Avant de répondre à cette question, nous rappelons que la piété filiale en plus de son statut d’obligation religieuse, dont la négligence entraine l’humiliation de son auteur dans cette vie et dans l’au-delà, est source d’immenses profits pour qui s’y conforme. En voici la preuve :
Selon Abdallah ibn 'Umar ibn al-Khattâb, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, le Messager () a dit :
« Trois hommes d'une époque antérieure, qui étaient partis, durent s'abriter dans une grotte de la montagne, mais un rocher tomba de cette dernière et obstrua (l'entrée de) la grotte. Ils dirent alors : ' Rien ne pourra nous sauver de ce rocher si ce n'est le fait d'invoquer Allah, exalté soit-Il, en évoquant les meilleurs ouvres que vous avez accomplies '. L'un d'entre eux dit: ' Ô Allah, j'avais deux parents âgés et je ne donnais à boire du lait avant eux à personne de ma famille ni ne leur préférais mes biens. Et un jour je suis allé loin à la recherche de pâturage et lorsque je suis rentré, ils s'étaient endormis, je n'ai voulu ni les réveiller ni donner à boire du lait à personne d'autre de ma famille avant eux. Alors je suis resté à côté d'eux, tenant le gobelet à la main, dans l'attente de leur éveil, jusqu'à la pointe de l'aube, alors que mes enfants pleuraient de faim à mes pieds. Ils se sont alors réveillés et ont bu le lait. Ô Allah si j'ai fait cela pour rechercher Ton agrément, soulage-nous du malheur dû à ce rocher'. Et le rocher s'écarta un peu, sans leur permettre pour autant de sortir de la grotte…. » (Boukhari et Mouslim)
Ce hadith nous montre le mérite d'invoquer Allah, exalté soit-Il, lorsqu’on est frappé par un malheur et de Le supplier en évoquant ses bonnes œuvres dont la plus méritoire est la piété filiale.
Revenons à présent à la façon dont l’enfant peut bénéficier à ses parents dans l'au-delà
1- Invoquer Allah, exalté soit-Il, en leur faveur après leur décès : la mort n'est pas la fin, c'est plutôt un déplacement d'une demeure éphémère vers une demeure éternelle. La chose la plus dangereuse en ce qui a trait à la mort c'est la fin des actions de l'être humain. Voilà pourquoi le Prophète () nous a montré que les œuvres de l'être humain se prolongent même au-delà de sa mort, en dépit de la fin des œuvres qu'il accomplissait lui-même, et que ce prolongement est le résultat des invocations faites par son fils vertueux comme il est dit dans le hadith du Prophète () :
« Quand le fils d'Adam meurt, ses œuvres s'arrêtent sauf trois choses : une aumône continue, une science dont les gens tirent profit et un enfant vertueux qui prie Allah, exalté soit-Il, pour lui. » (Mouslim)
Et comme Allah, exalté soit-Il, le dit dans le verset coranique suivant (sens du verset) :« …et dis : « Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit. » (Coran: 17/24)
2- Invoquer Allah, exalté soit-Il, au moment de la mise en terre et des questions que posent les anges au défunt :
Muhammad est resté au moment de l'inhumation de son père alors que tout le monde s'en est allé. Il a pris place et s'est rappelé du hadith où le Prophète () a dit à ses Compagnons :
«Invoquez Allah pour la rémission des péchés de votre frère et demandez à Allah de lui donner de l'assurance dans ses réponses aux deux anges qui sont en train de le questionner. » (Abou Dawoud)
Ach-Châfi'î, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Il est recommandé de réciter auprès de la tombe de la personne décédée une partie du Coran et il est même préférable de réciter le Coran en entier ».
Qui parmi nous, chers lecteurs, n'a pas besoin qu'on invoque Allah, exalté soit-Il, en sa faveur dans une situation aussi dangereuse ?!
3- Faire l'aumône en ayant l’intention que ce soit la personne décédée qui en obtienne la récompense. Selon Aicha, qu’Allah soit satisfait d'elle, un homme a dit au Prophète () : « Ma mère est morte et je pense que si elle avait pu faire une bonne action, elle aurait donné une aumône aux pauvres. Si je donne l'aumône à sa place en désirant que ce soit elle qui en obtienne la récompense, l’obtiendra-t-elle ? » Le Prophète () lui a dit alors : « Oui». (Boukhari et Mouslim).
4- Faire le Hadj et la 'Umra à la place de la personne décédée, elle reçoit alors la récompense de ces deux rites.
5- le fait que l'enfant mémorise le Coran est plus que profitable à ses parents. En effet, le Prophète () a dit :
« Le Jour de la Résurrection, le Coran rencontrera l'homme qui l'a mémorisé, et qui vient de sortir tout pâle de sa tombe. Le Coran lui dira : 'Me connais-tu ?' Cet homme lui répondra : 'Non je ne te connais pas.' Et le Coran lui dira : 'je suis ton compagnon qui t'a fait sentir la soif lorsque le soleil était à son zénith et veiller les nuits (en me récitant). Chacun récolte les fruits de son travail et aujourd'hui, tu récoltes les fruits de ton travail.' On lui remettra alors la royauté dans la main droite et la vie éternelle dans la main gauche et on posera sur sa tête la couronne de révérence. Et on revêtira ses parents de deux vêtements tels qu'aucun habitant de ce monde n'aurait su les confectionner. Ils diront à ce moment-là : 'Pourquoi nous-a-t-on revêtus de ces deux habits ? On leur répondra : 'car vous poussiez votre enfant à étudier le Coran' Puis on dira à cet enfant : 'Lis le Coran et monte au niveau du Paradis et de ses appartements'. Et il montera tout en récitant le Coran » (Ahmad)
Il va sans dire que l'enfant qui a mémorisé le Coran avait un père et une mère qui tenaient à le lui faire retenir et qu’ils ont investi des efforts et du temps en révisant avec lui et en faisant le suivi de son apprentissage. Ces parents récolteront dans l'au-delà ce qu'ils auront semé dans la vie d'ici-bas ; l'enfant revêtira ses parents de deux habits le Jour de la Résurrection.
6- Implorer Allah, exalté soit-Il, pour la rémission des péchés de son père, élève le rang de ce dernier au Paradis.
Somme toute, parmi les objectifs du mariage ayant trait à l'au-delà figure le fait d’avoir un enfant vertueux qui invoque Allah, exalté soit-Il, pour ses parents après leur mort comme cela est rapporté dans le hadith suivant du Prophète () :
« Le serveur se verra élevé en degré et dira : - Oh Seigneur ! D’où me vient ceci ? De l’imploration du pardon faite en ta faveur par ton fils après ta mort, lui dira-t-on ». (Ahmed et Ibn Majéh)