Aïcha, la fille d’Abou Bakr
La vie d’Aïcha est la preuve qu’une femme peut être bien plus instruite qu’un homme et qu’elle peut être le professeur de savants et d’experts. Sa vie montre aussi qu’une femme peut exercer une influence sur les hommes et les femmes et leur apporter l’inspiration et l’union. Sa vie est enfin la preuve que cette même femme peut être complètement féminine et être une source de plaisir, de joie et de réconfort pour son mari.
Elle ne fut diplômée d’aucune université car il n’y avait pas d’universités à cette époque. Cependant, ses discours sont étudiés dans les facultés de littérature, ses déclarations juridiques sont étudiées dans les Ecoles de Droit et sa vie ainsi que ses œuvres sont étudiées par des étudiants et des enseignants en Histoire Islamique depuis plus d'un millier d’années.
L’essentiel de ses vastes connaissances fut acquis alors qu’elle était encore jeune. Dans sa petite enfance, elle fut élevée par son père qui était très aimé et respecté car c’était un homme qui disposait d’un grand savoir, de manières courtoises et d’une présence agréable. De plus, il était l’ami le plus proche du noble Prophète, , qui lui rendait souvent visite, et ce depuis les tous premiers jours de sa mission.
En tant qu’épouse et compagne du Prophète, , elle acquit un savoir et une perspicacité qu’aucune autre femme n’a atteinte à ce jour.
Il y a une divergence d’avis sur son âge lors de son mariage avec le Prophète, , mais son mariage ne fut célébré qu’à la deuxième année de l’Hégire.
Avant et après son mariage, elle garda une jovialité et une innocence naturelles et ne semblait pas intimidée par l’idée d’être mariée au Messager de Dieu, , lui que tous ses compagnons, y compris les parents de Aïcha, traitaient avec un amour et une révérence qu’ils ne vouaient à aucune autre personne.
A propos de son mariage, elle rapporta que peu de temps avant qu’elle ne quitte la maison de ses parents, elle se rendit dans la cour pour jouer avec une amie qui était de passage : « Je m’amusais à la balançoire et mes longs cheveux étaient en désordre, dit-elle, ils vinrent me chercher pour me préparer. »
Ils la vêtirent d’une robe de mariage faite à partir d’une fine étoffe ornée de rayures rouges puis sa mère l’amena vers la maison nouvellement construite où quelques femmes des Anars attendaient devant l’entrée. Elles la félicitèrent avec ces mots : « Que le bien et le bonheur soient toujours présents ! » Puis, en la présence du Prophète souriant, , un bol de lait fut apporté. Le Prophète, , but de ce lait et en offrit à Aïcha. Elle refusa timidement mais lorsqu’il insista, elle fit de même et proposa le bol à sa sœur Asmaa qui était assise derrière elle. D’autres personnes en burent également et ainsi fut leur simple et solennelle cérémonie de mariage. Il n’y eut pas de fête.
Son mariage avec le Prophète, , ne changea pas son comportement enjoué. Ces jeunes amies allaient régulièrement lui rendre visite dans ses appartements.
« Je jouais avec mes poupées, dit-elle, avec les filles qui étaient mes amies, et quand le Prophète, , venait elles fuyaient vite hors de la maison mais il sortait pour les ramener à l’intérieur car il était content de me voir heureuse de les avoir près de moi. » Quelques fois, il disait « Restez où vous êtes » avant qu’elles n’aient le temps de partir et il se joignait également à leurs jeux.
Aïcha dit : « Un jour, le Prophète, , vint alors que je jouais avec les poupées et dit : « Ô ! Aïcha, c’est quoi ce jouet ? » « C’est le cheval de Salomon » dis-je, et il se mit à rire. » Quelques fois quand il rentrait, il se cachait derrière son manteau afin de ne pas déranger Aïcha et ses amies.
Les premiers temps qu’Aïcha vécut à Médine furent également les moments les plus graves et les plus anxieux. Une fois, son père et deux Compagnons qui étaient avec lui attrapèrent une fièvre dangereuse qui était fréquente à Médine durant certaines saisons. Un matin, Aïcha alla lui rendre visite et fut stupéfaite de trouver les trois hommes gisants faibles et exténués. Elle demanda à son père comment il allait et lui répondit dans un style qu’elle ne put comprendre. Les deux autres lui répondirent également avec des vers de poésie qui lui semblaient n’être que des bredouillements inintelligibles. Elle fut profondément troublée et rentra auprès du Prophète , en disant : « Ils divaguent complètement à cause de leur forte fièvre. » Le Prophète, , demanda ce qu’ils avaient dit et fut quelque peu rassuré lorsqu’elle répéta certains des mots des vers qu’ils avaient récités et qui avaient un sens même si elle ne les comprenait pas complètement. Ceci est une démonstration de son grand potentiel de mémorisation qui, au fil des années, allait servir à préserver les précieux dires du Prophète, .