L’insouciance à l’égard d’Allah, exalté soit-Il, et de l’au-delà précipite le serviteur d’Allah dans la perpétration des péchés, corrompt son cœur, attire les instigations du Diable et les maux, et l’éloigne d’Allah, exalté soit-Il, le Grand Connaisseur des choses cachées.
En fait, le cœur insouciant est un cœur qui ne remplit pas ses fonctions qui consistent à recevoir et ressentir les preuves de foi et de lumière, à subir leurs effets et à réagir à elles.
Dès que l’homme néglige l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, le Diable l’atteint facilement, lui tient compagnie et devient son acolyte qui lui suggère et lui embellit le mal. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Et quiconque s’aveugle (et s’écarte) du rappel du Tout Miséricordieux, Nous lui désignons un diable qui devient son compagnon inséparable » (Coran 43/36).
L’homme glisse dans les péchés à cause de son insouciance à l’égard d’Allah, exalté soit-Il, de Ses ordres et du châtiment qu’Il inflige aux désobéissants dans le bas monde et dans l’au-delà. Ceux qui ne pensent pas à la rencontre avec Allah, exalté soit-Il, qui s’abandonnent aux plaisirs de la vie présente et qui négligent les signes évidents qu’Allah, exalté soit-Il, leur envoie dans le Coran et à travers l’univers, ceux-là auront l’Enfer pour demeure éternelle, suite à leur incroyance et leur indifférence vis-à-vis des preuves évidentes de leur Seigneur, exalté soit-Il. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
« Ceux qui n’espèrent pas Notre rencontre, qui sont satisfaits de la vie présente et s’y sentent en sécurité, et ceux qui sont inattentifs à Nos signes [ou versets], leur refuge sera le Feu, pour ce qu’ils acquéraient » (Coran 10/7-8).
Ibn al-Djawzî nota : « Les deux raisons qui entraînent le plus l’insouciance (vis-à-vis de l’au-delà) sont : la réplétion de l’estomac et la compagnie des gens désobéissants. Si donc tu désires être à l’abri de l’insouciance, tu dois ressentir la faim et choisir la solitude ». Et d’ajouter : « Rien n’est plus nocif pour le serviteur d’Allah que la négligence de l’évocation d’Allah et la désobéissance à Ses ordres ».
L’insouciance empêche l’être de faire partie des gagnants dans l’au-delà, le péché l’entraîne vers sa perdition, l’insouciance clôt devant lui les portes du Paradis et le péché ouvre devant lui les portes de de l’Enfer.
Ibn al-Qayyim, qu'Allah lui fasse miséricorde, précisa : « Certes, le cœur se rouille au même titre que le cuivre, l’argent et les autres métaux. Son lustre se fait par l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, qui le polit jusqu’à le transformer en un miroir immaculé. Si l’on abandonne l’évocation d'Allah, le cœur rouille, et si on revient à celle-ci, il retrouve son éclat. Deux éléments rouillent le cœur de l’homme : l’insouciance et le péché. Sa brillance se réalise par deux autres éléments : la demande du pardon d’Allah, exalté soit-Il, et Son évocation. Par ailleurs, celui qui passe le plus clair de son temps dans l’insouciance de l’au-delà, verra la rouille ne cesser de s’accumuler sur son cœur proportionnellement au degré de son indifférence.
Et quand la rouille s’installe sur un cœur, celui-ci ne perçoit plus la réalité des choses comme il se doit. En effet, il voit l’erreur sous la forme de la vérité et réciproquement, car lorsque la rouille s’y accumule, elle produit une obscurité qui ne laisse aucune issue à la manifestation de la forme réelle des choses. Ainsi, quand la rouille s’accumule sur le cœur et le remplit de taches noires, sa perception et sa conception des choses s’altèrent et il ne saurait accepter la Vérité ni nier l’erreur. C’est là la plus grande des sanctions du cœur. A l’origine de cet état se trouve la négligence de l’évocation d’Allah et l’inclination vers les vaines passions ; l’une et l’autre aveuglent le cœur et empêchent la lumière de l’atteindre. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier » (Coran 18/28).
L’insouciance à l’égard de l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, entraîne forcément la dureté du cœur, son éloignement d’Allah, exalté soit-Il, et son insensibilité à Sa parole.
Ibn al-Qayyim, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Plus l’insouciance s’empare du cœur, plus il s’endurcit. L’évocation d’Allah, exalté soit-Il, fait fondre cette dureté comme le plomb fond dans le feu. Rien ne peut faire fondre la dureté des cœurs comme le fait l’évocation d’Allah, exalté soit-Il. Car, l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, est le remède qui guérit le cœur, alors que la négligence de Son évocation provoque sa maladie. Le remède des cœurs malades n’est autre que l’évocation d’Allah, exalté soit-Il ».
D’après al-Bayhaqi, Makhûl, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « L’évocation d’Allah, exalté soit-Il, est un remède, alors que celle des gens est une maladie. Si les âmes évoquent Allah, exalté soit-Il, Il les guérit et les protège, mais si elles négligent Son évocation, elles rechutent ».
Et d’ajouter : « L’évocation d’Allah, exalté soit-Il, est à l’origine de la loyauté vis-à-vis d’Allah, exalté soit-Il, alors que l’insouciance est à l’origine de la déloyauté à Son égard. Le serviteur d’Allah ne cesse d’évoquer son Seigneur, exalté soit-Il, jusqu’à gagner Son amour et Sa protection, ou de négliger Son évocation jusqu’à encourir Sa haine et Son hostilité ».
Dans son livre Al-wâbil al-sayyib, Ibn Taymiyya mentionna qu’ al-Awzâ’î a rapporté de Hassân ibn ‘Atiya les propos suivants : « Un serviteur ne peut mieux se faire l’ennemi de son Seigneur qu’en détestant Son évocation et ceux qui la pratiquent. Or, cette hostilité naît de l’insouciance qui mène le serviteur d’Allah à honnir l’évocation de son Seigneur, exalté soit-Il, et ceux qui la pratiquent. C’est alors qu’Allah, exalté soit-Il, le considère comme Son ennemi, tandis qu’Il prend les gens qui L’évoquent sous Sa protection ».
Partant, il faut absolument se méfier de l’insouciance qui précipite dans les désirs menant à la perdition, qu’Allah nous en préserve.