D’après Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, on demanda au Messager d’Allah () :
– « Quelle est la meilleure œuvre ? »
– « Avoir foi en Allah ainsi qu'en Son Messager », répondit le Messager ()
– « Quoi encore ? », lui demanda-t-on
– « Le Djihâd dans le sentier d'Allah, exalté soit-Il », répondit le Messager (Salla Allahou Alaihi wa Salla).
– « Et quoi encore ? », lui demanda-t-on.
– « Le pèlerinage accompli avec piété», répondit le Messager (( (Boukhari et Mouslim).
L’on retient de ce hadith que le Djihâd et le Hadj ont un trait commun : ils sont comptés parmi les œuvres qui rapprochent d’Allah, exalté soit-Il, et ils sont les meilleurs actes cultuels après la foi.
A ce sujet, Aïcha, qu'Allah soit satisfait d’elle, a dit :
– «Ô, Messager d’Allah, le Djihâd est à nos yeux l'œuvre la plus méritoire. Pouvons-nous y prendre part ? »
– « Non, mais pour vous (les femmes) le meilleur Djihâd est le pèlerinage accompli avec piété». (Boukhari)
Dans une autre version de ce hadith, elle a dit :
« J’ai dit :
– ‘Ô, Messager d’Allah y a-t-il un Djihâd pour les femmes ? »
– ‘Elles ont un Djihâd sans combat, le Hadj et la ‘Umra’, répondit-il. » (Ibn Khuzayma)
L’accomplissement du Hadj entraîne un détachement temporaire de ce bas monde :
Le Hadj commence par l’Ihrâm (consécration rituelle) qui consiste à se dépouiller de tout vêtement cousu (pour les hommes), à éviter tout usage de parfums pendant cette période et à se vêtir de la même manière que tous les pèlerins, à savoir d’un Izâr et d’un Ridâ’ blancs. Lors de l’Ihrâm, on se détache des atours et des ornements de ce bas monde. On se contente de ce qui cache la `Awra, et on se rapproche ainsi d’Allah, exalté soit-Il.
La Talbiya est une incitation à se diriger vers Allah, exalté soit-Il :
Une fois arrivé au Mîqât, le pèlerin proclame :
« Labbayka-Allahumma labbayk, labbayka lâ charîka laka labbayk, Inna al-hamda wanni'mata laka wal mulk, lâ charîka lak »
(Me voici, Ô; Allah ! Me voici, Ô; Toi qui n’as pas d’associé. Certes, les louanges, les biens, la royauté T’appartiennent, sans associé)
Comme s’il disait : « J’ai laissé ce bas monde et tout ce qu’il contient, je me suis hâté vers Toi, Seigneur, afin que Tu sois satisfait, me voici, n’adorant que Toi, nul en dehors de Toi ne m’importe ».
Il se dépouille alors de ses habits et de tous les ornements de la vie et proclame solennellement qu’il se rend auprès d’Allah, exalté soit-Il.
L’accomplissement du Hadj implique un abandon temporel de ce bas monde et de ses plaisirs physiques :
Pendant le Hadj, le musulman abandonne la nourriture et les boissons qu’il est habitué à consommer et se suffit de ce qui est mis à sa disposition sans faire d’efforts ni se fatiguer pour cela. Il se libère de la domination des habitudes en matière de nourriture, de boissons et de sommeil. En fait, nombreux sont les musulmans qui se sont habitués à multiplier les plats et à les aligner sur la table à manger : apéritifs, fruits, etc. Ils ont de même pris l’habitude de prendre le déjeuner à un moment déterminé et de fixer un autre moment pour le dîner. Beaucoup d’entre eux sont habitués également à avoir diverses boissons fraîches et de l’eau glacée, ce qui est difficile à avoir pendant le séjour du Hadj.
L’abandon de telles habitudes est en soi une tentative de libérer l’homme des chaînes de ce bas monde et de ses plaisirs physiques, et d’affaiblir le corps, pour que l’âme le domine et le guide vers le bien dans ce bas monde et dans l’Au-delà.
De même, beaucoup de musulmans se sont habitués à dormir à des moments déterminés et sur des lits confortables, ils sont habitués à un oreiller particulier et si celui-ci est remplacé par un autre, le sommeil les fuit !
Comme est immense la différence entre ceci et celui des pèlerins dont l’oreiller est soit une pierre, soit leurs propres chaussures s’il leur arrive de les enlever. Ils ne dorment que quelques minutes, et dormir sur le même lit ne saurait se faire que pendant un petit nombre d’heures, car ils ne cessent de se déplacer d’un lieu à l’autre.
Le Hadj habitue donc à se libérer de la domination des habitudes qui gèrent la manière de manger, de boire et de dormir chez beaucoup de musulmans ; et ce lorsque le pèlerin change sa manière de manger et le type de nourritures, et qu’il fait de même en matière de boisson et de sommeil.
L’état d’âme pendant les rites du Hadj :
L’âme se lie à Son Seigneur, exalté soit-Il, pour une durée qui se prolonge :
Lors du Tawâf autour de la Ka`ba, le pèlerin est occupé par l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, l’imploration de Son absolution et de Son pardon pour ses péchés, la sollicitation d’entrer au Paradis et d’être affranchi de l’Enfer. L’âme se réjouit lorsqu’elle trouve l’homme dont elle habite le corps se diriger vers Allah, exalté soit-Il, avec un cœur humble et des yeux pleins de larmes, implorant Son absolution et Son pardon pour ses péchés. Elle se réjouit en voyant son propriétaire rechercher l’agrément de Son Seigneur et se rapprocher de Lui.
Cela arrive de même lorsque le pèlerin accomplit les deux rak`ât du Tawâf et se met à faire des invocations devant la station d'Ibrâhîm (Alaihi Salâm). C’est qu’en effet, adorer Allah c'est L'invoquer, et c’est en faisant des invocations que se manifeste chez l’homme le caractère de serviteur d’Allah, exalté soit-Il, et en même temps, que se réalise sa vraie liberté. Car le serviteur d’Allah n’est le serviteur de personne d’autre et c’est là que réside la plus grande liberté.
Lors du sa'î entre Safa et Marwa, l’esclave d’Allah, exalté soit-Il, ne cesse de prononcer le dhikr et les invocations tout en se souvenant de Hadjar, la mère d’Ismaïl (Alaihi Salâm), et comment elle était liée à Allah, exalté soit-Il. D’ailleurs, elle le déclara clairement lorsqu’elle interrogea Ibrâhîm (Alaihi Salâm) sur ce qui le poussait à les laisser seuls dans ce désert :
- « Est-ce Allah qui t’a ordonné de le faire ? »
- « Oui », lui répondit-il.
- « Alors Allah ne nous abandonnera pas », répliqua-t-elle.
L’âme s’attache à son Seigneur également le jour de `Arafat, lorsque le pèlerin accomplit la prière de l’`Asr avec celle de Dhuhr pour se consacrer à l’invocation de son Seigneur, exalté soit-Il, à des prières ferventes en insistant dans ses invocations pour qu’Il lui pardonne ses fautes, et qui pardonne les fautes en dehors d’Allah, exalté soit-Il ?
Á chaque fois que l’âme trouve son propriétaire si attaché à Son Seigneur, exalté soit-Il, elle se met à croître, à grandir et à devenir de plus en plus forte, car tel est ce qui nourrit l’âme pendant le Hadj.
Parmi la cohue qui dévale de `Arafat et de Muzdalifa et lors de la lapidation des stèles, le pèlerin se rappelle le Jour de la Résurrection et ses affres, et s’attache davantage à son Seigneur, exalté soit-Il, pour qu’Il lui accorde Son aide ce Jour-là et qu’Il, exalté soit-Il, dissipe ses affres et ses peines. Il se souvient de même de son statut, car il est le serviteur d’Allah, pareil à tous ceux qui l’entourent, et se libère ainsi de sa position éphémère dans ce bas monde.
Le jour du sacrifice, lorsque le pèlerin se rase les cheveux, il affirme ainsi qu’il se détache de ce bas monde et de ses ornements. C’est justement pourquoi il est préférable de se raser les cheveux que de les raccourcir. En effet, le rasage signifie l’élévation du serviteur d’Allah au-dessus de ce bas monde, son dédain de ses atours éphémères et son détachement dans le but de se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il, Qui nous juge en fonction de notre cœur et non d’après nos cheveux et nos habits.
Tous les rites du Hadj viennent à l’appui de ce sens : le détachement de ce bas monde et le rapprochement d’Allah, exalté soit-Il, ce qui nourrit l’âme, lui permet de grandir et l’aide à diriger le corps et à le dominer.
Prions Allah, exalté soit-Il, de lier nos cœurs à Lui jour et nuit, de ne pas nous compter parmi les inconscients, de ne pas faire de ce bas monde notre plus grand souci ni le but de notre savoir ; C’est Lui qui entend tout, qui sait tout ; louanges à Allah, Seigneur de l’univers.