La prière mortuaire est une obligation de suffisance communautaire. C'est-à-dire qu’elle concerne la communauté dans son ensemble. Dès lors qu’un nombre suffisant d’individus s’en chargent, les autres en sont exemptés.
Il faut donc absolument qu'un groupe de croyants la fasse, mais quand un groupe s'en occupe alors l'obligation est levée pour tous les autres, bien que ces derniers perdent la très grande récompense mentionnée dans le hadith suivant :
Selon Abû Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a dit : « Celui qui assiste aux funérailles d’un musulman jusqu'à ce qu'on prie sur lui aura un qirat de récompenses, et celui qui reste jusqu'à son enterrement en aura deux ; le plus petit qirat étant de la taille de la montagne d'Uhud. » (Boukhari et Mouslim).
Aïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle) a dit que le Prophète () a dit : « Il n'y a pas un mort sur lequel prie un groupe de musulmans atteignant une centaine de personnes, intercédant chacun en sa faveur sans que leur intercession ne soit acceptée. » (Mouslim, Ahmed et Tirmidhî).
Ibn 'Abbâs (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) a dit : « J'ai entendu le Prophète dire : "Il n'y a pas un musulman qui meurt et sur lequel prient une quarantaine de personnes de ceux qui n'associent rien à Allah, sans qu'ils n'intercèdent pour lui auprès d'Allah" ». (Mouslim, Ahmed et Abou Dawoud).
La prière mortuaire est une prière spéciale qui ne comprend ni rukû’ ni sudjûd, elle est faite essentiellement pour l’invocation d’Allah pour le défunt et l’intercession en sa faveur. Mais toutes les conditions exigées pour une prière normale sont exigées pour elle (formulation de l'intention, la pureté du corps, des vêtements et du lieu de la prière, couvrir sa nudité et se tenir debout en faisant face à la qibla). Ibn 'Umar (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) a dit : "Que personne n'accomplisse la prière mortuaire sauf s'il est en état de pureté rituelle"
Nous vous proposons, chers lecteurs, la manière d’accomplir cette prière conformément à la Sunna de notre Prophète Muhammad () et à la pratique de ses nobles Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux). Mais avant de rentrer dans les détails nous rappelons que la prière mortuaire ne peut être faite sur un non-musulman en vertu du verset : « Et ne fais jamais la prière sur l'un d'entre eux qui meurt, et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe, parce qu'ils n'ont pas cru en Allah et en Son Messager, et ils sont morts tout en étant pervers. » (Coran 9/84).
Le corps du défunt doit être orienté vers la Ka’ba, car le Prophète () a dit à propos de cette dernière qu’elle est la qibla des musulmans vivants ou morts.
Il fait partie de la Sunna que l'imam ou la personne qui prie seule se positionne au niveau de la tête du défunt et à la hauteur du milieu (du corps) de la défunte. Anas (qu’Allah soit satisfait de lui) a prié sur un mort et s'est placé devant sa tête, puis il a prié sur une femme et s'est placé à son milieu. On lui a demandé : "Est-ce ainsi que le Prophète () faisait avec les hommes et les femmes ?". Il dit : "Oui". (Ahmed, Abou Dawoud, Ibn Mâdja, Tirmidhî qui le qualifie d’authentique).
Il est permis, voire même recommandé, de faire une seule prière pour plusieurs morts, dans ce cas ils doivent être placés en rang, les hommes du coté de l'imam. Selon Nâfi', Ibn 'Umar a prié sur neuf morts en les plaçant en un seul rang et en mettant les hommes devant lui et les femmes du coté de la qibla.
Il est recommandé de répartir les fidèles qui s’apprêtent à accomplir la prière mortuaire en trois rangs ou plus. Selon Mâlik ibn Habîra (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a dit : « Il n'y a pas un croyant qui meurt, puis prie sur lui un groupe de musulmans atteignant trois rangs, sans qu'il ne lui soit pardonné. » (Ahmed, Abou Dawoud, Ibn Mâdja, Tirmidhî et al-Hâkim).
Ahmed (qu’Allah lui accorde Sa miséricorde) a dit : " Si les fidèles sont peu nombreux, ils doivent former quand même trois rangs". Quelqu’un lui a fait la remarque : "Et s'ils ne sont que quatre derrière l'imam".
Et Ahmed de répondre : "Il se place en deux rangs, chaque rang formé de deux personnes, car il est détestable de mettre une seule personne par rang".
L’imam et les fidèle qui prient derrière lui doivent prononcer le takbîr quarte fois. Selon Djâbir (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a fait la prière sur le Négus en prononçant quatre fois le takbîr : "Allahu Akbar" (Boukhari et Mouslim).
Il est rapporté que 'Abdallah ibn Abû Awfa (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit quatre fois : "Allahu Akbar" (Allah est plus grand) sur la dépouille mortelle de l'une de ses filles. Il est resté un moment après le quatrième takbîr puis salua à droite et à gauche. Une fois qu'il termina, nous lui dîmes : "Qu'est-ce que cela ?" Il nous dit : "Je n'ai rien ajouté à ce que faisait le Messager d'Allah ()." (Al-Hâkim).
Après le premier takbîr, on demande à Allah de nous protéger de Satan le lapidé puis on récite la Fâtiha. Il est permis d’ajouter une courte sourate ou quelques versets.
Après le deuxième takbîr, on prie sur le Prophète () tel que l'on fait habituellement à la fin de chaque prière avant le taslîm.
Après le troisième takbîr, on invoque Allah, exalté soit-Il, pour le défunt. Le mieux est de le faire avec l’une des invocations rapportées du Prophète ().
Après le quatrième takbîr, on invoque Allah, de préférence, pour nous-mêmes, pour le défunt et pour l’ensemble des musulmans avant de clôturer la prière par le salâm : "Assalâmou 'alaykum wa rahmatullah".
Ibn Mas'ûd (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : "Le salâm dans la prière sur le mort est comme le salâm pour les autres prières".
D’après l’Imam Ahmed la Sunna consiste à ne le faire qu'une seule fois à droite, et il ajouta : "c'est ainsi que faisait le Prophète () ainsi que ses nobles Compagnons".
A suivre…