L’agriculture dans la civilisation islamique
Résumé de l’article :
L’agriculture a toujours occupé une place importante au sein de la civilisation islamique. Chose qui a contribué à préserver les états musulmans et leur homogénéité durant des siècles étant donné que cela leur garantissait une suffisance alimentaire.
L’agriculture dans la civilisation islamique
L’attention des musulmans au domaine de l’agriculture :
L’agriculture a toujours occupé une place importante au sein de la civilisation islamique. Chose qui a contribué à préserver les états musulmans et leur homogénéité durant des siècles étant donné que cela leur garantissait une suffisance alimentaire dans les différentes contrées qui étaient sous son autorité.
Cette attention trouve son origine dans le Coran. En effet, Allah enjoint Ses serviteurs à parcourir la terre et manger de sa subsistance. Allah dit :
« C’est Lui qui vous a facilité la vie sur terre. Parcourez donc ses contrées et nourrissez-vous des dons du Seigneur. » (Coran 67/15).
Allah explique la perfection de Sa création à travers l’agriculture et l’intérêt que cela représente. Cela est présent dans plusieurs versets dont celui-ci :
« Il est un signe pour les hommes dans la terre morte que Nous faisons revivre et de laquelle Nous tirons des céréales dont ils se nourrissent, dans laquelle Nous disposons des palmeraies et des vignes, et faisons jaillir des sources, afin qu’ils consomment de leurs fruits qui ne sont point l’œuvre de leurs mains. Ne vont-ils pas faire preuve de reconnaissance ?» (Coran 36/33-35).
La directive prophétique indiquant la nécessité d’établir une vie sociale sur terre et ne pas la laisser jusqu’à périr est d’une grande clarté. Le Prophète, , a dit : « Celui qui possède une terre qu’il la cultive ou permette à son prochain de le faire et s’il ne le fait pas alors qu’il conserve sa terre. » Rapporté par Boukhari (2215).
Le Prophète, , a dit : « Tout musulman qui plante un arbre ou sème une graine se voit inscrire une aumône chaque fois qu’un homme, une bête ou un autre animal mange des fruits de cet arbre ou de la plante née de cette graine. » Boukhari (2195) Mouslim (1553).
L’attention accordée par la religion musulmane aura des répercussions sur ses adeptes. En effet, les musulmans fourniront des efforts certains pour se préoccuper de ce domaine d’activité. Ils mettront en œuvre les moyens d’irrigation, construiront des barrages, creuseront des puits, traceront le passage de canaux et de fleuves. Sans compter les différentes méthodes pour fertiliser et amender les terres afin d’accroitre la production agricole. Ils auront réellement excellé au point où les européens utiliseront leur connaissance dans ce domaine pour réaliser leur renaissance.
Les écrits les plus célèbres des savants musulmans concernant l’agriculture :
L’attention des musulmans à l’égard de l’agriculture devait se manifester à travers plusieurs ouvrages spécialisés comme les suivants :
- Al-Shajar (les arbres) de Ibn Khâlwî.
- Al-Filâha Wa Al-‘Imâra (l’agriculture et l’utilisation des terres) de Ali ibn Mohammed ibn Sa’d.
- Al-Filâha (l’agriculture) de Ibn Wahshiyya.
- Al-Nabât (les plantes) de Abu Hanifa Al-Dînûrî.
- Al-Zar’ (la plantation) de Abu ‘Ubayda Al-Basrî.
- Le livre Al-Nabât Wa Al-Shajar (les plantes et les arbres) de Abu Said Al-Asma’î aborde les noms des terres et de leurs différents états, et notamment, leur propension à être cultivées. Il traite aussi des noms des plantes en fonction de leur évolution, de leur nombre, de leur propension à se tenir debout et à fleurir. Il a divisé les plantes en deux catégories : féminin ou masculin, acide, salé ou non. Il mentionne aussi les plantes qui poussent dans les plaines et celles qui poussent dans le sable. Il cite plus de 280 noms de plantes, mais encore bien d’autres choses.
L’agriculture et la pharmacologie sont les deux faces d’une seule et même pièce :
L’attention des arabes et des musulmans concernant la science des plantes n’a fait que croître puisque c’est un des fondamentaux de la thérapie et des médicaments. Ce fut l’introduction à de nombreux ouvrages qui portaient le nom de « Al-Mufradât Al-Tibbiyya » soit, le vocabulaire médical. Thème qui étudie les spécificités de chaque plante et la possibilité de les utiliser en tant que médicament.
L’apport civilisationnel des arabes a contribué à l’écriture d’ouvrages encyclopédiques du temps des Abbassides. Cela leur a permis d’acquérir une connaissance profonde des plantes et de leur écosystème. Ils ont procédé à une classification des plantes en différents groupes. Dans le domaine de la flore et de son environnement, les savants musulmans ont légué une terminologie abondante qui prouve à quel point ils avaient une profonde compréhension des particularités de chaque terre, de leur bathymétrie (science de la mesure des reliefs du sol et de sa topographie), leur teneur en sel et leur composition physique.
Les arabes avaient aussi connaissance de ce qu’on appelle aujourd’hui un « indicateur environnemental ». Ils avaient compris que l’absence ou la présence de certaines plantes dans un lieu donné signifiait que d’autres types de plantes étaient nécessairement présentes ou absentes également. Et aussi, qu’il était possible de déterminer les caractéristiques d’une terre en fonction des différentes espèces de plante qui y poussaient. Une plante acide ne peut pousser dans une terre qui reçoit beaucoup de pluie. Elle poussera dans une terre saline. Les terres qui reçoivent de la pluie ne disposent pas d’espace à même de permettre que ces plantes poussent.
Participation des musulmans aux techniques agricoles :
Parmi les techniques agricoles héritées des musulmans, on constate qu’ils utilisaient la charrue, des rigoles d’irrigation, le chadouf (Appareil à bascule servant à puiser l'eau destinée à l'irrigation. NdT.), les batteuses (appareil servant à battre le grain). En Andalousie, ils utilisaient la force du vent pour faire tourner les moulins et ramener de l’eau à la surface. Les européens s’inspireront de ces techniques.
Les musulmans auront été utiles à toute l’humanité par leurs contributions dans de nombreux domaines. L’agriculture n’étant pas en reste. C’est même un des domaines où ils auront le plus contribué en termes d’apport.
L’agriculture et la force de la civilisation islamique :
En accordant toute l’attention requise à ce domaine du savoir, les arabes et les musulmans ont pu préserver leur sécurité alimentaire et leur cohésion sociale durant de longs siècles. Et ce, jusqu’à ce que l’état de cette civilisation se délite et qu’elle s’en remette à d’autres nations pour assurer ses besoins en alimentation et en médicaments. Elle n’a fait que faiblir davantage et rétrécir.
Revenir au rang qui était le sien, celui du progrès et d’une nation florissante, est conditionné à l’attention qu’elle accordera aux différents domaines qui lui garantiront sa suffisance alimentaire sans avoir pour cela besoin des autres nations …
Sources :
- ‘Ilm Al-Nabât ‘Ind Al-‘Arab (tiré de l’encyclopédie de la civilisation des arabes et de l’islam) de Abd Al-Salâm Al-Nuwayhî.
- Al-Tarâtîb Al-Idâriyya de Abd Al-Hayy Al-Kittânî
- ‘Abqariyyat Al-Hadârat Al-Islâmiyya de Ahmad Mohammed ‘Awf
Extrait du site de Dar Al-Ifta.