Il est connu comme étant Al-Kitâb (le Livre). Il est si connu et si vénéré que quand un musulman se réfère au ‘Livre’, on comprend qu’il fait référence au Noble Coran. Il est le Livre au-dessus de tous les livres car il est la Révélation complète et finale d’Allah, exalté soit-Il, à l’humanité. Il est le meilleur des discours, le Livre de sagesse qui nous guide, et il restera inchangé et protégé jusqu’au Jour du Jugement.
En général, les musulmans décorent les pages et la couverture externe du Coran et le placent souvent sur l’étagère la plus élevée de leur maison pour montrer son statut élevé.
La plupart des musulmans commencent les plus importantes cérémonies de leur vie par la récitation de ses mots bénis. Pourtant, quand il est récité, peu sont ceux qui l’écoutent attentivement et moins nombreux encore sont ceux qui le comprennent. Et encore moins nombreux sont ceux qui méditent ses sens et consacrent leur vie à l’étudier. Un être humain ne s’abstiendrait jamais des éléments qui sont nécessaires pour nourrir son corps, pourtant tant d’humains vivent de longues périodes de temps se privant de ce qui nourrit le cœur et l’esprit : le Noble Coran.
Ibn Mas’ûd, qu'Allah soit satisfait de lui, un célèbre compagnon du Prophète () a dit : « Aucun d’entre vous n’a besoin de s’interroger sur quoi que ce soit sauf sur le Coran : s’il aime le Coran, il aime Allah, exalté soit-Il, et s’il déteste le Coran, il déteste Allah, exalté soit-Il, et Son Messager (). » (Ibn Taymiyya, Al-Furqân, p. 74)
Il existe donc un lien direct entre la relation d’un individu avec Allah, exalté soit-Il, et sa relation avec le Coran. Ceci est le cas car le Coran est notre source de savoir au sujet de la vérité de toute chose, au sujet de ce qu’Allah, exalté soit-Il, aime et de ce qu’Il déteste, de Son essence et de Ses actions. Il est notre lien avec Allah, exalté soit-Il, et c’est la raison pour laquelle Allah nous a ordonné de réciter le Coran durant chacune de nos prières quotidiennes. Par conséquent, celui qui abandonne le Coran, a en fait abandonné son lien et sa relation avec Allah, exalté soit-Il.
Si un musulman abandonne le Coran dans sa vie, la foi de son cœur s’affaiblit, il s’habitue au fait de ne pas tenir compte des ordres d’Allah, exalté soit-Il, et il commence à oublier la promesse d’Allah, exalté soit-Il, dans l’au-delà, et au lieu de cela, il désire les plaisirs de cette vie éphémère.
Le lien avec Allah, exalté soit-Il, qui donne une vraie vie au cœur des hommes, est tranché et le cœur devient un sombre cachot ; la souillure des péchés le recouvre et aucune lumière de ne le pénètre pour le guider. C’est la raison pour laquelle ‘Uthmân ibn ‘Affân, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : « Si nos cœurs étaient vraiment purs, nous ne serions jamais rassasiés des paroles d’Allah, exalté soit-Il. » (Ibn Taymiyya, Al-Furqân, p. 74)
L’avènement d’une époque où les gens abandonneraient le Coran a été annoncé dans le Livre lui-même. Dans la Sourate Al-Furqân Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Et le Messager dit : « Seigneur, mon peuple a vraiment pris ce Coran pour une chose délaissée ! » (Coran 25/30). Les exégètes divergent quant au sens de ce verset, à qui il fait référence, et le sens du passage ‘pris ce Coran pour une chose délaissée’ ». Al-Qurtubî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Il a été dit que la parole du Messager ‘Seigneur’ sera dite le Jour du Jugement. » (Tafsîr Al-Qurtubî).
Certains savants considèrent que ce verset fait référence aux polythéistes de La Mecque qui faisaient du bruit et parlaient à haute voix quand le Coran était récité, pour étouffer sa récitation. Ils le faisaient par crainte que ceux qui entendraient le Coran ne soient touchés par sa magnificence ; ils faisaient cela également par moquerie et dédain envers lui. Nous informant de leur attitude envers le Coran Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
« Les négateurs disent : «N'écoutez pas ce Coran, mais faites du chahut quand il est récité ! Peut-être en triompherez-vous ainsi ! » Nous infligerons à ces impies un châtiment implacable et Nous leur ferons durement payer tout le mal qu'ils ont commis. » (Coran 41/26-27)
Ibn Kathîr, qu'Allah lui fasse miséricorde, déclare qu’il s’agit là d’une, et de la pire, forme d’abandon. Des autres formes, il dit : « Quand le Coran était récité, ils proféraient des paroles vaines ou parlaient de quelque chose d’autre, pour ne pas l’entendre. C’est une forme d’abandon du Coran ; tout comme le fait de ne pas y croire est également une forme de délaissement, ou le fait de négliger de méditer sur le Coran et de chercher à le comprendre, ou de négliger le savoir qui s’y trouve, ou ne pas se conformer à ses ordres ni éviter ses interdictions, ou encore le fait de s’en détourner au profit d’autres choses telles que la poésie, les proverbes, le chant ou autres divertissements, ou le fait de parler ou de prendre une autre voie que la sienne. » (Tafsîr Ibn Kathîr, trad. v.7, p. 167).
Les paroles des savants montrent de manière évidente qu’il y a différents niveaux d’abandon du Coran. Le pire des niveaux d’abandon est de ne pas croire en le Coran et d’empêcher les autres de l’écouter comme l’ont fait les païens Arabes de La Mecque à l’époque du Prophète ().
Le deuxième niveau d’abandon du Coran est de ne pas rechercher son Message, comme c’est le cas de nombreux êtres humains qui passent toute leur vie sans accorder aucune priorité à Allah, exalté soit-Il, et qui ainsi n’essaient pas de découvrir Sa Révélation véridique.
Le troisième niveau d’abandon est commis par ceux qui croient en le Coran, c’est-à-dire les musulmans qui ne l’écoutent même pas. Ecouter vient avant la lecture car cela est plus facile et n’exige aucune connaissance (des règles de la récitation) de la part de celui qui écoute. Ce niveau d’abandon ne signifie pas que le Coran ne soit jamais récité en la présence de ces musulmans, mais il signifie plutôt que, quand il est récité, ils ne se concentrent pas en l’écoutant, ce qui est la moindre des choses qu’ils devraient faire, par respect. Ceux qui ont abandonné le Coran de cette manière continuent leurs bavardages pendant la récitation du Coran, ne ressentant aucune honte ni pudeur devant Allah, exalté soit-Il. Ils peuvent même faire des blagues ou rire à gorge déployée alors que le Coran est récité, ce qui est en totale contradiction avec l’état d’humilité et de méditation qu’Allah, exalté soit-Il, nous a ordonné d’adopter quand Ses paroles sont récitées. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Et quand on récite le Coran, prêtez-lui l'oreille attentivement et observez le silence, afin que vous obteniez la miséricorde (d'Allah). » (Coran 7/204).
Il découle de cela qu’une autre forme d’abandon, à ce niveau, est le fait d’être silencieux alors que le Coran est récité tout en permettant à son esprit d’errer, sans réfléchir aux sens de ses versets.
Un niveau encore pire d’abandon du Coran est le fait d’écouter des chansons, de la musique, de la poésie ou toute autre forme de discours, au lieu du Coran. Le résultat de ceci a été mentionné dans la parole de Ibn Mas’ûd, qu'Allah soit satisfait de lui : « L’évocation d’Allah, exalté soit-Il, fait que la foi grandit dans le cœur tout comme l’eau permet aux oignons de pousser, et les chansons font pousser l’hypocrisie dans le cœur tout comme l’eau permet aux oignons de pousser. » (Ibn Taymiyya, Al-Furqân, p. 74).
Le quatrième niveau d’abandon est d’abandonner la lecture du Coran. Ceci englobe ceux qui ne font aucun effort pour apprendre l’alphabet arabe et les voyelles pour être capable de lire le Coran. Il englobe également ceux qui savent le lire, mais qui commettent de nombreuses erreurs en raison de leur négligence, comme le fait de ne pas prononcer les lettres correctement alors qu’ils ont la capacité de le faire, ou de ne pas respecter les règles les plus fondamentales de la Tilâwa (règles de la récitation), ou de le réciter tellement vite qu’il est facile de sauter certaines voyelles ou autre. Ceci ne fait pas référence à ceux qui font des erreurs en apprenant ; ceux qui font des erreurs en essayant de leur mieux pour se corriger, ne commettent aucun péché, et ils reçoivent même une double rétribution si la récitation du Coran leur est difficile. (Boukhari et Mouslim)
Un autre aspect de cet abandon concerne l’usage que font certaines personnes du Coran pour obtenir des gains matériels. Imrân ibn Husayn, qu'Allah soit satisfait de lui, a raconté que quand il a rencontré un lecteur qui, après avoir récité le Coran, a ensuite demandé un salaire, il lui a rapporté qu’il avait entendu le Prophète () dire :
« Quand quelqu’un récite le Coran qu’il en demande la rétribution à Allah, exalté soit-Il, car (dans l’avenir) il y aura des gens qui réciteront le Coran et en demanderont la rétribution auprès des hommes. » (al-Tirmidhî : Hasan).
Le cinquième niveau d’abandon est l’abandon de la mémorisation du Coran. Ceci peut faire référence à ceux qui, au cours de leur vie, ne mémorisent qu’une petite portion du Coran, ou ceux qui le mémorisent en entier mais qui se laissent aller à l’oublier par manque de révision. Concernant ceux qui n’en mémorisent rien ou très peu, les narrations qui suivent se réfèrent à eux. Ibn ‘Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, a raconté que le messager () a dit : « Celui dont le cœur ne contient rien du Noble Coran est semblable à une maison abandonnée. » (al-Tirmidhî : Hasan-Sahîh).
Concernant ceux qui le mémorisent, le hadith suivant nous informe des efforts nécessaires pour préserver le Coran dans l’esprit et le cœur de l’individu. Abû Musâ al-Ach’arî, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Messager () a dit : Le mémorisateur du Coran est comparable à un propriétaire de chameaux bien attachés. S’il les entretient bien, ils lui restent intacts. Autrement, ils se sauvent.
« Préservez le Noble Coran dans votre cœur. Par Allah qui détient l’âme de Mohammad entre Ses Mains, il s’échappe plus facilement que ne le font les chameaux de leurs liens.» (Boukhari, Mouslim).
Ceci ou n’importe quel niveau d’abandon provient en général de l’ignorance de la vertu de chaque aspect qui entoure le Coran. De plus, si les jeunes savaient combien ils regretteront de ne pas avoir tiré profit de « l’âge d’or », l’étape pendant laquelle l’esprit peut mémoriser plus facilement, ils ne retarderaient pas la mémorisation du Coran un seul instant
L’abandon de la réflexion est le sixième niveau. Ceci est principalement dû au manque de compréhension de la langue arabe. Selon un hadith Da’îf Djiddân (très peu fiable) : « L’Arabe est celui qui apprend la langue arabe. » Bien évidemment, les musulmans d’origine arabe n’ont pas le monopole de la langue arabe. Donc, la négligence de la langue arabe dénote une négligence de la compréhension du Coran.
Il ne s’agit ni d’un élitisme nationaliste ou ethnique qui élève la langue arabe, mais plutôt du fait que l’arabe est la langue du Noble Livre d’Allah, exalté soit-Il. En fait, Allah, exalté soit-Il, nous informe dans le Coran qu’Il a fait du Coran un Livre en langue arabe pour en faciliter la compréhension et la mémorisation. Allah, exalté soit-Il, dans la Sourate Yûsuf dit (sens du verset) : « Nous l'avons révélé en langue arabe, afin que vous puissiez le comprendre » (Coran 12/2). Ainsi, celui qui s’accroche à la langue arabe et fait de son mieux pour l’apprendre obtient un niveau élevé d’affinité avec le Coran et un niveau élevé de compréhension, et celui qui est proche du Coran est proche d’Allah, exalté soit-Il.
Le dernier et le plus dangereux niveau est l’abandon de la mise en application (du Coran). L’essence de ce type d’abandon est illustrée dans la narration suivante dans laquelle le messager () a dit : « […] Le Coran est soit un argument en votre faveur ou en votre défaveur. » (Mouslim). L’imam al-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde, mentionne au sujet du sens de ce hadith : « (il signifie) que vous profiterez du Coran si vous le récitez et si vous le mettez en application, sinon il sera un argument contre vous. » Ceci signifie que le Jour du Jugement, le Coran sera une preuve ou un témoignage contre ceux qui auront désobéi à Allah, exalté soit-Il, et qui n’auront pas suivi la voie qu’Il a tracée dans Son Livre Sacré.
L’objectif même de l’écoute, de la lecture, de la mémorisation et de la méditation du Coran est d’être capable de mettre ses préceptes en pratique, et donc ceci est le niveau d’abandon le plus grave. Ceux qui ne mettent pas les préceptes du Coran en pratique tomberont en ruine et ceci est vrai même au niveau des nations et des civilisations. ‘Umar ibn al-Khattâb, qu'Allah soit satisfait de lui, a raconté que le messager () a dit : «Allah élèvera par ce Livre (le Coran) le rang de certains et rabaissera celui de certains autres.» (Mouslim)
Ce niveau d’abandon, appliqué aux nations, signifie qu’elles soient gouvernées par d’autres lois que celle du Coran. L’exemple le plus puissant de la manière dont le Coran élève les nations est l’exemple du messager () et de ses compagnons. ‘A‘icha, qu'Allah soit satisfait d’elle, l’épouse du Prophète () a décrit son caractère () comme étant le Coran même. Il () incarnait la pratique complète et parfaite des principes du Coran dans sa vie et ses Compagnons l’on imité.
En adhérant aux principes du Livre Sacré d’Allah, exalté soit-Il, un groupe de 40 hommes et femmes, opprimés et pauvres, sont devenus la force la plus puissante de la Péninsule arabique en une période ne dépassant pas les 23 ans. Les musulmans d’aujourd’hui n’ont pas besoin de se demander pourquoi ils vivent une réalité humiliante, même quand ils ne manquent ni de richesses ni d’effectifs. Ils n’ont pas besoin de chercher plus loin que le Coran pour trouver la solution.
Les niveaux d’abandon sont en fait de simples étapes dans la dégradation de la Umma (Communauté) et de ses membres. Les niveaux d’abandon sont classés dans cet ordre car chaque niveau est bâti sur l’autre et rend le problème de l’abandon plus profond encore. Celui qui ne peut pas lire trouvera la mémorisation difficile et il est plus susceptible de commettre des erreurs. Et celui qui n’est pas motivé par le désir de mémoriser le Coran ne méditera certainement pas sur lui. Et celui qui ne médite pas sur le Coran ne pourra, certainement pas en faire un guide exhaustif de sa vie.
Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
« Et quiconque s'aveugle (et s'écarte) du rappel du Tout Miséricordieux, Nous lui désignons un diable qui devient son compagnon inséparable. Ils [Les diables] détournent certes [les hommes] du droit chemin, tandis que ceux-ci s'estiment être bien guidés. » (Coran 43/36-37)