Ce mariage lui permet-il de revenir à son premier époux
2-10-2007 | IslamWeb
Question:
Je sollicite votre aide. Je suis une femme divorcée trois fois. Le père de mes enfants m'a promis de se remarier avec moi si j'épouse un autre et divorce de lui. Mon père et mon frère en ont été informés. Mon père m'a dit que si j’optais pour un second mariage coutumier, je devais prendre comme Waliye mon frère aîné. J'ai en effet fait la connaissance d'un homme et nous avons convenu de nous marier par crainte de commettre l'adultère. Je lui ai dit qu'il était libre de poursuivre ou non le mariage, mais mon intention était de me marier pour pouvoir revenir à mon premier époux, bien que je n'étais pas sûre des intentions de ce dernier à mon égard. Cependant, j'ai entrepris les démarches nécessaires tout en dissimulant mon intention à mon second mari, et sans non plus connaître la sienne. Nous n’avons pas déterminé de dot et avant le mariage, j'ai appelé mon frère cadet, lequel a consenti au mariage par téléphone. Nous nous sommes rendus chez un avocat qui a rédigé deux contrats en la présence de deux témoins, mais mon frère n'a pas assisté au mariage bien qu’il y ait consenti par téléphone. L’un des deux témoins était l'avocat qui a rédigé le contrat. Nous avons échangé les serments du mariage selon la tradition islamique et la doctrine d’Abou Hanifa. Devant les témoins, je lui ai dit : "Je me donne à toi comme épouse" et il a répondu : "Je l'accepte". Nous avons eu une relation intime sans que personne ne soit au courant de mon mariage sauf les témoins et je ne compte pas le faire savoir. Il a ensuite commencé à me fuir, peut être parce que j’ai des enfants. Je lui ai dit qu’il devait craindre Allah et essayer de s’impliquer dans cette relation qui pouvait nous être bénéfique à tous les deux. Mais après avoir à nouveau eu une relation intime, il a demandé le divorce. Je suis allée avec mon frère chez le même avocat et mon mari a dit qu’il m’avait répudiée en présence de deux témoins et de mon frère. Le divorce a alors été établi par écrit.
Ce mariage est-il légitime ? Dois-je observer une période de viduité ? L'absence de mon frère lors du mariage est-elle admissible bien qu’il ait assisté au divorce ? Nous n’avons par ailleurs pas convenu de la dot, mais nous avions déterminé dans le contrat de mariage le montant du Mou'akhar auquel j'ai renoncé lors du divorce. J'avais demandé à mon père d'assister au mariage mais il a confié cette tâche à mon frère aîné, j’ai alors appelé mon frère cadet qui a consenti au mariage et n’a révélé à personne ce qui s’est passé et jusqu’à ce jour, mon père n’est pas au courant de mon mariage.
Je suis dans une mauvaise situation, je crains Allah et je voudrais savoir si j’ai commis un péché car j'ignorais les conditions nécessaires à l'authenticité du mariage. Je n’ai en outre pas demandé le divorce à mon (second) mari et c'est lui qui m'a répudiée après avoir consommé le mariage. Qu'Allah vous récompense.
Réponse:
Louange à Allah. Paix et Salut sur Son Prophète.
Le mariage sans Waliye n'est pas valide, tel est l’avis de la majorité des Oulémas et cet avis est correct. Cependant, il est valide pour les Hanéfites pour autant que la femme soit adulte et raisonnable comme nous l’avons déjà indiqué dans la Fetwa n°3285.
L'avis prédominant est donc que ce contrat n’est pas valide selon la loi islamique. Le consentement du frère cadet au mariage ne suffit pas car il n'est ni Waliye, ni mandataire.
Néanmoins, conformément à l'école jurisprudentielle de Abou Hanifa, l'intention de la femme de se remarier pour pouvoir retourner après le divorce à son premier mari n'affecte en rien la légitimité du mariage car le second mari l'a épousée de son propre gré et ne s’est pas engagé à répudier sa femme ni pendant établissement du contrat ni avant. De même, le fait de ne pas mentionner la dot ni de déclarer le mariage n'affecte en rien la légitimité du contrat car si la dot n'est pas mentionnée dans le contrat, la femme a droit à une dot équivalente à celle d'une femme qui lui soit semblable. Quant à la déclaration du mariage, elle est préférable mais non obligatoire.
Quoi qu’il en soit, la femme doit observer une période de viduité en cas de divorce ou de décès de son conjoint, même pour ceux qui taxent ce mariage de nul.
Reste cette question : Ce mariage lui permet-il de revenir à son premier époux ?
Réponse : Pour ceux qui le jugent valide, il lui est évidemment permis de revenir à son premier époux.
Cependant, ceux qui le jugent nul sont d’opinion contraire.
Dans l'encyclopédie de la jurisprudence islamique, nous pouvons lire: "L’interdiction prend fin et la femme devient licite pour son premier mari sous certaines conditions, la première étant le mariage car Allah Exalté soit-Il a dit: "tant qu’elle n’aura pas épousé un autre" (Coran 2/230)".
Nous pouvons également lire : "Parmi les conditions à remplir lors du second mariage pour que la femme puisse revenir à son premier mari figure : la légitimité du mariage, car s'il est frappé de nullité le retour à son premier époux ne peut être rendu licite, même si le second mariage est consommé car un mariage nul n'est pas un mariage réel et le mariage dans l'absolu est un mariage réel. Même si la nullité du second mariage est sujette à controverse et que le second mariage a été consommé, la reprise de la vie commune avec son premier mari demeure illicite pour ceux qui jugent que ce second mariage est nul". Fin de citation.
Et Allah sait mieux.