La prière de l’istisqâ’ ou la prière pour obtenir la pluie consiste à demander de la pluie à Allah le Tout-Puissant durant les périodes de sécheresse. Les gens sont naturellement disposés à demander de l’aide à Celui qui est en mesure de les aider, Allah, l’Unique. Cette prière était déjà pratiquée par les peuples qui nous ont précédés, elle constitue aussi l’une des traditions des autres prophètes, que la paix soit sur eux ; en effet, Allah a dit dans le Noble Coran : « Et [rappelez-vous], quand Moïse demanda de l'eau pour désaltérer son people… » (Coran 2/60).
Le sceau des prophètes, Mohammed () a lui-même effectué cette prière à de nombreuses reprises et dans différents cas. Les savants musulmans sont unanimement d’accord pour reconnaitre le caractère légal d’un tel acte d’adoration.
La prière de l’istisqâ’ s’accomplit généralement durant les périodes de sécheresse mais aussi parfois lorsque la pluie est déjà présente, afin d’infliger du tort à ceux sur qui on demande qu’elle tombe, en période de guerre par exemple. Il n’y a pas d’autre moyen pour demander la pluie que l’invocation du Créateur. Les gens peuvent L’invoquer de différentes manières, dans leur prière en congrégation ou individuellement, dans leur invocation durant le prêche du vendredi lorsque l’imam invoque Allah pour qu’Il nous donne de la pluie, etc.
Des actes comme l’invocation après la prière ou des invocations seules, c’est-à-dire invocations sans moment précis, sont aussi des actes rapportés comme étant conformes à la Sunna de notre Prophète ().
La prière de la pluie fait partie intégrante de la Sunna authentique, Abdullah ibn Zayd a dit : « Le Prophète () sortit un jour pour invoquer Allah et Lui demander de la pluie. Il se mit face à la Qibla et invoqua Allah. Puis il retourna son Rida et accomplit deux rak’as durant lesquelles il a récité le Noble Coran à voix haute. » (Boukhari et Mouslim).
Il existe un nombre important de hadiths qui viennent étayer cet avis.
Pour le choix du lieu où elle doit être accomplie, les règles sont similaires à celles de la prière de l’Aid. C’est-à-dire qu’il est préférable de l’accomplir en dehors de la mosquée. Ses règles et la manière de l’accomplir lui sont aussi similaires, à savoir le nombre de rak’as, la récitation à voix haute, le fait d’être accomplie avant le prêche, les takbîrs (le fait de dire « Allahu Akbar ») rajoutés dans les deux unités de prières avant la récitation.
Ibn ‘Abbâs, puisse Allah l’agrée, a dit : « Le Prophète () l’a accomplie en deux unités de prière comme il le faisait pour la prière de l’Aid. »
Al-Tirmidhî a dit au sujet de ce hadith qu’il était hasan et sahîh, pour al-Hâkim et d’autres il est aussi sahîh. Celui qui accomplit la prière de la pluie doit y réciter la sourate al-A’lâ dans la première rak’a, et dans la seconde la sourate al-Ghâchiya. La prière doit avoir lieu dans un endroit vaste et loin des résidences, le Prophète () ne l’a accomplie que dans le désert. La raison à ceci est que l’accomplir en une telle place rend encore la demande plus humble. Avant de procéder à son accomplissement, il est du devoir de l’imam de faire un rappel aux priants sur les récompenses et les punitions qu’Allah promet afin de réanimer les cœurs et les adoucir. Il doit aussi les inviter à se repentir de leurs méfaits, à se tourner vers Allah et à restituer les droits à leurs ayants-droit. Les péchés sont en effet l’une des raisons pour lesquelles ils sont privés de pluie et des bienfaits de manière générale. D’un autre côté, demander pardon et se repentir envers Allah et l’une des raisons pour lesquelles les invocations sont exaucées.
Allah le Très Haut a dit : « Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement accordé des bénédictions du ciel et de la terre. Mais ils ont démenti et Nous les avons donc saisis, pour ce qu'ils avaient acquis » (Coran 7/96).
L’imam doit recommander aux gens de donner aux pauvres et aux nécessiteux, les dons accordés à ces derniers étant l’une des raisons pour lesquelles Allah fait preuve de miséricorde envers Ses créatures. Une fois ceci fait, il doit décider d’une date à laquelle la prière s’effectuera, les gens ont ainsi le temps de se préparer pour accomplir cette prière qui est un acte de la Sunna. Le jour de la prière les gens doivent rejoindre le lieu désigné en faisant preuve d’humilité, ayant en tête que toute chose dépend d’Allah et qu’ils Lui sont soumis. Ibn ‘Abbâs, puisse Allah l’agréer, a dit : « Le Messager d’Allah se rendit en un lieu pour accomplir la prière de la pluie, plein d’humilité, de modestie, et de soumission envers Allah, il faisait chemin tout en invoquant. » (al-Thirmidî a déclaré ce hadith hasan et sahîh).
Aucun musulman ayant la capacité d’accomplir cette prière ne doit s’absenter même les femmes et les enfants doivent y assister. L’imam doit donc accomplir la prière comme décrite plus haut puis faire un sermon. Certains savants sont d’avis que l’imam doit en faire deux. Les deux avis ont leur argumentation et sont permis, l’avis qui semble le plus solide reste celui où l’imam ne fait qu’un seul sermon. La plupart du temps le Prophète () faisait le sermon après la prière, les musulmans ont pour exemple le Prophète. Il est rapporté dans certains textes qu’il l’a fait avant.
Dans son sermon l’imam doit demander à Allah d’accepter notre repentir, il doit ainsi réciter les versets où il est question de Sa clémence à notre égard, l’abondance avec laquelle Il récompense Ses créatures. L’imam doit invoquer autant qu’il le peut pour demander la pluie, ce faisant il doit lever ses mains car c’est ainsi que faisait le Prophète (), il le faisait à tel point qu’il était alors possible de voir ses aisselles.
«En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. » (Coran 33/21).
L’imam doit aussi faire des invocations pour le Prophète () car les invocations pour le Prophète () constituent l’une des causes d’exaucement des prières. Il doit invoquer Allah par les invocations relatives à ce genre de situation comme l’invocation suivante :
« Ô Allah! Faits tomber sur nous une pluie abondante, une pluie salutaire, fertilisante, bénéfique et pas nocive, qui vient vite, sans tarder. Ô Allah! Donne de l’eau à boire à Tes serviteurs et à Tes bêtes, et répand Ta miséricorde, et ramène à la vie Ta cité morte. Ô Allah! Envoie-nous la pluie! Ô Allah! Envoie-nous la pluie! Allah! Envoie-nous la pluie! » (Rapporté par Abu Dawûd)
Il fait partie de la Sunna, une fois les invocations terminées, de faire face à la Qibla, il est rapporté dans les deux Sahîhs que le Prophète () le fit. « Le Prophète se rendit dans le désert pour y faire des invocations et une fois terminées, il retourna son Rida. » Selon certains commentateurs, il () le fit pour donner un présage symbolique du changement du temps.
La prière doit être répétée jusqu’à ce que la pluie tombe. Il est de la Sunna une fois que la pluie tombe de dire : « Ô Allah ! Fait que cette pluie soit une pluie bénéfique.»
Lorsque la pluie devint trop forte et que l’on craint qu’elle ne cause des dégâts, on doit dire, tout comme le Prophète () le fit : « Ô Allah, fais en sorte que la pluie cesse de tomber sur nous et qu’elle continue d’arroser les alentours, les dunes, les monticules, les vallées et les plantations.» (Boukhari et Mouslim).
Et Allah sait mieux.