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Délivrer des Fatwas sans savoir … un crime

Délivrer des Fatwas sans savoir … un crime

 

Délivrer des Fatwas sans savoir est un crime

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons. Ceci étant dit :

Une des plus grandes œuvres consistent à indiquer aux gens le chemin les conduisant vers leur Seigneur. Leur expliquer les règles de la religion, ses ordres et ses interdits, porter à leur connaissance ce qui est licite et illicite, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, expliquer le statut de leurs actes grands et petits.

C’est ce que font ceux qui émettent des Fatwas. Emettre des Fatwas, comme cela est dit dans la Mawsû’a Al-Fiqhiyya Al-Kuwaytiyya, consiste à : « informer du statut religieux d’un fait en mentionnant l’argument d’autorité, la preuve du Coran et de la Sunna prophétique authentique. » (Volume 32 page 25).

En réalité, les gens qui émettent des Fatwas valident un jugement au nom d’Allah. C’est un rang dont on ne peut nier le mérite ni ignorer la valeur. C’est un degré des plus élevés et compte parmi les œuvres les plus pures. Al-Nawawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Emettre des Fatwas est un acte dont la gravité est avérée et qui a de grandes répercussions. C’est un acte méritoire parce que le Mufti est l’héritier du Prophète (). Il assume un rôle qui relève des obligations solidaires. Toutefois, il est exposé à commettre des erreurs. C’est pour cette raison qu’on dit : « Le Mufti valide un jugement au nom d’Allah. » (Âdâb Al-Fatwa de Al-Nawawi p.13).

C’est pour cette raison qu’un tel rang ne convient qu’à une personne qui se pare des qualités telles le savoir et la sincérité. Il doit détenir le savoir du jugement qu’il transmet, être sincère en le faisant … En plus de cela, il doit avoir une bonne façon de procéder, avoir une attitude agréée, être juste dans ses propos et ses actes, son for intérieur doit ressembler à ce qu’il laisse paraitre quand il entre et sort et dans toutes ses situations …

Une personne qui a été élevé à un tel rang est en droit de se préparer pour assumer ce rôle et d’être prête à le faire. Elle doit savoir quel est le rang auquel on l’a érigé. Et elle ne doit ressentir aucune gêne à dire la vérité au grand jour. Allah la fera triompher et la guidera. Qu’elle prenne garde au plus haut point à émettre un avis au sujet d’Allah et de Sa religion sans savoir … De même qu’il convient de ne pas s’exprimer sur ces faits si ce n’est une personne qui est légitime pour ce faire, qui en est capable, et qui réunit les conditions requises.

Dissuader de donner un avis sur la religion d’Allah sans savoir :

Toute personne sensée doit prendre garde à ne pas donner un avis sur un statut religieux sans détenir le savoir pour le faire. En effet, cela est un péché majeur parmi les plus grands qui soient. Allah a dit que c’était équivalent au polythéisme et a menacé toute personne qui s’en rend coupable d’un châtiment sévère. Il dit, exalté soit-Il :

« Ne dites pas, proférant un odieux mensonge : « Ceci est licite et ceci est illicite », attribuant mensongèrement à Allah ces prescriptions. Ceux qui forgent des mensonges sur Allah sont voués à la perdition. Ils jouiront quelque temps de cette vie avant de subir un douloureux châtiment. » (Coran 16/116-117).

« Qui donc est plus injuste que celui qui, par ignorance, forge des mensonges qu’il attribue à Allah dans le but d’égarer les hommes ? Allah ne saurait guider les impies. » (Coran 6/144).

Ibn Al-Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Allah a interdit de donner un avis sans science en émettant une Fatwa ou un jugement au tribunal. Il a décrété que ce péché est un des interdits de la religion. Plus encore, il a dit que c’était un des péchés les plus graves :

« Dis : « Mon Seigneur vous interdit seulement de commettre publiquement ou secrètement des actes infâmes, de vous livrer au péché, de vous attaquer injustement à autrui, de Lui associer de fausses divinités sans vous fonder sur la moindre preuve révélée par Lui et de Lui attribuer des prescriptions sans être certains qu’elles émanent de Lui. » » (Coran 7/33).

Il a classé les interdits en quatre catégories : il a commencé par la moins grave, à savoir les actes infâmes. Puis, par un interdit davantage marqué qui correspond à se livrer au péché et s’attaquer injustement à autrui. Puis, par un interdit davantage marqué qui est le polythéisme. Et enfin, par un interdit davantage marqué que tout ce qui précède et qui correspond à donner un avis sur Allah et Sa religion sans détenir le savoir pour le faire. Cette dernière catégorie englobe les propos tenus sur Allah, Ses Noms et Ses Attributs et Ses actes, sur Sa religion et Ses lois. »

Il a dit aussi : « Ce qui indique également que cela fait partie des grands péchés, le verset suivant :

« Ne dites pas, proférant un odieux mensonge : « Ceci est licite et ceci est illicite », attribuant mensongèrement à Allah ces prescriptions. Ceux qui forgent des mensonges sur Allah sont voués à la perdition. Ils jouiront quelque temps de cette vie avant de subir un douloureux châtiment. » (Coran 16/116-117).

Allah a donc menacé les fidèles d’un sévère châtiment s’ils mentent au sujet des règles de la religion en déclarant au sujet de ce qu’il n’a pas déclaré interdit : cela est interdit. Et au sujet de ce qu’il n’a pas déclaré licite : cela est licite. Il explique ainsi aux fidèles qu’il n’est pas permis qu’ils disent que ceci ou cela est licite ou illicite sauf s’ils savent qu’Allah l’a déclaré comme tel. » Fin de citation extraite du livre I’lâm Al-Muwaqqi’î 1/38.

Parmi les plus grands péchés :

Les savants ont été prolixe sur la gravité de donner un avis sur la religion d’Allah sans savoir. Ils ont également largement condamné ceux qui osent le faire. Ils ont expliqué que cela fait partie des interdits les plus forts, dont le péché est le plus grand. Et c’est un fait au sujet duquel s’accordent toutes les lois et les religions.

Donner son avis sur la religion sans savoir est d’une telle gravité parce qu’il comprend un certain nombre de péchés majeurs et de fautes énormes :

Le premier péché majeur :

Mentir sur Allah, Lui attribuer ce qui ne Lui sied pas, changer Sa religion et la modifier, infirmer ce qu’Il a affirmé et affirmer ce qu’Il a infirmé, valider ce qu’Il a annulé et annuler ce qu’Il a validé, se désavouer de Ses alliés et s’allier à ceux dont Il s’est désavoué, détester ceux qu’Il aime et aimer ceux qu’Il déteste, Le décrire comme cela ne Lui sied pas dans Son essence, Ses attributs, Ses propos, Ses actes. Aucun type d’interdit ni aucun péché n’est plus grave pour Allah que celui-ci. C’est le fondement du polythéisme et de la mécréance. C’est sur ce socle que reposent les hérésies et les égarements. Toutes les hérésies qui égarent de la religion ont pour fondement les avis donnés sur Allah sans savoir.

Le deuxième péché majeur :

Mentir sur le Prophète () est inclus dans le fait de mentir sur Allah. Dans son ouvrage Fath Al-Bârî, Ibn Hajar a dit : « Lui attribuer des propos qu’il n’a pas tenus implique de mentir sur Allah puisque cela revient à affirmer d’un statut juridique, qu’il s’agisse d’un fait obligatoire ou recommandé, et leur pendant, ce qui est interdit ou réprimandable. » Fin de citation.

Il a été rapporté par des voies notoires un hadith dans lequel le Prophète () a dit : « Quant à celui qui m’attribue délibérément ce que je n’ai pas dit, il a mérité sa place en Enfer. »

Le troisième péché majeur :

Tromper les gens et les égarer …

Abdullah ibn ‘Amr ibn Al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) relate qu’il a entendu le Messager d’Allah () dire : « Allah ne fera pas disparaître la science religieuse en l’extirpant du cœur des croyants, mais en faisant disparaître les savants. Lorsqu’il ne restera plus aucun savant, les gens prendront comme guides des ignorants qui répondront à leurs questions sans aucune connaissance, s’égarant eux-mêmes et égarant les autres. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.

Le Mufti qui émet une Fatwa sans savoir s’égare de la vérité et égare avec lui tous ceux qui suivent sa Fatwa.

Dans la Mawsû’a Al-Fiqhiyya Al-Kuwaytiyya, il est dit : « Emettre des Fatwas sans savoir est interdit parce que cela implique de mentir sur Allah et Son Messager. Cela implique également d’égarer les gens, ce qui fait partie des plus grands péchés en raison de ce verset :

« Dis : « Mon Seigneur vous interdit seulement de commettre publiquement ou secrètement des actes infâmes, de vous livrer au péché, de vous attaquer injustement à autrui, de Lui associer de fausses divinités sans vous fonder sur la moindre preuve révélée par Lui et de Lui attribuer des prescriptions sans être certains qu’elles émanent de Lui. » » (Coran 7/33).

Il a donc cité conjointement ce péché à ceux qui consistent à commettre publiquement ou secrètement des actes infâmes, se livrer au péché, s’attaquer injustement à autrui, Lui associer de fausses divinités.

Cela est également interdit en raison du hadith :

« Allah ne fera pas disparaître la science religieuse en l’extirpant du cœur des croyants, mais en faisant disparaître les savants. Lorsqu’il ne restera plus aucun savant, les gens prendront comme guides des ignorants qui répondront à leurs questions sans aucune connaissance, s’égarant eux-mêmes et égarant les autres. »

Il y est dit également : « Suite à cela, si le fidèle qui a sollicité la Fatwa la met en pratique et commet en se basant sur cette Fatwa un acte interdit qui conduit à invalider une adoration obligatoire alors c'est le Mufti qui lui a délivré cette Fatwa sans savoir qui en supportera le péché. » Fin de citation.

En conséquence, toute personne qui émet une Fatwa sans savoir supportera le poids du péché de tout ce qui résultera de sa Fatwa comme actes contraires aux règles de la religion, de déviance du droit chemin et de responsabilité. Ceci comme il est dit dans le hadith : « Celui qui a reçu une Fatwa émise sans savoir alors le péché qui en résultera sera supporté par celui qui l’a émise. » Rapporté par Abû Dâwûd et Al-Hâkim selon Abou Horayra. Jugé authentique par Al-Albânî dans Sahih Al-Jâmi’.

Le musulman devrait donc ressentir l’importance de ce rang et ne pas s’ingérer dans ce domaine sans savoir. Sinon il se jetterait en Enfer, qu’Allah nous en protège.

Les prédécesseurs savaient parfaitement la gravité d’émettre des Fatwas :

Les prédécesseurs, qu’Allah soit satisfait d’eux, étant donné leur savoir, leur compréhension et leur connaissance, avait bien saisi quelle était la valeur de la Fatwa, son poids et la gravité de ses conséquences. C’est la raison pour laquelle ils redoutaient de devoir émettre une Fatwa et mettaient en garde contre ce fait.

Ibn Al-Munkadir a dit : « Le savant se trouve entre Allah et le fidèle. Qu’il regarde comment il se positionne entre eux. »

L’imam Malik ibn Anas, qu’Allah lui fasse miséricorde, disait : « Celui qui répond à une question sur la religion devrait, avant de répondre, s’imaginer devant le Paradis et l’Enfer et comment s’en sortirait-il s’il répondait à cette question. Ensuite il peut y répondre. »

On lui a posé une question et il a répondu : « Je ne sais pas. » On lui dit : « C’est une petite question, elle est facile. » Il se mit en colère et dit : « Il n’y a rien dans la religion qui soit facile. »

Abou Hanifa, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Si ce n’était la peur d’Allah que le savoir disparaisse je n’aurais pas émis une seule Fatwa ! Ceux qui me demandent des Fatwas repartent tranquillement et moi j’en porte la responsabilité. »

Il a été rapporté de source sûre que Abd Al-Rahmân ibn Abi Layla, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « J’ai vécu à une époque où il y avait encore plus de 120 Compagnons du Prophète () – je crois qu’il a ajouté : dans cette mosquée – Aucun d’eux ne transmettait des hadiths sans souhaiter que son frère le fasse à sa place ni n’émettait des Fatwas sans souhaiter que son frère le fasse à sa place. »

Il dit aussi : « J’ai vécu à une époque où il y avait plus de 120 Ansars parmi les Compagnons du Prophète (). Quand on posait une question à l’un d’eux il nous renvoyait vers un autre et cet autre vers un autre jusqu’à ce qu’on revienne au premier à qui on avait posé la question. »

Ceci montre que le premier d’entre eux auquel on avait posé la question était tout à fait en mesure d’y répondre et peut être même mieux qu’un autre mais il a renvoyé celui qui l’interrogeait vers un autre Mufti de façon à ce qu’il prenne en charge cette responsabilité et que lui n’ait pas à le faire … Mais une fois que le fidèle revenait le voir après avoir été renvoyé vers des Muftis différents, il ne pouvait que répondre à sa question.

Et c’est ainsi que devrait agir toute personne qui craint Allah. Et c’est bien ce qu’a établi Ibn Al-Qayyim dans son livre I’lâm Al-Muwaqqi’în en disant : « Les Salafs parmi les Compagnons et leurs successeurs répugnaient à se précipiter pour émettre des Fatwas. Chacun souhaitait que son frère prenne en charge une telle responsabilité. Mais si l’un d’entre eux constatait qu’il devait le faire, il fournissait les efforts requis pour connaitre le statut de la question à partir du Coran et de la Sunna ou selon un avis des califes bien guidés, puis il délivrait sa Fatwa. »

Ne pas se précipiter :

De même qu’il convient à un étudiant en sciences religieuses et à tous ceux qui sont sollicités pour émettre une Fatwa de ne pas se précipiter à le faire avant d’y être obligé, avant d’avoir la légitimité de le faire. Il sollicitera alors l’aide d’Allah et ne s’en remettra pas à ses propres moyens. Qu’il ne soit pas trompé par son savoir. Celui qui compte sur ses propres moyens sera abandonné alors que celui qui s’en remet à Allah Il lui suffira et le mènera à la réussite.

Al-Khatîb Al-Baghdâdî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Il est rare de voir un homme qui souhaite émettre des Fatwas et se précipite à le faire sans que sa réussite soit minime, et qu’il soit confus. Alors que celui qui répugne à en émettre et ne souhaite pas forcément le faire, essaie d’y échapper tant qu’il peut et renvoyer cette tâche vers un autre Mufti, alors lui est généralement plus aidé par Allah et la justesse de ses réponses se retrouvent dans la majorité d’entre elles. »

Parmi les propos des Salafs, qu’Allah soit satisfait d’eux, au sujet de ceux qui s’engagent à délivrer des Fatwas, et qu’il s’agit de gens qui ne disposent que peu de savoir et c’est une sorte de bêtise et de folie.

L’imam Al-Nawawi a dit dans l’introduction de son livre Al-Majmû’, selon Sofian ibn ‘Uyayna et Sahnûn : « Ceux qui ont le plus d’audace à émettre des Fatwas sont ceux qui détiennent le moins de savoir. »

Hudhayfa a dit : « Seuls trois personnes émettent des Fatwas : ceux qui connaissent les versets du Coran qui ont été abrogés. Un gouverneur qui est obligé de le faire. Ou un idiot qui se charge de le faire. »

En commentant cette citation, Ibn Sirîn, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Je ne fais pas partie des deux premières catégories et ne souhaite pas faire partie de la troisième. »

Dans le livre Al-Majmû’ et dans d’autres ouvrages, selon Ibn Mas’ûd et ibn Abbâs, qu’Allah soit satisfait d’eux : « Celui qui donne une Fatwa chaque fois qu’on l’interroge est un fou. »

Nous demandons à Allah de nous accorder le savoir utile et de bonnes œuvres. Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.

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