Zabid est une ville se trouvant dans la province d’al-Hudayda dans l’ouest du Yémen, laquelle ville fut désignée en 1993 par l’organisation des Nations Unis s’occupant de la culture et des sciences, l’Unesco, un vestige civilisationnel et historique appartenant au patrimoine mondial de l’humanité. Et en mars 1998, la même organisation intégra Zabid dans la liste des villes historiques à l’échelle mondiale.
La superficie de la ville de Zabid atteint environ les 245 hectares, desquels 92 hectares constituent la zone considérée comme englobant la ville historique, laquelle est limitée par des remparts. La ville dont les contours furent tracés par Muhammad ibn Ziyâd, qui fut le fondateur de l’Etat Zaydite en 204 de l’Hégire, est considérée comme la première cité islamique du Yémen, cette dernière prit le nom du fleuve qui se trouve au centre du pays, nous pouvons dire en outre que cette ville appartient à la province d’al-Hudayda qui se trouve à l’extrême ouest du Yémen.
La ville de Zabid a atteint une renommée culturelle et scientifique remarquable ce qui fit d’elle un centre de savoir qui attira des oulémas des quatre coins du monde musulman, à telle enseigne que son nom est attaché à des grands noms des sciences islamiques comme al-Murtadâ al-Zabîdî auteur du célèbre dictionnaire Tâdj al-‘arûs, lequel est considéré par les spécialistes du domaine comme la quintessence des dictionnaires arabes. Par ailleurs, cette ville fut une étape importante sur la route des divers voyageurs arabes et étrangers qui visitèrent le Yémen tout au long de sa longue histoire. Notons que l’auteur Yâsîn al-Tamîmî, qui est le président de l’association des rédacteurs de guides touristiques au Yémen, dit que la ville de Zabid a joué des rôles très importants depuis que ses contours furent tracés par le gouverneur abbasside Muhammad ibn Ziyâd qui en fit le centre décisionnel du gouvernorat de la province du Yémen en 204 de l’Hégire, c’est-à-dire avant qu’il ne s’oppose au pouvoir central de Bagdad et qu’il ne fonde donc son propre Etat au Yémen dont la capitale deviendra alors naturellement cette ville de Zabid. En sus, al-Tamîmî ajoute que cette dernière continua à remplir son rôle de capitale politique durant le règne de trois Etats différents : l’Etat zaydite, l’Etat nadjahite et l’Etat mahdite. Toutefois, son rôle de ville à la haute influence politique connut un reflux à l’époque du règne de la dynastie des Rassoulides qui dura de 1229 à 1454 de l’ère chrétienne, mais malgré tout la ville continua à être florissante grâce à son rôle scientifique et culturel qui connut notamment un fort développement à l’époque des Rassoulides au point qu’elle devint l’un des plus grands lieux de savoir de tout le monde musulman et donc l’une des destinations de prédilection des oulémas et des étudiants venant des quatre coins de l’empire islamique.
La ville de Zabid possède quatre portes anciennes construites en pierres et extrêmement belles, chacune d’entre elles se situent sur un côté des remparts de la ville maintenant en ruines, on trouve donc tout d’abord la porte septentrionale, appelée la Porte d’al-Suhâm, elle est composée de deux étages et abrite aujourd’hui des services étatiques ; puis la porte méridionale, appelée la Porte d’al-Qartâb ; puis, la porte orientale ou Porte d’al-Chabârîq : et, enfin, la porte occidentale ou Porte d’al-Nakhl.
Parmi les monuments les plus importants de cette ville yéménite on trouve la mosquée al-Achâ’ir, il s’agit là de sa mosquée historiquement la plus ancienne, elle fut fondée en l’an 8 de l’Hégire suite à un ordre du Prophète () donné à un groupe de croyants appartenant à la tribu des Ach’ariyyîn à laquelle appartenait le grand Compagnon Abû Mûsâ al-Ach’arî. Par ailleurs, signalons en outre que l’un des hauts lieux de la science dans la ville de Zabid est la grande bibliothèque qui rassemble un très grand nombre d’ouvrages et de manuscrits placés là sous le régime du legs pieux par les oulémas de la ville à destination des étudiants en sciences islamiques.
Notons également que Zabid a sa grande citadelle, laquelle est considérée comme la plus grande place forte de la cité, c’est un édifice imposant qui se compose de différents bâtiments et dépendances reliés entre eux et jouissant d’une cohérence globale (une mosquée, un puits, des réserves, des entrepôts, des écuries ou encore un tribunal), cette grande citadelle est entourée d’un rempart ainsi que du mur de la mosquée. Actuellement cette citadelle est séparée en différentes parties dont certaines sont en rénovation, l’une d’entre elle abrite un musée local et certaines autres parties de l’édifice accueillent des bureaux administratifs.
Quant aux écoles islamiques, nous pouvons dire qu’il y en a plus de 80, chacune d’entre elles est considérée comme un véritable trésor architectural, ce qui est révélateur du niveau d’excellence et de développement atteint par l’ancien art architectural yéménite ; par ailleurs, outre cet aspect artistique, ces écoles jouèrent un rôle historique et scientifique essentiel qui firent de Zabid l’un des centres de savoir les plus réputés du monde musulman. Notons enfin que ces écoles sont également considérées comme les lieux touristiques et culturels les plus importants de la cité, ces dernières accueillent chaque année un nombre en constante augmentation de touristes, de chercheurs ou de passionnés.
Al-Tamîmî explique que la ville de Zabid a acquis une importance exceptionnelle à l’époque des Ottomans (et ce notamment durant deux périodes, de 1539 à 1634 et de 1972 à 1918), c’est ainsi que ces derniers firent de cette cité leur principal quartier général pour la défense militaire au Yémen, de plus à côté de ce rôle militaire la ville de Zabid continua à jouer pleinement son rôle de ville de savoir et culturelle.
En sus selon cet auteur Zabid a connu alors un grand développement économique grâce à l’établissement d’une industrie spécialisée dans les textiles et les teintures qui fut florissante durant des siècles, la ville acquit une renommée grâce à ce marché qui s’étendait non seulement à tout le Yémen mais également dans tout le monde musulman et jusqu’au sud de l’Asie. C’est donc grâce à ce rôle commercial et industriel que des communautés indiennes, turques, africaines et même européennes s’installèrent à Zabid, signalons que de toutes ces communautés la plus influente était sans nul doute la communauté indienne, laquelle était composée de musulmans mais aussi de non-musulmans et elle contrôlait généralement l’industrie du textile et de la teinture.
Selon al-Tamîmî, il est important de noter que « les mérites de cette cité se multiplièrent encore à l’époque ottomane, c’est ainsi que la ville connut à ce moment-là une grande croissance économique qui se prolongea sous l’égide des Ottomans jusqu’à la toute fin du XIXe siècle. Cela eut des répercussions sur les différents domaines de l’architecture, et notamment sur celui des fortifications de la ville, de même que ce bien-être économique éleva le niveau de vie et de développement de ses habitants, lesquels, eût égards à leurs caractéristiques physiques et leurs diverses origines ethniques et géographiques, représentaient un panel de la diversité des sociétés du monde. Notons que Zabid partageait ce caractère avec la plupart des cités côtières environnantes et avec à leur tête la célèbre ville portuaire d’al-Makhâ`, celle d’al-Lahya ou encore celle d’al-Hudayda ». Poursuivant son commentaire sur la ville de Zabid, al-Tamîmî nous dit que l’importance de cette ville aujourd’hui réside dans son héritage architectural ainsi que dans son héritage historique et plus particulièrement dans le domaine savoir et de la culture. Tout cela donne à cette cité yéménite une valeur historique, civilisationnelle, architecturale et culturelle tout à fait unique et exceptionnelle, ce qui fait qu’elle mérite aujourd’hui d’être considérée comme un élément important du patrimoine mondial de l’humanité.
Toutefois, malgré son importance, cette ville de Zabid est sujette à des modifications et défigurations de son architecture exceptionnelle, c’est ainsi que ses habitants ont dernièrement alerté sur le fait que tous les efforts nécessaires n’étaient pas consentis afin de la préserver, de plus il est malheureusement à signaler que les autorités locales n’appliquent pas dans ce domaine les règles que leur impose la loi et dont le rôle est de protéger les cités historiques et culturelles comme celle de Zabid.
Notons pour finir que le gouvernement exige que soit construite rapidement une ville nouvelle en dehors de la ville historique de Zabid qui accueillerait les familles habitant dans cette dernière. C’est là un exemple des mesures prises par les Yéménites afin de préserver Zabid des destructions et négligences humaines comme des outrages du temps dans le but de maintenir dans le meilleur état possible son héritage architectural ainsi que l’environnement exceptionnel de cette cité.
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