Une fois donc libéré de tes occupations, consacre-toi au culte avec ferveur

06/03/2024| IslamWeb

 

Une fois donc libéré de tes occupations, consacre-toi au culte avec ferveur

 

 

 

 

« Une fois donc libéré de tes occupations, consacre-toi au culte avec ferveur, te tournant sincèrement vers ton Seigneur, convoitant humblement Ses faveurs. » (Coran 94/7-8).

C’est par ces deux versets qu’Allah conclut la sourate Al-Charh. Cette sourate, comme le dit l’auteur de l’exégèse Al-Tahrîr Wa Al-Tanwîr : « mentionne la bienveillance et la compassion d’Allah à l’égard de Son Prophète, il y dissipe l’angoisse et la gêne qu’il ressent, facilite ce qui était pour lui difficile, honore son rang pour alléger ce qu’il ressent. Le contenu de cette sourate ressemble donc fortement à un argument qui vient appuyer le contenu de la sourate précédente, Al-Douha. Ceci pour le raffermir et lui rappeler la précédente bienveillance à son égard. Mais aussi pour éclairer le chemin de la vérité, l’élever en degré, afin qu’il sache que Celui qui dès le début l’a comblé de Ses bienfaits ne saurait S’abstenir de l’en combler. Pour le lui faire savoir, Il a procédé en lui rappelant le passé dont il a connaissance. »

Mais en disant : consacre-toi, quel est l’objectif de ce propos ? Et de quelles occupations doit-il se libérer ? Et comment doit-il convoiter les faveurs de son Seigneur ? Comment le musulman peut-il bénéficier de cette injonction surtout qu’il est requis de prendre le Prophète () pour modèle. Tout ordre qui lui est donné est aussi un ordre aux membres de sa communauté tant qu’aucun élément ne vient justifier que cet ordre concerne spécifiquement le Messager d’Allah.

Les savants ont divergé sur ces questions et ont formulé différents avis … Mais pour connaitre la finalité de la fin de la sourate il faut absolument connaitre les significations du début de la sourate. Allah y rappelle son bienfait à son égard en lui ayant ouvert la poitrine, soulagé d’un fardeau, rehaussé son renom … Et comme cela est formulé dans la sourate, une question posée à la forme négative (comme il est dit dans la sourate : N’avons-nous pas ?) indique qu’il s’agit d’un fait avéré … c’est-à-dire qu’Allah a effectivement ouvert sa poitrine.

Le sens de l’ouverture de la poitrine correspond à l’élargir et lui donner un espace plus grand. Et si la poitrine a été particulièrement citée, c’est parce que c’est le siège des savoirs et de l’entendement, de la réflexion, de la raison, des convictions, de la compréhension, des informations. Tout ceci se trouve dans la poitrine, dans le cœur.

Si la poitrine est étroite, c’est tout l’espace qui se rétrécit malgré son étendu. L’âme se sent à l’étroit, la compréhension et l’entendement diminuent, la propension à supporter et faire preuve de patience aussi. Or, le Prophète () avait vraiment besoin d’avoir le cœur épanoui pour pouvoir supporter la charge de la Mission prophétique et ce qui l’accompagne comme péripéties et persécutions des ennemis qui lui faisaient face avec toutes sortes de méfaits, de calomnie, eux qui le traitaient de menteur …

C’est pour cela qu’Ibn Jarîr a dit, qu’Allah lui fasse miséricorde : « Il a ouvert sa poitrine de façon à en faire le réceptacle de la révélation, apte à supporter la charge de transmettre le message divin, les difficultés de la prédication et ce que cela implique comme efforts, actes et peines. Et tout ce que devra rencontrer celui qui s’apprête à le faire et en assumer la fonction comme méfaits. Dans tous les cas, il n’échappera pas aux contradicteurs parmi ses ennemis, ses antagonistes qui ne peuvent rester en place ni être serein dès qu’apparaissent les lumières, les lumières de la prophétie et du message divin. »

Il était donc nécessaire de lui ouvrir la poitrine afin qu’il ne se sente pas à l’étroit, afin que le Prophète () n’interrompe pas sa mission, qu’il ne s’arrête pas en chemin, qu’il ne revienne pas sur ses pas, qu’il ne soit pas ébranlé. Mais qu’il fasse preuve de fermeté et ancre ses pas dans cette voie jusqu’à être plus solidement ancré que les montagnes.

Et si l’ouverture de la poitrine auquel nous avons fait allusion jusqu’à maintenant était au sens figuré du terme, il faut ajouter à cela la véritable ouverture, concrète et tangible, de sa poitrine. Allah en a extrait le bout de chair qui correspondait à la part du diable par le biais duquel il pouvait avoir de l’emprise sur lui. Mais une fois ce bout extirpé de sa poitrine, elle devient le réceptacle digne de recevoir les lumières, la révélation, les directives divines. Et ceci, en ôtant, en repoussant, en éradiquant tout ce qui s’y oppose comme faits tangibles ou intangibles.

Ajouté à l’ouverture de la poitrine, il a été soulagé d’un fardeau en voyant ses péchés passés et futurs pardonnés. Les péchés sont une charge pour l’âme, le cœur et le corps. Or, ce poids des péchés empêche d’accomplir des actes d’adoration. Il appesantit quiconque souhaite obéir au Seigneur. Il affaiblit le cœur et le corps de s’empresser aux bonnes actions. Le cœur est empêché de s’élancer et de poursuivre son chemin vers Allah. Le cœur est donc immobilisé, occupé à faire de mauvaises choses, à commettre des péchés qui l’épuisent, l’alourdissent et l’arrêtent sur le chemin de son voyage vers son Seigneur et la dernière demeure.

Ainsi, la purification du cœur des péchés constitue un véritable bienfait. C’est pour cela qu’Allah le rappelle à son Prophète dans ce verset 

« Nous t’avons, en vérité, accordé une victoire éclatante afin qu’Allah te pardonne tes péchés passés et futurs, te comble de Ses bienfaits, te maintienne à jamais sur le droit chemin. » (Coran /1-2). 

« Te soulageant ainsi de ce fardeau qui pesait si lourdement sur ton dos ?» (Coran 94/2-3).

Allah a ouvert sa poitrine, purifié son cœur, pardonné ses péchés, rehaussé son renom … tout cela pour le préparer à ce qu’il allait annoncer à la fin de la sourate :

« Une fois donc libéré de tes occupations, consacre-toi au culte avec ferveur, te tournant sincèrement vers ton Seigneur, convoitant humblement Ses faveurs. » (Coran 94/7-8).

C’est-à-dire par gratitude envers les bienfaits dont ton Seigneur t’a comblé et pour toutes les grâces qui ont précédé.

Le temps libre et se consacrer aux adorations :

Les savants ont émis différents avis pour désigner à quoi faisait référence les occupations desquels le Prophète () était censé se libérer ainsi que les actes d’adoration auxquels il devrait se consacrer. Certains ont dit : Lorsque tu t’es libéré de tes obligations alors consacre-toi à la prière nocturne … d’autres ont dit : quand tu t’es libéré de la prière alors fais des invocations … D’autres ont dit : lorsque tu t’es libéré du combat contre tes ennemis alors consacre-toi à l’adoration de ton Seigneur … Enfin, certains ont dit : lorsque tu t’es libéré de tes occupations liées à ce bas monde, alors consacre-toi aux œuvres de l’au-delà.

Il est possible que tout cela soit visé par ce verset et même que d’autres sens le soient. En effet, le verset ne précise rien de particulier. Ce qui peut donc être reformuler ainsi : une fois que tu t’es libéré de ce que tu faisais alors dirige-toi vers une autre activité qui te sera utile pour tes affaires mondaines ou religieuses. L’objectif étant d’être occupé à l’obéissance d’Allah et transmettre le message divin, passant d’une adoration à une autre, d’un acte d’obéissance à un autre, d’une œuvre pieuse à une autre, sans discontinuer, sans attendre. Tant que le musulman est en vie, il doit sérieusement s’efforcer d’œuvrer constamment et faire ce dont les retombées lui seront utiles dans sa vie mondaine et religieuse. Il ne doit jamais rester oisif. Si l’âme n’est pas occupée par des activités en accord avec la vérité, elle passera son temps à t’occuper par de la vanité …

Règle pédagogique :

Voici une des règles de l’éducation de l’âme. Une directive concernant son lien avec son Seigneur :

« Une fois donc libéré de tes occupations, consacre-toi au culte avec ferveur, te tournant sincèrement vers ton Seigneur, convoitant humblement Ses faveurs. » (Coran 94/7-8).

Etant donné que le musulman doit prendre le Prophète () pour modèle. Et que le discours adressé au Prophète () l’est aussi à sa communauté. Les musulmans sont donc également tenus, lorsqu’ils se sont libérées de leurs occupations, de se consacrer au culte du Seigneur … c’est-à-dire qu’une fois qu’ils en ont fini avec un acte d’obéissance quelconque, ils devraient en débuter une autre et convoiter les faveurs du Seigneur à travers l’invocation et l’adoration et la dévotion. La vie du véritable musulman est toute dévouée à Allah. Il n’y a aucune place dans sa vie pour des bassesses.

Plus encore, les divertissements que la religion autorise à diverses catégories de personnes et en certaines occasions comme les fêtes et les festivités ont pour objectif principal de redonner du baume au cœur afin de retourner à nouveau vers des activités plus sérieuses de façon à ce que le fidèle vive un état de servitude dans toutes ses situations. Dans l’aisance et la gêne, la difficulté et la facilité, en voyage ou sur son lieu de résidence, quand il rit et pleure. Tout cela pour incarner véritablement ce verset :

« Dis : « Mes prières, mes actes de dévotion, ma vie tout entière et ma mort, sont voués à Allah, Seigneur de la Création. » (Coran 6/162).

Non à l’oisiveté :

L’Islam répugne à ce que ses adeptes restent oisifs, sans activité en lien avec la religion ou le bas monde ! Plusieurs citations des prédécesseurs le disent avec force :

Omar a dit : « Je répugne de voir l’un de vous oisif, inactif, ni occupé par un acte en lien avec sa religion ou à sa vie mondaine. »

Ibn Mas’ûd a dit : « Je déteste voir un homme qui ne fait rien, ni occupé par un acte en lien avec sa religion ou à sa vie mondaine. »

La raison pour laquelle Ibn Mas’ûd détestait voir ce genre de personnes est la suivante : « Un homme oisif, inactif, ou qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas dans le cadre de sa religion et de sa vie mondaine est une preuve d’idiotie, d’une raison défaillante et que l’insouciance s’est emparé de lui. »

Le Coran a fait mention de ces gens oisifs et inactifs, incapables d’obéir à leur Seigneur ou de réaliser quelque chose de significatif. Il convient de les éviter pour que leur nature vile, par effet de contagion, ne nous touche. Comme l’a dit Allah dans le Coran :

« N’obéis pas à celui que Nous avons rendu indifférent à Notre révélation et qui, porté aux excès, suit aveuglement ses passions. » (Coran 18/28).

Le sérieux et la rapidité de l’exécution :

L’un des enseignements de ce verset est qu’il est un guide des plus éloquents pour nous conduire à œuvrer, faire preuve de sérieux et investir son temps avant de le regretter. Il éduque le fidèle à réaliser ce qu’il fait promptement, sans le remettre à plus tard. La procrastination, soit le fait de toujours remettre à plus tard ce qu’on doit faire maintenant, est une bien vilaine chose, laide, et dont les conséquences sont fâcheuses. Et quiconque n’est pas en mesure de gérer le jour présent sera encore plus incapable de gérer le lendemain !

Allah nous a interdit de faire preuve de procrastination dans plusieurs versets :

« Empressez-vous vers le pardon de votre Seigneur et un jardin aussi large que le ciel et la terre. » (Coran 57/21).

« Empressez-vous vers les œuvres qui vous vaudront le pardon de votre Seigneur et un jardin aussi large que les cieux et la terre. » (Coran 3/133).

Le Prophète () a aussi dit :

« Profite de cinq choses avant que ne viennent cinq autres : la jeunesse avant la vieillesse, la santé avant la maladie, la richesse avant la pauvreté, le temps libre avant d’être occupé et la vie avant la mort. »

« Empressez-vous d’accomplir de bonnes œuvres ! Attendez-vous d’en être empêchés par l’une de ces sept calamités : une pauvreté qui fait tout oublier, une richesse qui pousse au péché, une maladie qui ronge le corps, une sénilité qui fait radoter, une mort subite, le faux Messie qui est le pire mal à venir, ou l’Heure qui sera plus terrible et plus amère encore ? »

Dans son ouvrage Iqtidâ Al-‘Ilm Al-‘Amal, le Khatîb Al-Baghdâdî a consacré un chapitre intitulé : « De la condamnation de la procrastination. » Dans lequel il est rapporté cette citation de Al-Hasan Al-Basrî : « Méfiez-vous de toujours remettre vos activités à plus tard. Vous êtes ce que vous faites aujourd’hui et non pas ce que vous ferez demain. Si vous devez vivre demain alors faites aujourd’hui ce que vous avez l’intention de faire demain. Et si vous ne devez pas vivre la journée de demain alors vous ne regretterez pas vos négligences d’aujourd’hui. »

Selon Qatâda ibn Abi Al-Jald : « J’ai lu dans un livre que le terme Sawfa (qui indique le futur en arabe) est un des soldats du diable. »

Ibn Abi Al-Dunia rapporte de ‘Uqba ibn Abi Al-Sahbâ’ : « J’ai entendu Al-Hasan dire : « Les jeunes ! Méfiez-vous de toujours remettre les choses à plus tard en disant : je ferais, je ferais. »

Il est dit dans un poème :

N’espère pas faire de bonnes œuvres demain

Il se peut que demain tu ne sois plus rien

Nous terminons avec une recommandation de Yûsuf ibn Al-Asbât à son frère : « Ô mon frère, prends garde à ce que la procrastination ne prenne pas le dessus sur toi, t’ordonne quoi faire et s’empare de ton cœur. C’est le lieu de la fatigue, de la déperdition, de la fin des espoirs et c’est ainsi que l’on perd sa vie … Empresse-toi ô mon frère de bien œuvrer car on s’empressera de te prendre la vie. Et dépêche-toi car on se dépêchera de t’ôter la vie. Fais preuve de sérieux car la vie est une chose sérieuse. »

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