L’étiquette concernant la dette et le prêt - II
Le débiteur
Rembourser le créancier à temps
Le débiteur doit prendre l'initiative de rembourser le créancier dès que le prêt est dû. Si le débiteur est financièrement incapable de tout rembourser, il doit, à tout le moins, commencer à payer par tranches, s'il possède l'argent nécessaire pour le faire. Une personne doit se précipiter à rembourser ses prêts, car ceux-ci seront une source de difficulté dans sa tombe.
Rembourser de la meilleure des manières
Le débiteur doit rembourser de la meilleure manière.
Abu Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté :
« Un bédouin rude est venu vers le Messager d'Allah () lui demandant de rembourser un jeune chameau qu'il () lui avait emprunté. Quand il a demandé son dû, le Bédouin a utilisé des mots durs. Les Compagnons étaient sur le point de le frapper pour cela, mais le Messager d'Allah () a dit :
‘Laissez-le ! En effet, un créancier a le droit de l'exiger (c'est-à-dire son prêt).’
Les Compagnons n'ont pas pu trouver de jeunes chameaux parmi ceux qui avaient été apportés (en aumône) et qui équivalaient au type de chameau emprunté. Ils ont alors informé le Messager d'Allah () que tous les chameaux disponibles étaient du meilleur type. Le Prophète () a dit :
‘Donnez-le-lui, car le meilleur d’entre vous est celui qui rembourse [ses prêts] de la meilleure des manières’. » (Mouslim)
Dans une autre narration, rapporté par Abu Sa'îd (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a dit aux Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, qui étaient furieux contre le bédouin :
« Vous devriez toujours vous ranger du côté de celui qui revendique son droit. »
Malheureusement, de nos jours, les gens ne se rangent guère du côté de celui qui réclame son droit. Dans certains cas, même les juges privent les gens de leurs droits et reçoivent des pots-de-vin pour se ranger du côté du débiteur, au lieu de se ranger du côté du créancier. Malheur à eux ! Quelle punition sévère les attend en Enfer, le Jour du Jugement dernier !
Lorsque le Bédouin a vu la bonne manière avec laquelle le Prophète () l'a remboursé, il l'a remercié.
Là-dessus, le Prophète () a dit :
« Ce sont les meilleurs types de personnes (c'est-à-dire ceux qui remboursent leurs prêts de la meilleure des manières). Il n'y a rien de bon dans une nation où les pauvres ne peuvent obtenir leurs droits de la part de ses riches sans être harcelés. »
Le Prophète () a dit cela parce que parfois le pauvre peut récupérer son droit, mais seulement après avoir souffert, après avoir été retardé et après s’être retrouvé dans des situations embarrassantes.
De plus, le débiteur doit compter sur Allah dans sa tentative de rembourser le créancier.
Abu Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d'Allah () a dit :
« Un homme, parmi les descendants d'Israël, a demandé à un autre de lui prêter mille dinars. Le second a dit : ‘Je veux un témoin et une caution’. Le premier a répondu : ‘Allah est suffisant comme témoin et caution’. Le second a répliqué : ‘Tu as raison’ et il lui a prêté l'argent pour une durée déterminée. Le débiteur a traversé la mer, et une fois son travail terminé, il a cherché un moyen de transport. Son but était d’arriver à temps pour le remboursement de la dette, mais il n'en a pas trouvé. Il a alors pris un morceau de bois, y a fait un trou, y a inséré mille dinars de même qu’une lettre au prêteur, puis a fermé (c'est-à-dire scellé) le trou hermétiquement. Il a emmené le morceau de bois à la mer et a dit : ‘Ô Allah ! Tu sais très bien que j'ai contracté un prêt de mille dinars auprès d'un tel. Il m'a demandé une caution, mais je lui ai dit que la garantie d'Allah était suffisante et il a accepté Ta garantie. Il a alors demandé un témoin et je lui ai dit qu'Allah est suffisant comme témoin et il T'a accepté comme témoin. J'ai effectivement essayé de trouver un moyen de transport pour que je puisse payer son argent, mais je n'en ai pas trouvé. Je Te remets donc cet argent.’ En disant cela, il a jeté le morceau de bois à la mer jusqu'à ce qu'il parte au loin, puis il est parti. Entre-temps, il a commencé à chercher un moyen de transport pour atteindre le pays du créancier.
Un jour, le prêteur est sorti de sa maison pour voir si un bateau était arrivé apportant son argent, mais tout à coup il a vu le morceau de bois (c'est-à-dire celui dans lequel son argent avait été déposé). Il l'a ramené à la maison pour l'utiliser pour le feu. Quand il l'a scié, il a trouvé son argent et la lettre à l'intérieur. Peu de temps après, le débiteur lui a apporté mille dinars et a dit : 'Par Allah, j'ai essayé de trouver un bateau pour que je puisse t’apporter ton argent, mais je n'ai pas réussi à en obtenir un avant celui par lequel je suis venu.' Le prêteur a demandé : ‘M'as-tu envoyé quelque chose ?’ Le débiteur a répondu : ‘Je t’ai dit que je n’ai pas pu trouver un autre bateau que celui par lequel je suis venu. Le prêteur a dit : ‘Allah a livré, en ton nom, l'argent que tu as envoyé dans le morceau de bois. Tu peux garder tes mille dinars. Pars, guidé sur le bon chemin.’ » (Boukhari)
C'est la conséquence de la confiance en Allah. Quand l'intention de quelqu'un est sincère dans le remboursement de ses dettes, Allah l'aide dans sa tentative. Le problème auquel sont confrontés de nombreux endettés est qu'ils ne sont pas vraiment sincères dans leur intention de rembourser la dette au créancier et qu'ils sont ainsi privés de l'assistance d'Allah.
Procrastination dans le paiement
Certains débiteurs retardent le remboursement de leurs prêts et tergiversent, sans en avoir besoin, même lorsqu'ils possèdent l'argent nécessaire pour rembourser. Ils agissent de manière odieuse et basse et ils remboursent leur prêt en plusieurs versements au créancier. Par exemple, quelqu’un peut avoir une dette de cinquante mille dollars, mais ne commence à rembourser que cinq cents dollars chaque mois. Certains mois, il ne paie que deux cents. Un autre mois, il paie mille. Il rembourse de manière erratique [en fonction de la pression exercée par le créancier], bien qu'il ait en poche le montant total. Il veut juste rendre les choses difficiles afin que le créancier renonce à lui et à sa dette. C'est de l’avarice extrême.
De telles personnes font apparaitre le créancier comme un pauvre qui court après l'argent, alors que c'est son droit. Dans certains cas, ces personnes obligent le créancier à le supplier de le rembourser. Parfois, le créancier n’a pas le choix de faire cela, car il a lui-même des obligations à remplir, des obligations dont il avait organisé le paiement en se fiant à la promesse de remboursement du débiteur.
Enfin, il est recommandé que le débiteur dise de belles paroles de gratitude au créancier lors du remboursement de son prêt, car cela adoucira son cœur et l’encouragera à prêter à d'autres à l'avenir.