Cheikh Al-Islam ibn Taymiyyah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit en indiquant l’état de beaucoup de gens :
« Il est étonnant de voir des hommes capables d’éviter les biens mal acquis, l’injustice, le vol, la consommation d’alcool et les regards illicites alors qu’ils sont incapables de maîtriser leur langue. Il est même des hommes que l’on cite en exemple en matière de piété, de renoncement au monde et de dévotion alors qu’ils profèrent des paroles dont il ne font aucun cas mais qui leur valent le courroux d’Allah, Exalté soit-Il. Une seule de ses paroles peut les faire plonger dans un gouffre dont la profondeur est plus grande que la distance qui sépare l’Orient de l’Occident. Beaucoup sont ceux qui s’abstiennent de commettre des obscénités et l’injustice alors qu’ils ne cessent de médire des vivants et des morts, ne faisant ainsi aucun cas de ce qu’ils disent.
1. Ibrahim An-Nakh`i, qu’Allah lui fasse miséricorde, disait à sa servante lorsque des gens qu’il détestait venaient le voir : « Dis-leur : ‘Allez le chercher à la mosquée’. Et ne leur dis pas que je ne suis pas ici pour ne pas tomber dans le mensonge ».
2. On rapporte qu’un sage vit un homme prolixe et peu silencieux. Il lui dit alors : « Allah, Exalté soit-Il, t’a créé avec deux oreilles et une seule langue pour que tu écoutes deux fois plus que tu ne parles. »
3. Ar-Rabii` ibn Sobayh, qu’Allah lui fasse miséricorde, rapporte qu’un homme dit à Al-Hassan Al-Basri, qu’Allah soit satisfait de lui : « Ô Abou Sa`id, il est une chose que je déteste ».
– « Quelle est-elle ? », demanda Al-Hassan.
– « Je constate que certaines personnes assistent à tes cours pour retenir tes erreurs et te critiquer par la suite. »
– « Cela n’est pas grave », dit Al-Hassan. « Veux-tu que je dise une chose encore plus étonnante que cela ».
– « Quelle est-elle ? », dit l’homme.
– « Je suis », dit Al-Hassan, « les aspirations de mon âme à être le voisin d’Ar-Rahmaan (le Tout Miséricordieux), à entrer au Paradis, à être sauvé du Feu, et à accompagner les Prophètes, tandis que je refuse de suivre ses aspirations à la renommée. En outre, s’il en est Un qui devrait être à l’abri de la médisance, ce serait le Créateur. Alors si leur Créateur n’en est pas à l’abri, les créatures le sont encore moins. »
4. Djobayr ibn `Abdillah, qu’Allah lui fasse miséricorde a dit : « Un homme vint voir Wahb ibn Monabbih et dit : ‘Untel te discrédite’.
– ‘Le diable n’a-t-il trouvé personne d’autre que toi pour lui jouer un sal tour ?’ Lui dit alors Wahb.
Lorsque l’homme qui le discréditait vint, Wahb reprit place dans son assemblée et le traita d’une manière très distinguée.
5. Haatim Al-Assam, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Si un homme noble et vertueux venait à s’asseoir à côté de toi, tu ferais attention à ce que tu dis par égard pour lui. Or, tes paroles sont exposées à Allah, Exalté soit-Il, et tu ne fais même pas attention à Lui en les prononçant. »
6. Le père d’Abou Hayyaan At-Tamiimi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit: « J’ai vu la fille d’Ar-Rabii` ibn Khothaym venir voir son père et dire : ‘Ô mon père, puis-je aller jouer ?’
– ‘Va’, répondit son père ‘mais ne dis que du bien’».
7. Un homme médit d’une personne auprès de Ma`rouf Al-Karkhi, qu’Allah lui fasse miséricorde. Celui-ci lui dit alors : « Souviens-toi des morceaux de coton que l’on mettra sur tes yeux. » Sous-entendu le jour où l’on t’enveloppera dans un linceul.
8. Un homme dit à `Amr ibn `Obayd, qu’Allah lui fasse miséricorde : « Al-Asswaari dit du mal de toi dans ses récits »
– « Ô toi, tu n’as pas respecté les conventions des réunions, dans la mesure où tu nous transmets ce qu’il dit. Et tu ne m’as pas non plus respecté, dans la mesure où tu me transmets ce que je n’aime pas entendre de mon frère. Néanmoins, informe-le que la mort nous touchera tous, que la tombe nous ensevelira tous, que le Jour de la Résurrection nous réunira tous et qu’Allah, Exalté soit-Il, nous départagera, et Il est le Meilleur des Juges. »
9. On demanda à Al-Mo`aafi ibn `Imraan, qu’Allah lui fasse miséricorde : « Que dis-tu d’un homme qui compose et récite de la poésie ? » Il dit alors : « C’est ta vie, vis-la comme bon te semble ! »
10. Ibn `Abbaas, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Tout ce que le fils d’Adam prononce est inscrit dans son registre d’actions, même ses gémissements lors de sa maladie. » Et lorsque l’imam Ahmad tomba malade, on lui dit que Taawous jugeait abhorrables les gémissements des malades ; il abandonna donc les gémissements.
11. `Omar ibn `Abdil-`Aziiz, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Celui qui sait que ses paroles font partie de ses actes, parlera moins de ce qui ne le regarde pas. »
12. Al-Hassan ibn Saalih, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Nous avons médité sur le scrupule religieux, et nous n’avons rien de moins scrupuleux que la langue. »
13. `Abd Allah ibn Al-Khayyar, qu’Allah lui fasse miséricorde, disait dans ses assises : « Ô Allah préserve nous de la médisance des croyants et préserve les croyants de notre médisance ! ».
14. Un de nos pieux prédécesseurs, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « On présentera au fils d’Adam les heures de sa vie et il regrettera amèrement chaque heure où il n’a pas évoqué Allah, Exalté soit-Il».
15. Al-Hassan ibn Bachchaar, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Depuis trente ans, je n’ai prononcé aucun mot à cause duquel j’aie dû m’excuser. »
16. Bichr ibn Mansour, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Nous étions chez Ayyoub As-Sakhtiyaani lorsque nous commençâmes à bavarder. Il dit alors : ‘Taisez-vous ! Si vous vouliez que je vous informe des seuls mots que j’ai prononcés aujourd’hui, je pourrais le faire.’ »
17. Lorsqu’on demandait à voir Ach- Cha`bi, qu’Allah lui fasse miséricorde, et qu’il ne voulait rencontrer personne, il dessinait un cercle et disait à la servante: « Mets-y ton doigt et dis: ‘Il n’est pas là’ ». Ceci n’est permis qu’en cas de besoin, sans quoi ce n’est rien d’autre qu’induire autrui en erreur, ce qui est détestable de manière générale.
18. Un homme dit à Al-Fodayl ibn `Iyaadh, qu’Allah lui fasse miséricorde : « Untel médit de moi ». – « C’est là un grand bienfait dont il te fait grâce. »
19. `Abdor-Rahmaan ibn Mahdi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Si je ne détestais pas le fait que l’on désobéisse à Allah, Exalté soit-Il, j’aurais souhaité que tous mes contemporains médisent de moi. En effet, rien de telle qu’une Hassanah (rétribution d’une bonne action) que l’on trouve le Jour de la Résurrection dans son registre sans en être l’auteur et sans savoir d’où elle vient.
20. Un homme dit à Bakr ibn Mohammad : « J’ai appris que tu médisais de moi » ; Bakr lui répond: « Alors tu m’es plus cher que ma propre personne » (puisque je te fais cadeau de mes Hassanats)
21. Un des grands oulémas fut vu en rêve et on l’interrogea sur ce qu’il était devenu, il dit alors : « Je ne peux pas encore entrer au Paradis à cause d’une parole que j’ai prononcée. J’ai dit : « Que les gens ont besoin de la pluie ». Allah, Exalté soit-Il m’a dit en réponse : - ‘Qu’en sais-tu ? Je sais mieux que Toi ce dont mes serviteurs ont besoin’. »
22. `Abd Allah ibn Mohammad ibn Ziyaad, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « J’étais avec Ahmad ibn Hanbal quand vint un homme qui lui dit : ‘Ô Abou `Abdillah, j’ai médit de toi, pardonne-moi donc.’ – ‘Je te pardonne à condition que tu ne recommences plus’, répondit Ahmad. Je lui dis alors : ‘Lui pardonnes-tu, ô Abou Abd Allah, alors qu’il a médit de toi ?’. – ‘N’as tu pas entendu que je l’ai pardonné à une condition ?», dit Ahmad.
23. Des gens vinrent dire à Ibn Siriine, qu’Allah lui fasse miséricorde : « Nous avons médit de toi, pardonne-nous ». Il leur dit alors : « Je ne vous autorise pas une chose qu’Allah, Exalté soit-Il, a interdite ». Cette réponse est une incitation à implorer le pardon d’Allah, Exalté soit-Il, car en réalité il leur a pardonné.
24. Tawq ibn Monabbih, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Je suis entré chez Mohammad ibn Siriine et il m’a dit : « Tu sembles malade ? ».
– « Oui, je le suis », répondis-je.
– « Va voir tel médecin pour qu’il te prescrive un remède », dit-il. Puis il dit : « Ou bien va voir tel médecin, il est plus expert que le premier ». Puis il dit : « Je demande pardon à Allah, Exalté soit-Il. Je pense avoir médit de lui ».
25. On rapporte qu’un homme dit à Al-Hassan, qu’Allah lui fasse miséricorde : « Untel a médit de toi ». Il lui envoya alors une assiette pleine de dattes et lui dit : « J’ai appris que tu m’as envoyé tes Hassanaats et j’ai voulu te rétribuer pour cela, mais excuse-moi car je ne peux pas te rétribuer comme il se doit ».
26. On rapporte qu’Abou Omaamah Al-Baahili, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Le jour de la Résurrection, on donnera au serviteur le registre de ses actions où il trouvera des Hassanaats pour des actions qu’il n’avait pas faites. Il dira alors : ‘Ô mon Seigneur, d’où cela m’est-il venu ? Allah, Exalté soit-Il, lui répondra : ‘Cela vient de la médisance perpétrée par des gens à ton détriment sans que tu ne le saches’ ».
27. On demanda à un sage : « Pourquoi la puanteur de la médisance était perceptible à l’époque du Messager, Salla Allahou `Alaihi wa Sallam, alors que de nos jours elle ne l’est plus ? Il dit : « Car la mauvaise odeur de la médisance s’est largement diffusée de nos jours, à tel point qu’elle a rempli nos nez. C’est pour cette raison qu’on ne la distingue pas. A l’exemple de la parabole de l’homme qui entre dans une tannerie et ne peut pas y rester tellement l’odeur est forte alors que les ouvriers qui travaille dans cette tannerie y mangent et boivent sans distinguer d’odeur car leurs nez en sont remplis. Il en est de même pour la médisance de nos jours. »
28. `Abd Allah ibn Al-Mobaarak, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit à Sofiaane Ath-Thawri : « Ô Abou `Abdillah, Abou Hanifa est tellement loin de la médisance, je ne l’ai jamais entendu médire de ses ennemis’. Il répondit alors : ‘Il est trop raisonnable pour se livrer à ce qui dissipe ses propres Hassanaats’ »
29. On rapporte qu’un homme entra chez `Omar ibn `Abdil-`Aziiz, qu’Allah lui fasse miséricorde, et lui transmit les propos d’un autre homme. `Omar ibn `Abdil-`Aziiz, qu’Allah soit satisfait de lui, lui dit alors : « Si tu le veux, on peut vérifier ce que tu dis et si tu mens, tu seras concerné par le verset (sens des versets) : « Ô vous qui avez cru! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous regrettiez par la suite ce que vous avez fait.» (Coran 49 /6) et si tu dis vrai, tu seras concerné par le verset (sens des versets) : « Grand diffamateur, grand colporteur de médisance » (Coran 68/11) et si tu veux, nous te pardonnons ». L’homme dit alors : « Pardonnez-moi, ô émir des Croyants. Je ne recommencerai plus ».
30. Un homme dit à `Abd Allah ibn `Omar, qu’Allah soit satisfait de lui,: « J’ai appris qu’untel t’a informé que j’avais dis de mal de toi. »
– « Oui effectivement », dit Ibn `Omar
– « Informe-moi de ce qu’il a dit pour que je prouve qu’il a menti », reprit l’homme.
– « Je n’ai pas envie d’insulter ma personne avec ma propre langue et le fait que je ne l’ai pas cru et que je n’ai pas rompu avec toi suffit ».