La pratique de l’Islam est réglementée par une série de prescriptions qui englobent toute la vie du croyant. Le but de ces prescriptions est avant tout de permettre à la communauté de vivre en harmonie tout en célébrant l’unicité d’Allah, exalté soit-Il. Pour préserver sa foi, le croyant est tenu de respecter certains interdits bien précis ; qui lui permettent de maintenir l'équilibre entre sa vie matérielle et sa vie spirituelle.
Parmi les choses que l’islam reprouve, interdit et proscrit formellement figure en bonne place la Rachwa, la corruption ou les pots-de-vin.
Cette dernière consiste à corrompre quelqu’un en lui versant un présent pour arriver à un but précis.
Elle est définie par les oulémas comme étant la gratification que donne une personne (le suborneur) à un gouverneur ou autre intendant pour bénéficier de sa part d’un jugement injuste ou pour qu’il lui permette d’occuper un poste qu’elle ne mérite pas ou pour transgresser par son biais les droits d’une tiers personne, en d’autres terme il s’agit pour eux de tout ce qu'une personne donne pour faire triompher le faux au détriment de la vérité.
L’interdiction de la corruption puise sa source dans le Coran et dans la Sunna du Prophète ()
Quelques exemples de son interdiction dans le Coran
La Rachwa est une entraide dans le péché et la transgression et Allah, exalté soit-Il, dit :
« Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. » (Coran : 5/2)
La Rachwa permet de s’approprier illégalement les biens des autres et Allah, exalté soit-Il, dit :
« Ô les croyants! Que les uns d’entre vous ne mangent pas les biens des autres illégalement. Mais qu’il y ait du négoce (légal), entre vous, par consentement mutuel. » (Coran : 4/29)
La Rachwa est la pire des manières de manger des biens illicitement parce qu’il s’agit de verser un présent à autrui dans le but de procéder à la transmutation d’un droit et Allah, exalté soit-Il, dit :
« Et ne dévorez pas mutuellement et illicitement vos biens; et ne vous en servez pas pour corrompre des juges pour vous permettre de dévorer une partie des biens des gens, injustement et sciemment.» (Coran : 2/188)
Allah a blâmé les juifs et les a diffamés dans plusieurs versets coraniques parce qu’ils mangeaient les biens illicites par le biais de la corruption, du Riba et autres interdictions. Allah, exalté soit-Il, dit les concernant :
« Ils sont attentifs au mensonge et voraces de gains illicites. » (Coran : 5/42)
Al-Hasan et Sa`id ibn Joubayr ont mentionné à propos de « voraces de gains illicites » qu'il s’agit de la Rachwa
« Et tu verras beaucoup d’entre eux se précipiter vers le péché et l’iniquité, et manger des gains illicites. Comme est donc mauvais ce qu’ils œuvrent ! Pourquoi les rabbins et les docteurs (de la Loi religieuse) ne les empêchent-ils pas de tenir des propos mensongers et de manger des gains illicites? Que leurs actions sont donc mauvaises ! » (Coran : 5/62-63)
« C’est à cause des iniquités des Juifs que Nous leur avons rendu illicites les bonnes nourritures qui leur étaient licites, et aussi à cause de ce qu’ils obstruent le sentier d’Allah, (à eux-mêmes et) à beaucoup de monde, et à cause de ce qu'ils prennent des intérêts usuraires - qui leur étaient pourtant interdits - et parce qu'ils mangent illégalement les biens des gens. » (Coran : 4/160-161)
Quelques exemples de son interdiction dans les hadiths
D’après Thawbân (Qu'Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a maudit le corrupteur, celui qui se laisse acheter et l’agent intermédiaire. (Rapporté par Ahmad)
Les oulémas ont posé plusieurs critères pour déterminer si le pêché est capital ou véniel. L’un de ces critères consiste à classer dans la catégorie des premiers tout péché dont la perpétration engendre la malédiction d’Allah ou de Son Prophète () et c’est le cas de la Rachwa
'Amr ibn Al-'Ass (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah (Salla Allah Alaihi Wa Sallam) dire : « Tout peuple qui laisse sévir l'usure parmi eux, sera châtié par la famine et la sécheresse ; et tout peuple qui laisse sévir la corruption (les pots-de-vin) parmi eux, sera châtié par l’insécurité et la frayeur.» (Rapporté par Ahmad)
Ibn Qodâma (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit dans son livre "Al-Moghnî" que si le juge accepte le présent que lui donne le corrupteur, cette corruption lui fait atteindre le degré de la mécréance dans la mesure où elle va le pousser à juger par ce qu’Allah n’a pas légiféré et Allah, exalté soit-Il, dit : « Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. » (Coran : 5/44) (Fin de citation)
Ces preuves tirées du Coran et la sunna prouve qu’il est du devoir de tout musulman de s’écarter de la Rachwa, d’y prendre garde et de mettre en garde les gens contre sa pratique pour ce qui en découle comme iniquité, péché capital et injustice entraînant de graves conséquences.
Puisse Allah, exalté soit-Il, préserver notre communauté contre la Rachwa et contre tous les autres péchés qui engendrent Sa colère et attirent Sa malédiction