La vie de tout humain sur cette terre est d’une durée limitée, et ses jours sont comptés… Ses espoirs s’envolent, sa vie s’achève puis son corps se réduit sous terre en poussière. Selon Ibn Mas’ûd (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Toute personne parmi vous n’est qu’un hôte et ses biens lui sont prêtés. Puis, l’hôte finit par partir et les biens empruntés seront tôt ou tard rendus. »
La personne véritablement perspicace est celle qui ne cesse de faire son examen de conscience, tout en œuvrant pour la vie de l’au-delà. Le bienheureux est celui qui termine sa vie en accomplissant une bonne action, alors que le perdant est celui qui la termine en commettant le mal et en tombant dans la perdition. Celui qui vit pour une chose, mourra en la faisant encore ; et ce sont les dernières œuvres qui sont les plus importantes.
Quiconque, grâce à l’assistance divine, emprunte la voie droite durant sa vie, se soumet à Allah et multiplie les œuvres pies tout en évitant ce qui suscite Son courroux, puis demeure fidèle à cette voie jusqu’à la fin de ses jours, Allah lui garantit la perpétuation du même état jusqu’au moment de sa mort et lui accordera une bonne fin. En outre, les Anges de la miséricorde lui feront la bonne annonce de la satisfaction d’Allah et du mérite de Ses honneurs et de Son Paradis. A cet égard, Allah, l’Exalté, dit (sens du verset) : « Ceux qui disent : "Notre Seigneur est Allah", et qui se tiennent dans le droit chemin, les Anges descendent sur eux. "N'ayez pas peur et ne soyez pas affligés; mais ayez la bonne nouvelle du Paradis qui vous était promis. » (Coran 41/30). Anas ibn Mâlik (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté ce hadith authentique du Prophète () : « Quand Allah, Exalté soit-Il, veut du bien à Son serviteur, Il lui permet d'accomplir, avant sa mort, une œuvre pieuse, et c'est alors qu'Il le rappelle à Lui ». L’un des hommes lui posa cette question : « Quelle est cette œuvre pieuse ? » Le Prophète lui répondit : « Allah, l’Exalté, le guide vers l’accomplissement d’une œuvre pieuse juste avant de mourir puis lui fait rendre le dernier soupir dans cet état. » (Rapporté par Ahmad dans son Musnad)
Quant à celui qui s’éloigne de son Seigneur, celui dont le cœur cesse de L’évoquer, et dont les membres répugnent à la pratique des œuvres cultuelles alors qu’ils demeurent fidèles à la perpétration des péchés jusqu’à rencontrer Allah dans ce mauvais état qui est irrévocable, celui-là sera, à sa mort, aux côtés de Satan et aura une mauvaise fin, si bien que les Anges du châtiment viendront lui annoncer la colère d’Allah et Son châtiment. Il est mentionné dans les deux Sahîhs, la parole suivante du Prophète () : « Cela fait plutôt allusion au moment de sa mort. Lorsque l'on lui annonce qu'il recevra la miséricorde et le pardon d'Allah, il est alors désireux de rencontrer Allah, et Allah est désireux de le rencontrer. Et si l'on lui annonce qu'il subira le châtiment divin, il répugne à rencontrer Allah et Allah répugne à le rencontrer ».
Selon Ibn Kathîr : « Le mauvais tour que jouent les péchés, les mauvais actes et les passions à leur auteur au moment de sa mort et le faux pas que lui fait Satan, viennent s’ajouter à la faiblesse de sa foi le guidant ainsi vers son issue fatale. Il compte alors parmi ceux dont Allah a dit : « Et le Diable déserte l'homme (après l'avoir tenté). » (Coran 25/30)
C’est pourquoi, les cœurs des pieux prédécesseurs, des croyants et des vertueux étaient angoissés à l’idée de mal finir leur vie. Ils craignaient que leurs péchés ne les perdent au moment de mourir, et ne les empêchent d’avoir une fin heureuse. Ils savaient que les dernières œuvres sont les plus importantes et que ces dernières œuvres sont le legs des précédentes, le tout étant déjà inscrit dans le Livre (la Tablette bien gardée). En conséquence, ils passèrent leurs journées à jeûner et leurs nuits à prier ; leurs prosternations se firent plus longues et leurs larmes plus chaudes. Qu’Allah fasse miséricorde à Al-Hassan al-Basrî pour avoir dit : « Le croyant a beau accomplir des œuvres pies, il demeure inquiet et angoissé, alors que le libertin a beau commettre les péchés, il se sent en sécurité. ». Comment le croyant pourrait-il être sûr d’être à l’abri du châtiment d’Allah, alors qu’il sait que le cœur est entre deux doigts du Miséricordieux : s’Il veut, Il le raffermit sur le bon chemin et s’Il le veut, Il le fait dévier ? On disait que : « Le cœur des pieux est soucieux des dernières œuvres. Ils s’interrogent : ‘’Quelles seront nos dernières œuvres ?’’. Alors que le cœur des rapprochés d’Allah est soucieux des œuvres antérieures, ils se demandent : « Quelles sont les œuvres que nous avons déjà faites ? »
Selon Sahl ibn Sa’d al-Sâ’iddî (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a dit : « Il se peut que l’homme suive en apparence la conduite des hôtes du Paradis alors qu’il fait partie des habitants de l’Enfer ; en revanche, il se peut que l’homme suive en apparence la conduite des habitants de l’Enfer) alors qu’il fait partie des hôtes du Paradis». (Mouslim)
Un compagnon était en train de pleurer, alors qu’il était sur son lit de mort, quand on lui demanda la raison de son chagrin, il répondit : ‘J’ai entendu le Prophète () dire : « Allah a réuni Ses créatures entre Ses deux paumes, et Il a dit : Ceux-ci seront destinés au Paradis et ceux-là seront destinés en Enfer ». Or, je ne sais plus dans laquelle des deux paumes j’étais.’ Et quand Mu’âdh ibn Djabal agonisait, il a dit à ses coreligionnaires parmi les compagnons : « Regardez si le matin s’est levé ? » Ils dirent : « non » ; alors il dit : « Nous nous réfugions auprès d’Allah d’une nuit qui aboutit à un matin en Enfer ! » Il pleura et dit : « O Seigneur ! Tu sais combien je Te craignais, et aujourd’hui, j’ai espoir en Toi. »
Selon al-Maznî : « Je suis allé visiter al-Châfi’î lors de sa maladie terminale, et je lui ai dit : Comment vas-tu maintenant ? » Il répondit : « Je suis sur le point de quitter cette vie ainsi que mes amis … Je suis sur le point de mourir et de quitter mes œuvres, d’aller à la rencontre d’Allah. » Puis, il se mit à pleurer et dit : « Je ne sais pas si mon âme est destinée au Paradis, et qu’il est temps de la féliciter, ou bien à l’Enfer, et qu’il est temps de la consoler ?! ».
Quand l’imam vertueux, Mohammed ibn Sirîn fut sur le point de mourir, il pleura et quand son entourage lui demanda la raison de ces lamentations, il dit : « Je pleure pour avoir gaspillé les jours passés, sans avoir œuvré pour le Paradis et pour ce qui pourrait me sauver de l’Enfer douloureux. »
Tel était l’état de nos pieux prédécesseurs et des croyants rapprochés d’Allah qui ont passé leur vie dans la soumission à Allah et qui sont morts tout en L’évoquant ; qu’en est-il donc de nous ? Nous qui désobéissons à Allah et oublions Son stratagème. Où est la peur de la mauvaise fin ? Et comment nous préparons-nous à une issue heureuse ? Comment pouvons-nous nous sentir à l’abri d’une mauvaise fin, alors que certains parmi ceux qui ont prêté serment d’allégeance au Prophète () ont eu une issue fatale malgré leur participation au Djihad. En effet, il y en a un qui, après avoir combattu avec bravoure, se donna la mort à l’aide de son épée pour mettre fin à ses blessures et aux souffrances qui le meurtrissaient. Ainsi, il en est mort, et le Prophète a dit de lui : « Il ira en enfer ». (Boukhârî et Mouslim)
Celui qui ne regrette pas, alors qu’il est encore en vie, ce qu’il a gaspillé de sa vie, loin de l’obéissance d’Allah, son cœur en sera affligé au moment où il rendra le dernier soupir et il méritera d’être concerné par ce verset d’Allah : « Ils ont oublié Allah et Il les a alors oubliés. » (Coran 9 /67)
Que la peur d’une issue fatale soit présente en nous, et qu’on tire de cela l’énergie pour accomplir plus d’œuvres pies et d’actes pieux. Le Prophète () dit : «Celui qui craint Allah sera un itinérant nocturne diligent et quiconque l’est finira par atteindre le refuge. Sachez que la marchandise d’Allah est chère. Sachez que la marchandise d’Allah est le Paradis. littéralement : "Celui qui a peur d'être attaqué par l'ennemi, voyage la nuit ; et celui qui voyage la nuit, parvient à destination". » (al-Tirmidhî)
Pour être parmi ceux qui finiront bien leur vie, parmi ceux dont parle Allah, exalté soit-Il, (sens du verset) : « Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu'en pleine soumission. » (Coran 3/102), il faut craindre Allah et éviter ce qui risque de susciter Son courroux. Purifions nos cœurs de l’hypocrisie, de l’orgueil, de l’envie, de la haine et de la rancœur. Purifions nos langues du mensonge, de la médisance, des ragots et de la calomnie ; et ce pour compter parmi ceux à qui on fera la bonne annonce du salut et parmi ceux qui aiment rencontrer Allah et qu’Allah aime rencontrer.
Nous implorons Allah pour que nos dernières œuvres soient les meilleures, et pour que le meilleur de nos jours, soit celui où nous Le rencontrerons et que notre dernière parole avant de mourir soit : « Nul n’est digne d’être adoré qu’Allah. »