entassées, debout, dans ta cour; que de larmes ont coulé sur ton sol ; que de personnes se sont connues et reconnues sur tes deux flancs; que de genres se sont fondue dans ton océan; que d'affligés et d'attristés ont été consolés et d'invétérés ont été récupérés ici chez toi; que de cœurs se sont donnés l'accolade; que de crises ont été résolues et dissipées sur ton sol; que de pêchés absous alors, que de fois se sont fusionnées en toi les larmes des pécheurs et se sont enlacées les voix des quêteurs de pardon et ce sont unifiés les souhaits des demandeurs; que de fois les intentions humaines se sont débarrassées ici chez toi de tout ce qui n'est pas leur Seigneur ; que de cris de pleurs a-t-on entendus sur tes flancs; que de fois les habitants de la terre se sont montrés humbles devant le Créateur des cieux et de la terre .
Ô Musulmans ! La haine que vos ennemis vous portent dans leurs cœurs est immense; leur fureur et leur jalousie sont déchaînées contre vous ; « Ni les mécréants parmi les gens du Livre, ni les Associateurs n'aiment qu'on fasse descendre sur vous un bienfait de la part de votre Seigneur, alors qu'Allah réserve à qui Il veut sa Miséricorde. Et c'est Allah le Détenteur de l'abondante grâce.» (Coran : 2/105). Ils ne cherchent qu'à casser cette religion et à l'éliminer définitivement afin que les forces s'écroulent, les caprices dominent et prédominent, les malheurs se répandent, la religion s'affaiblisse, la foi s'ébranle et la situation générale sorte de contrôle. Pourquoi alors sommes nous et restons nous farouchement adversaires les uns des autres alors que notre espoir de revenir à la source lumineuse et brillante ne cesse de s'amenuiser et de s'éloigner ?
Chers frères
Celui qui vous a enjoint de répondre à l'appel (talbiya) et vous avez obtempéré, de faire le pèlerinage et vous avez obéi, de venir à Arafat pour y rester un certain temps et vous l'avez fait eh bien !c'est Lui-même qui a dit (sens du verset) : «Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d'effrayer l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu'Allah connaît.» (Coran : 8/60). Armez vous donc par le taqwa (crainte d'Allah). En effet quiconque aspire à devenir riche sans moyens, respectable et respecté sans gloire ni prestige, puissant sans pouvoir ni autorité n’a que craindre Allah ; car Allah se refuse d'humilier que celui qui se rebelle contre Lui et lui désobéit.
Rappelez-vous bien de cette recommandation qui date de plus de mille quatre cents ans et qui a été faite, le jour même du sacrifice à Mina, sur un ton sérieux et insistant assorti d'une mise en garde par votre auguste Prophète (
):"
Votre sang et vos biens sont sacrés, comme le sont ce jour, ce mois et cette ville et continueront à l’être jusqu'au jour où vous reviendrez à votre Seigneur. Ai-je bien transmis le Message ? « Nous certifions que tu nous as communiqué ton message, que tu as accompli ta mission et que tu nous as prodigué tes conseils
» répondirent-ils. Alors il ajouta après avoir pris Allah comme témoin de ce qu'ils viennent de dire :"
Que ceux qui sont ici présents transmettent ce message aux absents, ils le comprendront peut être mieux que ceux qui l'auront écouté. Prenez garde, Surtout, ne devenez pas mécréants après moi en brandissant vos épées les uns contre les autres.". Rapporté par Al Boukhari.
Rappelez vous bien de cela et sachez qu'une nation qui tolère en son sein les offenses et les péchés et qui ne se conforme pas aux ordres d'Allah est une nation vouées à l'écroulement et à l'effondrement. Vous savez aussi que vous n'avez pas plus de mérite que Sa’d Ibn Al-Waqas, le célèbre héros d'Al Qadissiya, l'homme auquel le Prophète (
)a promis le Paradis et qui est aussi l'un des tout premiers à avoir embrassé l'Islam. Pourtant, cela n'a nullement empêché Oumar Ibn Al Khatab (
) de lui faire la recommandation suivante alors qu'il s'apprêtait à livrer combat aux mécréants : « ô Saad ! Ne te laisse pas emporter par les flatteries de ceux qui disent : c'est l'oncle maternel du Prophète et son compagnon, car Allah n'efface pas le mal par un autre mal, par contre Il efface le mal par le bien (les bonnes actions). Ô Saad ! Sache qu'il n'existe aucun lien de parenté entre Allah et Ses créature ; le seul et unique lien entre Lui et les autres c'est l'obéissance à ses ordres. Tout le monde, du plus noble au plus abject, sont égaux devant Allah Qui est leur Seigneur alors qu'eux sont Ses serviteurs. Seul le taqwa fait la différence entre eux et seule l'obéissance à ordres d’Allah permet d'accéder à Sa récompense ".
Soyez donc francs et sincères avec les croyants mais rudes et brutaux avec vos ennemis.
Avez-vous chers frères, oublié le courroux du Prophète (
)lorsqu'il a juré de ne pas laissé les juifs passer la nuit à Médine et qu'il n’a pas abjuré.
Avez-vous oublié le courroux d'Abou Bakr (
), cet homme tranquille, calme et débonnaire quand il se mit en colère et s'écria ;"Je jure par Allah que je les combattrai s'ils refusent de me donner ne serait-ce qu’une simple corde qu'ils donnaient au Prophète (
)."
Avez-vous oublié Nour Al Din qui fut si enflammé de colère et tellement accablé de tristesse à la tombée d’Al-Aqsa entre les mains des Croisés qu'il était resté taciturne. Lorsqu'on lui demanda pourquoi se prive t-il de rire il répondit qu'il a honte d'être vu par Allah entrain de sourire alors qu’Al-Aqsa est entre les mains de Ses ennemis!
Chers frères ! N'est-il pas grand temps pour nous de bouger surtout que des copies du saint Corans ont été brûlés, que des mosquées ont été détruites, que des musulmanes ont été violées, que des enfants innocents ont été foulés au sol, que des larmes ont coulé à Al Qods, au Cachemire, en Bosnie Herzégovine, en Érythrée, en Somalie et autres.
Comme le dit le poète (paraphrasé)
On se sent bien nostalgique du temps de l'appel lancé à El Moutassim à une certaine période difficile de l'histoire d'Al Aqsa, appel auquel El Moutassim a courageusement et efficacement répondu mais que reprennent maintenant des enfants orphelins qui le font retentir dans le vide faute d'avoir un nouvel Al Moutassim qui s'en fera l'écho.
Ce qui nous fait défaut c'est bien une nation qui joint le geste à la parole, une nation qui n'entreprend rien sans y être bien préparé sur le plan de la connaissance de sorte que si, par exemple, elle livre combat, fait la paix ou la guerre ou prend de grandes décisions, elle ne fait rien à la hâte, n’improvise rien. Yahya Ibn Mouadh, qu'Allah lui accorde Sa miséricorde, a dit : « les cœurs ressemblent aux marmites, ils bouillent avec ce qui est dedans, les langues étant leurs cuillères; regarde donc l'homme quand il parle ; n’est-ce pas que sa langue puise de ce qui se trouve dans son cœur?»
Al Boukhari rapporte sur l'autorité de ‘Adiye Ibn Hatem At-Ta'i (
) le récit suivant :"je me suis rendu, parmi une délégation, chez Oumar Ibn Al Khatab (
).
Oumar s'est mis à recevoir les membres de la délégation un par un en les appelant par leur son nom. Surpris qu’il ne m’a pas appelé parmi les premiers, je lui dis :"Ne m’as- tu reconnu, Ô Emir des croyants ! «Mais si », répondit-il. « N'est ce pas toi qui a accepté l'Islam quand les autres l'ont rejeté, qui est venu quand les autres ont tourné le dos, qui s'est convenablement acquitté de ses engagements quand les autres ont trahi les leurs et qui a reconnu la vérité quand les autres l'ont niée. » ‘Adiye dit alors : « Je n'ai donc pas de problème »?
C'est cela son crédit, sa source de fierté, son capital et son prestige personnel.
Les âmes nobles et dignes ne se contentent pas de n'importe quoi, tant elles aspirent très haut :
J'ai dit au faucon qui était entrain de battre ses ailes :"atterris car l'air est stérile "
"Il y a " me répondit il "dans mes ailes, dans ma volonté et au sommet du ciel, un pâturage fécond ».
Ce pâturage est certainement ignoré des habitants de la Terre qui gémissent sous le poids de celle-ci, avec tout ce que cela signifie de désirs inassouvis, de conceptions aussi fallacieuses qu'irréalisables et de peur de perdre la vie, les biens, les plaisirs, les intérêts, la jouissance, la tranquillité, le repos et la stabilité:
Est- il admissible que les musulmanes soient prisonnières,
Que les musulmans, eux, ne s’en soucient guère ?
N'ont- ils pas un devoir envers Allah et pour l'Islam,
De les défendre, vieux ou jeunes, corps et âmes ?
Dites donc aux hommes perspicaces et clairvoyants,
Où qu'ils se trouvent et à tout moment :
Répondez à Allah et obtempérez !