Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Qu’Allah, exalté soit-Il, vous accorde la meilleure récompense pour votre souci de faire ce qu’Il aime et agrée. Nous L’implorons aussi de raffermir votre foi et de vous accorder le succès dans toutes vos initiatives vertueuses.
Ceci dit, sachez -cher frère- que celui dont l’appartenance à l’Islam est prouvée de manière certaine ne peut en être exclu qu'en présence d’une preuve certifiée. En effet, le principe de base veut que le musulman n’apostasie de sa religion que par une parole, un acte ou une croyance que le Coran et la Sunna considèrent comme de la mécréance majeure qui entraine l'apostasie ou que les oulémas reconnaissent unanimement comme telle. Malgré tout cela, on ne peut jeter l’anathème sur une personne bien précise que si toutes les conditions sont réunies et en l’absence d’objection comme le fait d’être pubère, sain d’esprit et de ne pas être sous la contrainte. En l’absence d’une preuve irréfutable qui prouve que votre père est mort sur la mécréance, il est toujours considéré comme un musulman et le partage de son héritage ne pose pas de problème.
Dans le cas où sa mort sur la mécréance est prouvée sans l’ombre d’aucun doute –qu’Allah nous préserve de la mécréance- sachez que les oulémas ont deux avis sur la question : est-ce que le musulman peut hériter de son parent mécréant ou pas ?
D'après la majorité des oulémas, un musulman n'a pas le droit d'hériter de son parent non musulman. L'avis de la majorité s'appuie sur le hadith rapporté à la fois par Boukhari et Mouslim et dans lequel le Prophète () a dit : "Le musulman n'hérite pas du mécréant et le mécréant n'hérite pas du musulman".
Certains oulémas sont d'avis que le musulman peut hériter de son parent mécréant si ce dernier ne combattait pas l'Islam. C'est l'opinion de Mu'âdh ibn Djabal, Mu'âwiya ibn Abû Sufyân, Mohammed ibn al-Hanafiyya, Mohammed ibn Alî ibn al-Husayn, Sa'îd ibn al-Musayyab et Masrûq et c'est aussi l'avis retenu par Ibn Taymiyya et Ibn al-Qayyim. Ceux qui optent pour cet avis disent que nous pouvons hériter d'eux (des Gens du livre) et ils ne peuvent hériter de nous tout comme nous pouvons nous marier avec leurs femmes et ils ne peuvent se marier avec les nôtres. Quant au hadith "Le musulman n'hérite pas du mécréant" ils disent qu'il s'agit ici du mécréant qui combat l'Islam. Ce dernier groupe avance aussi comme preuve le fait que le Prophète () traitait les hypocrites en fonction de leur apparence comme il traitait les musulmans : ils héritent les musulmans et les musulmans héritent d'eux. Abdellah Ibn Ubay est mort avec d'autres hypocrites au temps du Prophète () malgré que le Coran a attesté qu'ils étaient hypocrites, a interdit au Prophète () de faire la prière funéraire sur eux et de demander à Allah de leur accorder Son pardon des musulmans ont bien hérité d’eux.
Concernant le musulman qui devient un apostat et renie sa religion, les hanafites sont d’avis que seuls les biens qu’il a amassé avant son apostasie doivent être partagé entre ses héritiers musulmans. Il est mentionné dans le livre intitulé Al-Nutaf de son auteur Abû al-Hasan, Ali ibn al-Husayn, le hanafite : « Les biens de l’apostat sont de deux catégories :
- Les biens qu’il a amassés avant son apostasie
- Les biens qu’il a amassés après son apostasie
Les premiers, s’il venait à mourir ou s’il se réfugie dans un pays non musulman, doivent être partagés entre ses héritiers musulmans après le remboursement de ses dettes et l’exécution de ses recommandations …
Les seconds doivent revenir au trésor public musulman du moins selon les avis d’Abu Hanifâ, de Mâlik et d’al Chafi’î. Selon les avis d’Abû Yûsuf, de Mohammed et d’Abû Abdillah, ils doivent être partagés entre ses héritiers tout comme les premiers. » Fin de citation
En prenant en compte de l’avis de la minorité, nous pensons que rien ne vous empêche de prendre les biens laissés par votre père surtout que dans la situation actuelle il n’y a personne d’autre qui les réclame et que si vous ne les prenez pas, ils n’iront pas au trésor public musulman vu son inexistence.
Et Allah sait mieux.