Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Les chaines de transmission des citations mentionnées par l’auteur de la question ne sont pas authentiques.
Pour ce qui est de leur sens et aux significations auxquelles elles renvoient, les savants ont divergé pour savoir si l’analogie constituait un argument d’autorité. L’avis le plus juste est celui de la majorité des savants est qu’il constitue bien un argument d’autorité si les conditions pour en assurer la validité sont réunies. Mais l’analogie est invalide s’il manque une de ces conditions. La plus importante étant le cas où l’analogie s’oppose frontalement à un texte du Coran ou de la Sunna.
C’est la raison pour laquelle il existe des citations des compagnons et d’autres imams dans lesquelles ils blâment l’analogie. C’est le cas de ce qui est rapporté par Boukhari dans son recueil de hadiths authentiques, dans le livre intitulé Al-I’tisâm Bi Al-Kitâb Wa Al-Sunna. Chapitre : Ce qui a été dit sur la condamnation des avis émis en fonction de la raison et de recourir de façon abusive à l’analogie. Le chapitre suivant est intitulé : Le Prophète () n’était pas interrogé au sujet de ce qui n’avait pas encore été révélé et disait : ‘’je ne sais pas’’ ou alors il ne répondait pas jusqu’à ce que lui soit faite une révélation et il ne se prononçait pas en fonction de sa seule raison ni en recourant à l’analogie. Et le chapitre suivant : « Le Prophète () enseigne aux hommes et aux femmes de sa communauté ce qu’Allah lui a enseigné et non pas en se référant à sa raison ou à des analogies.
Dans ses Sunans, Al-Dârimî intitule un des chapitres de son ouvrage : Le changement d’époque et ce qui s’y passe. Il y fait figurer des citations qui condamnent le recours à l’analogie. Il a même intitulé un de ses chapitres : il est réprimandable de recourir à l’analogie.
Dans son livre Mudhakkira Fî Usûl Al-Fiqh, Al-Shinqîtî a dit : « Les citations rapportées des compagnons condamnant les avis juridiques basées sur la raison concernent les avis faux comme les analogies qui s’opposent frontalement à un texte du Coran ou de la Sunna ou ceux qui sont fondées sur l’ignorance. En effet, les compagnons étaient unanimes sur le fait qu’il convient d’agir en fonction des avis émanant d’efforts de réflexion dans les situations où il n’y a pas de texte scripturaire pour statuer d’un cas. C’est à cela que fait référence l’auteur du livre Marâqî Al-Sa’ûd :
Ce qui est rapporté condamnant ce fait
Concerne ce qui, sur le faux, est fondé. » Fin de citation.
L’objectif de notre propos est d’affirmer que l’analogie, lorsque ses critères de validité sont réunis et qu’on y a recourt dans un cadre adéquat constitue effectivement un argument d’autorité valide. Mais quand on y a recouru dans des situations où il ne convient pas alors l’analogie est vaine et blâmable.
C’est la raison pour laquelle le grand savant Ibn Abd Al-Barr, dans son livre Jâmi’ Bayân Al-‘Ilm Wa Fadlihi, a intitulé un chapitre : Faire un effort de réflexion selon les principes fondamentaux en l’absence de textes scripturaires lorsqu’une situation nouvelle l’exige. Un autre chapitre a pour titre : de la validité du recours à l’analogie dans la jurisprudence. Un autre a pour titre : Dissipation des confusions autour des différences entre les preuves juridiques et l’analogie, les savants qui ont blâmé l’analogie qui n’est basée sur aucun texte ainsi que les textes qui infirment la validité de l’analogie. Et un autre chapitre a pour titre : Ce qui a été rapporté concernant la condamnation des avis émis en fonction de sa seule raison, par conjecture, par analogie sans se référer à un texte, et du blâme de poser trop de questions qui n’ont pas lieu d’être.
En somme, il est des analogies qui sont valides et authentiques, elles font office d’argument d’autorité. D’autres sont invalides et fausses. Le détail de tout cela peut être vu en revenant aux ouvrages des principes fondamentaux de la compréhension de la religion.
Et Allah sait mieux.