Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
La réponse à vos questions se résume de la manière suivante :
Premièrement : Les Hanafites sont d’avis que le fait de réciter la sourate al-Fâtiha lors des deux dernières Rak’as est une sunna et que si la personne dit subhânallah à la place ou se tait alors il n’y a pas d’inconvénient à cela. Il est mentionné dans Tuhfat al-Mulûk qui est un livre hanafite ce qui suit : « La récitation du Coran lors des deux dernières Rak’as et le fait de réciter simplement la Fatiha est une sunna et si la personne dit subhânallah à la place alors cela est permis et s’il se tait alors cela est Makrûh. »
Il n’y a pas de hadith rapporté du Prophète () confirmant l’avis pour lequel ils ont opté. Ils s’appuient pour justifier leur avis sur ce qu’a rapporté Ibn Abî Chayba selon ‘Ali et Ibn Mas’ûd qui ont dit : « Récite le Coran dans les deux premières Rak’as et glorifie Allah dans les deux dernières. » Al-Zayla’î a dit : « Il y a une interruption dans la chaîne de transmission ». Ibn Abî Chayba a aussi rapporté selon al-Hârith qui rapporte que ‘Ali a dit : « La personne récite le Coran dans les deux premières Rak’as et glorifie Allah dans les deux dernières. » Al-Hârith en question est al-A’war et il est considéré comme un rapporteur dont les narrations ne sont pas acceptées, certains l’accusèrent même d’être un menteur.
L’auteur de ‘Awn al-Ma’bûd a dit : « Les savants se sont exprimés sur ce hadith par le passé et al-Cha’bî figure parmi ceux qui le déclarèrent non authentique et il accusa le rapporteur d’être un menteur. Aussi, les savants du hadith le délaissèrent. Et en admettant que ce qui est rapporté à propos de ‘Ali soit authentique, cela ne constituerait quand même pas une preuve car un groupe de Compagnons l’ont contredit dans cela et parmi eux figure Abu Bakr, ‘Omar, Ibn Mas’oud, ‘Aïcha et d’autres et la sunna du Messager d’Allah est plus en droit d’être suivie. De plus, il est avéré qu’Ubaydullah ibn Abî Râfi’ a rapporté que ‘Ali ordonnait aux gens de réciter la sourate al-Fâtiha ainsi qu’une autre sourate dans les deux premières Rak’as de Dhohr et de l’‘Asr et de ne réciter que la Fâtiha dans les deux dernières Rak’as. »
On a également rapporté cela de ‘Âïcha. Cependant, al-Hâfizh a dit dans al-Dirâya : « Je n’ai pas trouvé cela à propos de ‘Âïcha. » Al-Zayla’î a dit : « La narration rapporté de ‘Âïcha est Gharîb (étrange) »
Deuxièmement : Les Hanafites sont d’avis que l’Ihram (c'est-à-dire le fait de commencer la prière) se réalise par toute parole qui indique la grandeur d’Allah mais la majorité des savants les ont contredits à ce sujet. Il est rapporté dans l’Encyclopédie jurisprudentielle ce qui suit :
« Les Malikites et les Hanbalites sont d’avis que la prière ne peut commencer que par la parole Allahu Akbar et qu’aucune autre formule n’est valide. Elle doit être prononcée avec ses conditions, qui ont été mentionnées en détails dans leurs recueils respectifs. Ils prennent pour argument la parole du Prophète () : ‘Le Tahrim de la prière est Allahu Akbar’ (c'est-à-dire qu’à partir du moment où cette formule est prononcée, les choses qui étaient à l’origine licites deviennent interdites dans la prière). Il a également dit à celui qui avait mal accompli sa prière : ‘Lorsque tu te lèves pour faire la prière dis : Allahu Akbar’. Dans le hadith de Rifâ’a, le Prophète () a dit : ‘La prière de l’un d’entre vous ne sera complète que s’il parfait ses ablutions et dit ensuite : Allahu Akbar’. Le Prophète () débutait la prière en disant Allahu Akbar et il n’a jamais été rapporté qu’il ait fait autre chose que cela jusqu’à ce qu’il décède. Cela indique qu’il n’est pas permis de faire autre chose que cela. Les Chaféites disent la même chose que les Malikites et Hanbalites, c'est-à-dire qu’il est obligatoire à la personne qui en est capable de dire le takbîr et qu’il n’est pas valable de dire une parole qui se rapproche de celle-ci comme : ‘Le Tout Miséricordieux est plus noble ou le Seigneur est plus immense » excepté que, selon l’avis faisant autorité dans leur doctrine, l’ajout qui ne contredit pas le takbîr comme le fait de dire : ‘Allahu Al-Akbar’ ne nuit en rien. Ibrâhîm al-Nakha’î, Abû Hanîfa et Mohammed (Ibn al-Hassan) sont d’avis qu’il est permis de débuter la prière avec toute évocation qui est une éloge vouée à Allah, exalté soit-Il, et par laquelle on désire exprimer Sa grandeur et pas autre chose comme le fait de dire : ‘Allahu Akbar, Allahu al-Akbar, Allahu Al-Kabîr, Allahu Ajall, Allahu A’zham ou al-Hamdulillah, Subhân Allah, Lâ Ilâha Illa Allah’, ou encore tout nom mentionné avec l’attribut comme : ‘Al-Rahmân A’zham, al-Rahîm Ajall’ , que la personne sache prononcer ou non le takbîr »
Troisièmement : quant au fait de poser la main durant le Tachahhud dans l’école jurisprudentielle hanafite, il est mentionné dans al-Radd al-Muhtâr d’Ibn ‘Âbidîn al-Hanafî ce qui suit : « Nous n’avons à ce sujet que deux avis : Le premier, qui est le plus connu dans notre école, est d'étaler les doigts sans montrer du doigt. Le second est d'étaler ses doigts jusqu’au moment de l’attestation de foi et de les serrer tout en levant l'index au moment où l'on dit "lâ ilâha" (nulle divinité n'est digne d'être adorée) et en le rabaissant au moment où l'on dit "illallah" (en dehors d'Allah). Ce second avis est celui des oulémas des générations postérieures aux premiers imams »
Quatrièmement : en ce qui concerne la phrase : « Hayya ‘Alâ Khayr al-‘Amal » il n’y aucun hadith Sahîh rapporté du Prophète () dans lequel il aurait enseigné à un Compagnon de dire cette phrase lors de l’appel à la prière. Cependant certains compagnons la disaient parfois dans leur appel à la prière. Nâfi’ a rapporté qu’Ibn ‘Umar disait dans son appel à la prière : « As-Salâtu Khayr Min An-Nawm » et il lui arrivait de dire : « Hayya ‘Alâ Khayr Al ‘Amal. » (Ibn Abî Chaybah) La version d’Al Bayhaqî est la suivante : « Il disait parfois : « Hayya ‘Alâ Khayr al-‘Amal. » (Al-Bayhaqî : Sunan al-Kubrâ).
Al-Chawkânî a dit : « Nous ne trouvons dans les recueils de hadiths aucun des hadiths rapportés par Ibn ‘Umar et Abî Umâma qui remontent authentiquement au Prophète (). La majorité des savants ont répondu à ceux qui authentifient cela en disant qu’il n’y a rien qui puisse appuyer cette thèse qui a été mentionnée dans les hadiths rapportés à cet effet et qui font mention des paroles de l’appel à la prière, que ce soit dans les deux recueils de hadith authentiques ou dans les autres recueils de hadiths. Ils ont dit : Et si ce qui est rapporté (à propos d’Ibn ‘Umar) dans le premier appel à la prière est avéré, alors cela est abrogé par les hadiths relatifs à l’appel à la prière en raison de son absence dans ceux-ci’. » (Nayl al-Awtâr)
Cinquièmement : en ce qui concerne le fait de faire le Tayammum par crainte de rater l’heure de la prière, les Hanafites sont d’avis qu’il ne faut pas faire le Tayammum mais au contraire faire les ablutions et même si l’heure de la prière s’écoule. Il est mentionné dans Al-Bahr al-Râ’iq ce qui suit : « Il n’est pas valable de faire le Tayammum par crainte que le temps de la prière du vendredi et le temps des prières prescrites ne s’écoulent. Il n’est permis de faire le Tayammum qu’en cas d’incapacité réelle ou légale à utiliser de l’eau, cela contrairement à l’avis de Zufar comme nous l’avons mentionné précédemment. Quant au fait que cela ne soit pas permis par crainte de rater la prière du vendredi, c’est parce que si l’homme rate la prière du vendredi l’obligation est de prier Dhohr et quant au fait que cela n’est pas permis par crainte de rater l’heure de la prière (prescrite), c’est parce que si l’homme rate la prière à l’heure prescrite, l’obligation est alors de la rattraper »
Ceci est également l’avis des Hanbalites. L’autre avis de l’imam Ahmad est que l’homme fait le Tayammum (ablutions sans eau) et prie avant que l’heure de la prière ne soit écoulée. Al-Mirdâwî al-Hanbalî a dit :
« Il n’est pas permis à la personne qui a de l’eau de faire le Tayammum par crainte que l’heure de la prière prescrite ne s’écoule. Ceci est l’avis général de notre école et ceci est l’avis de la grande majorité des savants hanbalites dont beaucoup tranchèrent sur la question. La personne doit ainsi se préoccuper de la condition (de la prière). Il est également rapporté de l’Imam Ahmad qu’il faut faire primer l’heure de la prière sur la condition et donc la personne doit prier en ayant fait le Tayammum. Cela est mentionné dans Al-Fâiq et c’est l’avis du Cheikh Taqiyy al-Dîn (Ibn Taymiyya) » (Al-Insâf)
Et Allah sait mieux.