Ibn ‘Abbaas, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, rapporta ce qui suit : « Lorsque le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) revint de son Hadj, pèlerinage, il demanda à Omm Sinaan l’Ansaariya :
- « Qu’est-ce qui t’a empêchée d’accomplir le Hadj avec nous ? ».
- « Mon mari n’a que deux chameaux pour transporter l’eau. Il en a enfourché un pour aller accomplir le Hadj et a laissé l’autre pour irriguer un lopin de terre qui nous appartient », lui répondit-elle.
- « Certes, une ‘Omrah accomplie au mois de Ramadan équivaut à un Hadj en ma compagnie », lui dit le Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam » (Boukhari et Mouslim).
Dans une autre narration, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui dit : « Quand vient Ramadan, accomplis la ‘Omrah, car une ‘Omrah au cours de ce mois équivaut à un Hadj » (Boukhari et Mouslim).
D’après Omm Ma’qil, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui dit : « Accomplis la ‘Omrah au cours du mois de Ramadan, car elle équivaut à un Hadj » (Abou Daawoud, An-Nassaa’i, Ibn Khozaymah et Al-Haakim : Sahih).
Des Hadiths dans ce sens ont été rapportés par Djaabir, Anas, Abou Horayrah et Wahb Ibn Khanbach, qu’Allah soit satisfait d’eux.
Commentant les propos du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) : « car une ‘Omrah au cours de ce mois équivaut à un Hadj », Ibn Battaal, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit : « Ce Hadith prouve que le rituel que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui a recommandé était surérogatoire, étant donné que les oulémas ont convenu à l’unanimité que cette ‘Omrah ne dispensait pas de l’obligation d’accomplir le Hadj. En effet, « Équivaut à un Hadj » signifie une équivalence au niveau de la récompense, qui n’implique pas qu’une œuvre dispense de l’autre. Et Allah, Exalté soit-Il, donne Sa grâce à qui Il veut ».
Leçons et dispositions :
Premièrement, ces Hadiths démontrent la miséricorde et la grâce d’Allah, Exalté soit-Il, accordées à Ses serviteurs, étant donné qu’Il rétribue, Exalté soit-Il, les œuvres qui ne constituent pas une charge lourde, par une grande récompense. Nous devons donc Lui rendre louange fréquemment pour cette grâce.
Deuxièmement, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) était plein de sollicitude pour sa communauté et s’enquérait de son état. Il était (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) le plus soucieux de donner des conseils aux gens. C’est ainsi que doit se comporter celui à qui Allah, Exalté soit-Il, a confié le commandement des gens : il doit éprouver de l’indulgence à leur égard, les conseiller, prendre de leurs nouvelles et s’évertuer à réaliser leurs intérêts séculiers et spirituels.
Troisièmement, la ‘Omrah, accomplie durant le mois de Ramadan, ne remplace pas le Hadj obligatoire. Il est vrai qu’elle lui est équivalente dans sa récompense, mais, à l’unanimité des savants, elle ne dispense pas du du Hadj obligatoire.
Quatrièmement, la récompense attribuée à une œuvre quelconque varie selon le temps, l’espace et l’intention qui la motive : elle augmente sous l’effet de la sacralité du moment (ou du lieu) de son accomplissement, ainsi que par la présence de la foi et la sincérité de l’intention.
Cinquièmement, ce Hadith et ses semblables ressemblent à ce qui a été dit concernant la Sourate Al-Ikhlaas, le Monothéisme pur, dont la lecture équivaut à celle du tiers du Coran. En fait, il s’agit seulement là de l’égalité de la récompense, et cela ne remplace pas le mérite de la lecture du Coran en entier.
Sixièmement, la récompense de la ‘Omrah équivaut à celle du Hadj, du fait qu’elle est accomplie au cours du mois de Ramadan, qui est une période de l’année privilégiée. « Au cours du mois de Ramadan, le pèlerin profite à la fois de la sacralité du mois et de celle de la ‘Omrah elle-même. Ainsi, ce double honneur du temps et du lieu peut à juste titre devenir l’équivalent de celui du temps et du lieu du Hadj ».
S’ajoute à cela la peine d’accomplir la ‘Omrah au mois de Ramadan, vu la difficulté de la faire pendant le jeûne, ou la rupture du jeûne pendant la journée de Ramadan, au cas où le pèlerin abandonnerait le jeûne pour entreprendre le voyage en ayant l’intention de rattraper ce jeûne plus tard. Cette peine n’existe pas dans la ‘Omrah accomplie en dehors du mois de Ramadan. S’adressant à ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui dit à cet égard : « la récompense de son accomplissement dépend du degré de ta peine » ou « dépend des dépenses que tu y fais.» (Mouslim).
Septièmement, quiconque accomplit la ‘Omrah au cours du mois de Ramadan gagnera ce mérite même s’il ne reste pas longtemps à la Mecque et rentre juste après l’achèvement des rituels.
Huitièmement, ces Hadiths ne laissent pas entendre qu’il faut multiplier les ‘Omrahs pendant le mois de Ramadan, en se rendant à maintes reprises au Miqaat pour accomplir plusieurs ‘Omrahs pendant le mois, ou parfois même pendant le même jour. Ce comportement, largement répandu de nos jours, s’oppose à la Sunna et à l’œuvre des Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, car rien ne confirme qu’ils multipliaient les ‘Omrahs au cours du même voyage.
Neuvièmement, quiconque formule l’intention d’accomplir une ‘Omrah au mois de Ramadan et choisit de rester près de la Mosquée sacrée pendant ce mois, ou pendant sa dernière décade, doit se préserver contre tous les interdits d’Allah, Exalté soit-Il, car une mauvaise action commise à la Mecque est plus grave qu’une mauvaise action commise ailleurs. Qu’en est-il si nous ajoutons à cela la sacralité du mois de Ramadan ?
Dixièmement, quiconque emmène avec lui sa famille et ses enfants pour rester près de la Mosquée sacrée pendant le mois de Ramadan doit les préserver contre la perpétration d’actes illicites. Sinon, au lieu de gagner une récompense, il endossera le fardeau de leurs œuvres, puisqu’il a négligé de prendre soin d’eux.
Onzièmement, si le pèlerin formule l’intention d’accomplir une ‘Omrah, qu'il arrive à la Mecque, alors qu’il jeûne et qu’il doit choisir entre deux options : rompre son jeûne pour accomplir la ‘Omrah, ou attendre le coucher du soleil pour rompre son jeûne et accomplir la ‘Omrah, il est préférable de renoncer au jeûne pendant la journée et d’accomplir la ‘Omrah, car il vaut mieux l’accomplir dès son arrivée à la Mecque, comme l’a fait le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam).