S’il y a un domaine dans lequel les musulmans se sont surpassés c’est bien le domaine militaire, c’est ainsi que les grands chefs militaires musulmans sont innombrables et il est impossible d’en faire une liste exhaustive. Cette réalité est probablement due au fait que les musulmans ont à travers leur longue histoire faite de conquêtes et de défenses de leurs acquis territoriaux pris part à de nombreux conflits armés.
Le monde ne pourra donc jamais oublier les grands noms de la Oumma que sont : Khâlid ibn al-Walîd, ‘Amrû ibn al-Âs, al-Muthnâ ibn Hâtitha, al-Qa’qâ’ ibn ‘Amrû, ‘Uqba ibn Nâfi’, Salâh al-dîn al-Ayyûbî, Muhammad al-Fâtih, Nûr al-dîn Mahmûd et tous les autres grands chefs militaires musulmans qui ont mené des batailles avec une grande intelligence, ils réussirent ainsi à faire du combat dans le sentier d’Allah une réalité pratique qui donna beaucoup de fil à retordre aux chefs ennemis.
En général, l’action de ces chefs ne se limitait pas à l’activité militaire, mais ils assumaient également de hautes responsabilités administratives, car ils étaient souvent aussi des chefs politiques capables de gouverner ; en fait, devant l’histoire, leur action politico-administrative n’est pas moins importante que leur action militaire, autrement dit leur rôle de gouverneur est une partie non négligeable de leur biographie. Par conséquent, quand on s’intéresse à la vie de ces grands hommes, il faut en étudier tous les aspects et voir donc en eux aussi de simples individus qui mangent comme tout le monde et marchent dans les marchés, qui agissent au quotidien comme n’importe, qui se marient et font des enfants ou qui ont des traits de caractères humains avec tout ce que cela comporte de qualités et défauts. Le but de cette approche est de proposer une biographie historique de ces hommes la plus complète possible, et ce, afin que celui qui étudie leur histoire puisse s’imaginer de manière très claire quel genre d’êtres humains ces grands personnages étaient dans leur vie, mais aussi évidemment quel genre de chefs militaires et politiques ils étaient. Il n’est ni intéressant ni logique de ne s’arrêter que sur leur action militaire et leur qualités de meneur d’hommes dans la guerre, car le fait de rappeler leurs traits de caractère typiquement humains permet d’éclairer toute la réalité historique de ces personnages, qu’elle fût militaire ou non.
Les chefs militaires arabo-musulmans possédaient des caractéristiques et particularités propres à leur époque, à leurs croyances et à leurs traditions, en conséquence il faut les contextualiser, les prendre telles qu’elles sont et bien comprendre en quoi elles influaient sur l’action et la personnalité de ces hommes d’exception, et ce, évidemment, sans transformer leur biographie en leur ajoutant des qualités et caractéristiques qu’ils ne possédaient nullement, et qu’ils réfuteraient même s’ils revenaient à la vie.
L’œuvre admirable qu’accomplirent ces chefs militaires arabo-musulmans pour leurs croyances et leur communauté doit être rappelée en faisant montre à leur égard d’une grande reconnaissance, elle doit en outre être attachée à la biographie de chacun d’entre eux avec un immense sentiment de fierté et inscrite sur les pages lumineuses des hommes rares.
Cependant, si nous devons désigner le plus grand chef militaire de tous les temps, il ne fait aucun doute qu’il s’agit du Prophète (), il () incarne l’exemple même, accompli et parfait du chef militaire musulman, il () fut un chef expérimenté à l’autorité indiscutable, il () participait aux combats côte à côte avec ses hommes et se concertait avec eux sur les choses militaires, et à ce propos nous rappelons que les chefs militaires parmi ses Compagnons, qu’Allah les agrée, se formèrent complètement grâce à son éducation, sa pensée, ses recommandations et les fondamentaux militaires qu’ils apprirent de lui ().
Il faut bien comprendre que le Prophète () réussit à faire de la défaite que les musulmans essuyèrent à Uhud une victoire politique et militaire, si à cette occasion l’armée musulmane avant été dirigée par un autre chef, ce dernier se serait lamenté ou bien il aurait puni très durement les archers. Mais le Prophète () ne fit rien de cela, car c’est le meilleur des êtres humains, et c’est ainsi qu’il () sortit faire une expédition armée le jour suivant la bataille de Uhud et donna pour condition que ne l’accompagne uniquement ceux qui avaient participé à la bataille, et quand les musulmans rencontrèrent les hommes de Quraych, ces derniers fuirent devant eux et c’est comme cela que les musulmans gardèrent la face et recouvrèrent leur honneur.
Rappelons également quelle fut l’attitude du Prophète () lors de l’expédition de Hunayn après qu’une grande partie de son armée eut pris la fuite, seuls lui et une poignée de ses hommes – moins d’une centaine tout au plus – restèrent sur le champ de bataille, eh bien malgré cette situation extrêmement grave il () réussit par son courage extraordinaire à faire revenir ses combattants dans la bataille, et ce, après qu’il () eut clairement risqué sa vie et dit à haute voix aux ennemis les plus proches : « En toute vérité je suis le Prophète et je suis le fils de ‘Abd al-Muttalib » (Boukhari) ; c’est ensuite que ses Compagnons se rangèrent autour de lui et se remobilisèrent avec enthousiasme et détermination, à telle enseigne qu’ils transformèrent la défaite en victoire. Il nous faut rappeler ici que le Prophète () a conduit avec ses hommes 28 expéditions armées, et il () fut, lors de ces dernières, un modèle à suivre pour les musulmans dans les domaines du commandement, de la domination, de la détermination et de la compréhension des erreurs des autres et pour ainsi dire dans tous les domaines qui ont trait à la chose militaire et politique, il faut bien voir qu’à travers l’histoire et jusqu’à nos jours aucune personne à part lui () n’a rassemblé toutes ces qualités.
Si nous nous posons la question suivante : qu’est qui a poussé un penseur américain comme Mickael Hart à mettre en haut de la liste qu’il a tracée dans son livre Les cent plus grands personnages de l’Histoire le Prophète () ? Notre réponse sera que ceux qui parmi les non-musulmans sont justes ne peuvent que respecter le Prophète ().
Nous pouvons diviser en trois catégories principales les chefs militaires arabo-musulmans qui sont sortis de « l’école de guerre prophétique » :
A – La première catégorie : rassemble les chefs militaires qui ont pris une part active aux conquêtes islamiques, on y trouve notamment :
1- Les chefs militaires du Prophète () : parmi eux on trouve ceux qui ont dirigé ses escadrons, ceux qui étaient en charge des unités chargées de sécuriser l’armée en marche comme l’avant-garde, l’arrière-garde ou les ailes, ceux qui guidaient les brigades d’éclaireurs, ceux qui étaient à la tête de certaines parties des Compagnons comme les Emigrés, les Ansars ou les diverses tribus médinoises, ceux qui dirigeaient les colonnes étant chargées de missions bien particulières comme celles qui pénétrèrent à La Mecque lors de sa conquête.
2- Les chefs militaires des conquêtes islamiques : c’est-à-dire ceux qui débutèrent le processus des grandes conquêtes en l’an 11 de l’Hégire (632) et qui se termina en l’an 100 de l’Hégire (718), c’est ainsi que l’étendue des conquêtes s’élargit considérablement à l’époque d’Abû Bakr et de ‘Umar ibn al-Khattâb, et ce, jusqu’à l’an 31 (651) de l’époque de ‘Uthmân ibn ‘Affân, qu’Allah les agrée tous ; il est possible d’ajouter parmi les premiers grands chefs militaires des premières conquêtes Asad ibn al-Furât, qui s’empara de la Sicile, Muhammad al-Fâtih, qui prit Constantinople, de même que nous pouvons ajouter à cette liste les chefs qui ont fait la conquête de certaines parties de l’Europe à l’époque du califat ottoman, lesquels sont sans conteste de grands conquérants.
3- Les chefs militaires qui ont repris des territoires musulmans qui avaient été conquis puis perdus, mouvement de reconquête qui se produisit notamment à l’époque des Abbassides puis à celle des Croisades, parmi ces grands chefs de guerre on trouve évidemment en premier lieu Salâh al-dîn al-Ayyûbî qui reprit Bayt al-Maqdis (Jérusalem) des mains des Francs qui l’occupaient depuis près d’un siècle.
B – La deuxième catégorie : rassemble les chefs militaires qui défendirent les territoires musulmans, c’est-à-dire ceux qui purent contenir les agressions extérieures, on compte parmi ces valeureux les chefs qui réussirent à défendre avec succès la terre d’Islam notamment à l’époque des Abbassides, à celle des Taifas en Andalousie ou à celle des Croisades, mais plus généralement à chaque fois que dans l’histoire l’intégrité territoriale de la Oumma fut menacée, comme ce fut le cas avec le sultan Qutuz qui contint les Tatares et finit par les vaincre lors de la bataille de ‘Ayn Djâlût.
C – La troisième catégorie : rassemble tous ces chefs militaires courageux qui menèrent la résistance armée contre l’occupation étrangère des terres d’Islam, parmi eux il y a évidemment l’émir ‘Abd al-Qâdir al-Djazâ`irî qui fit tout ce qu’il put pour bouter les Français hors d’Algérie ou bien encore ‘Umar al-Mukhtâr qui prit la tête de la révolte libyenne contre l’occupant italien.
Tâmi Badr
Source Islamstory, traduction Islamweb.