Si tu dois demander, demande à Allah
Dans la recommandation qu’il fit au fils de son oncle Ibn Abbâs, le Prophète (), lui dit : « Observe les prescriptions d'Allah, Il te protégera. Observe les prescriptions d'Allah, tu Le trouveras toujours avec toi. Si tu dois demander, demande à Allah et si tu demandes de l'aide, demande-la à Allah. Et sache que si la communauté entière se rassemblait pour te faire bénéficier d'un bien, elle ne te ferait bénéficier que de ce qu'Allah t'a destiné. Et si elle se rassemblait pour te causer un tort, elle ne te causerait que le tort qu'Allah t'a destiné. Les plumes ont cessé d'écrire et l'encre des pages a séché. » (Tirmidhi a dit: hadîth hasan sahîh).
Il dit à Ibn Abbâs mais aussi à toute personne soucieuse et angoissée, peinée et opprimée, et à tous ceux qui ont besoin de quoique ce soit : « Si tu dois demander, demande à Allah »
Quand tout devient difficile, que tu es entouré de problèmes et que tu vois le monde devant toi tout en noir. Dis : Ô Allah.
Quand tu te sens à l’étroit et que les problèmes t’oppressent, et que tu ne trouves pas d’issue … Dis : Ô Allah.
Quand la situation change, que tu as moins d’argent, que les dépenses augmentent, que les exigences s’accumulent et que tu ne trouves pas de quoi donner à chacun ses droits et assumer les devoirs qui t’incombent … Dis : Ô Allah.
Quand les valeurs s’inversent, que la nature se corrompt, qu’on se moque des principes, qu’on combat les vertus et qu’on fait l’éloge des vices … Dis : Ô Allah.
Quand on voit des gens prendre le Coran de haut et d’autres se moquer du Prophète, et qu’on ne voit personne pour leur répondre et les réfuter pour porter secours à la religion d’Allah et de Son Prophète … Dis : Ô Allah.
Quand les gens se jettent sur les savants et méprisent les religieux en les contraignant à se réfugier dans des lieux obscurs ou derrière les barreaux alors … Dis : Ô Allah.
Quand le faux commence à se répandre et se diffuser. Que la vérité est moins visible, qu’elle a moins de valeur dans le cœur des gens et qu’elle régresse. Quand tout cela provoque une angoisse dans ton cœur et que ton âme en souffre … Dis : Ô Allah. Cherche protection auprès de Lui en L’invoquant car il n’y a d’autre issue que de L’invoquer.
Le Prophète (), enseigne à Ibn Abbâs, à nous et à l’ensemble des musulmans que l’invocation est le plus grand des bienfaits, le don le plus immense qu’Allah ait pu faire à Ses serviteurs et dont Il les a comblés. Il leur a intimé l’ordre de L’invoquer et les y a encourager. Il leur a promis qu’Il les exaucerait et qu’Il s’en chargerait. Quand invocation il y a, l’exaucement n’est pas loin. Allah dit : « Et quand Mes serviteurs t'interrogent sur Moi. Alors Je suis tout proche: Je réponds à l'appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu'ils répondent à Mon appel, et qu'ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés. » (Coran 2 ;186). Et : « Et votre Seigneur dit: « Appelez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M'adorer entreront bientôt dans l'Enfer, humiliés. » » (Coran 40 ;60). C’est pourquoi le commandeur des croyants, Omar ibn al-Khattâb, disait : « Je ne me soucie pas de savoir si on va m’exaucer, mais je me soucie de savoir si je fais bien mes invocations. »
La réussite d’un homme ne l’est que si Allah lui a permis de l’invoquer et lui a ouvert les portes pour ce faire, lui en facilité l’accès et les causes pour le faire, a dirigé son cœur vers Lui et permis à sa langue de se mouvoir pour L’invoquer. Les gens ont encore plus besoin d’invoquer leur Seigneur qu’ils n’ont besoin d’air ou que le poisson de l’eau. Personne ne peut se dispenser du seigneur ne serait-ce que le temps d’un clignement de l’œil. Allah dit : « hommes, vous êtes les indigents ayant besoin d'Allah, et c'est Allah, Lui qui se dispense de tout et Il est Le Digne de louange. » (Coran 35 ;15).
Allah seul et personne d’autre
Le Prophète (), enseigne à Ibn Abbâs ainsi qu’à tous ceux qui sont dans le besoin que s’ils doivent demander quelque chose qu’ils adressent leur requête à Allah et qu’ils n’accrochent pas leurs cœurs à autre que Lui. Ceci parce que l’invocation est la manifestation même de l’adoration et que l’adoration n’est due qu’à Allah.
Selon Nu’mân ibn Bachir : J’ai entendu le Prophète (), dire sur le minbar : « L’invocation c’est l’adoration même. » puis il lit le verset : : « Et votre Seigneur dit : « Appelez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M'adorer entreront bientôt dans l'Enfer, humiliés. » » (Coran 40 ;60).
Shawkânî a dit : « L’invocation est la plus haute forme d’adoration, la plus élevée et la plus noble. » Fin de citation.
Shaykh Sa’di dit au sujet de ce verset : « Invoquez Allah donc, en Lui vouant un culte exclusif quelque répulsion qu'en aient les mécréants. » (Coran 40 ;14). Le fait que le terme culte ait été utilisé à la place du terme invocation prouve que l’invocation est le cœur de la religion et l’âme de l’adoration.
L’invocation met en exergue l’humiliation, l’indigence, la pauvreté, le besoin, l’impuissance du demandeur envers celui à qui il s’adresse … C’est la reconnaissance de qui demande envers celui à qui il demande, détient la puissance, le savoir, la richesse, le pouvoir et l’autorité. C’est la servitude même et le summum de l’indigence. C’est pourquoi l’imam Ahmad invoquait le seigneur en ces termes : Ô Allah, comme tu as préservé mon visage de se prosterner devant autre que toi, préserve le d’avoir à demander quoique ce soit à autre que toi. Personne d’autre que Toi ne peut délivrer d’un mal ou procurer un bien.
Si tu dois demander, demande à Allah
Parce que tout retournera à Lui, qu’Il a entre Ses mains les cœurs de tous les hommes, que toute la création est soumise à Sa puissance, obéissante à Sa volonté. Rien ne peut repousser Son décret, interférer dans Son jugement, avoir le dessus sur Ses commandements. Tout ce qui existe dans l’univers n’est qu’un outil pour réaliser ce qu’Il a décrété et prédestiné … Aucun bien, pas plus qu’aucun mal, ne peut t’atteindre s’Il ne te l’a pas destiné. C’est pour cela que le Prophète (), a dit : « Et sache que si la communauté entière se rassemblait pour te faire bénéficier d'un bien, elle ne te ferait bénéficier que de ce qu'Allah t'a destiné. Et si elle se rassemblait pour te causer un tort, elle ne te causerait que le tort qu'Allah t'a destiné. »
Allah est le seul à véritablement détenir le pouvoir et tout autre que Lui est impuissant : « Tel est Allah, votre Seigneur : à Lui appartient la royauté, tandis que ceux que vous invoquez, en dehors de Lui, ne sont même pas maîtres de la pellicule d'un noyau de datte. Si vous les invoquez, ils n'entendent pas votre invocation; et même s'ils entendaient, ils ne sauraient vous répondre. Et le jour du Jugement ils vont nier votre association. Nul ne peut te donner des nouvelles comme Celui qui est parfaitement informé. O hommes, vous êtes les indigents ayant besoin d'Allah, et c'est Allah, Lui qui se dispense de tout et Il est Le Digne de louange. » (Coran 35 ; 13-15).
Et: « Et n'invoque pas, en dehors d'Allah, ce qui ne peut te profiter ni te nuire. Et si tu le fais, tu seras alors du nombre des injustes » (Coran 10 ; 106).
Et: « A Lui l'appel de la Vérité! Ceux qu'ils invoquent en dehors de Lui ne leur répondent d'aucune façon; semblables à celui qui étend ses deux mains vers l'eau pour la porter à sa bouche, mais qui ne parvient jamais à l'atteindre. L'invocation des mécréants n'est que vanité. » (Coran 13 ;14).
Et: « Les mosquées sont consacrées à Allah: n'invoquez donc personne avec Allah. » (Coran 72 ;18).
Si tu dois demander, demande à Allah et ne demande à personne d’autre
Tâ’ûs dit à ‘Ata ibn abi Rabâh, qu’Allah leur fasse miséricorde : « Prends garde à demander ce que tu as besoin à qui t’a fermé sa porte et à poser entre toi et elle un voile. Tache de demander à qui la porte est toujours ouverte jusqu’au jour de la résurrection. Il t’a donné l’ordre de L’invoquer et t’a promis de t’exaucer. »
Selon Ibn Mas'oud, le Prophète (), a dit : « Celui qui, dans le besoin, cherche l'aide des gens, restera dans le besoin. Quant à celui qui se tourne vers Allah, il obtiendra tôt ou tard les faveurs d'Allah. » (Abou Daoud, et Tirmidhi et Al-Hâkim).
En cas de besoin ce n’est pas l’homme qu’il faut solliciter
Demande plutôt à celui dont les portes ne sont pas voilées
Allah s’énerve si tu cesses de Lui demander
Alors que l’homme si tu le sollicites est courroucé
Si tu dois demander, demande à Allah
Allah est le seul capable de secouer toute la terre pour exaucer une invocation, secourir un opprimé, comme Il l’a fait avec Noé, Abraham, Loth, Houd, Sâlih, Shu’ayb, Moïse, Jonas, que les plus belles prières et les salutations les plus pures soient sur eux tous. Pour eux Il a fait bouger la terre. Il l’a plongée entièrement sous l’eau pour Noé, interrompit la relation de cause à effet pour Abraham, ouvert la mer pour Moïse, sauvé Jonas du ventre du poisson. Tout cela pour que les gens sachent : « N'est-ce pas Lui qui répond à l'angoissé quand il L'invoque, et qui enlève le mal, et qui vous fait succéder sur la terre, génération après génération, - Y a-t-il donc une divinité avec Allah? C'est rare que vous vous rappeliez! » (Coran 27 ; 62).
Bayhaqi rapporte dans son livre Shu’ab Al-Îmân (2/357) :
Ishâq ibn ‘Abbâd Al-Basri raconte : Une nuit, j’ai vu en rêve un homme qui me disait : « Va porter secours à un homme dans le besoin. » Je me suis réveillé et j’ai demandé à ce qu’on regarde s’il n’y avait pas un homme dans le besoin parmi nos voisins mais personne ne savait. Je me suis rendormi mais cet homme me dit cette fois-ci : « Tu dors alors que tu n’as même pas porter secours à cet homme dans le besoin ? » Je me suis levé et j’ai dit à mon servant de préparer notre monture. J’ai pris avec moi trois cent dirhams et je montais ma bête qui me guida jusque vers la mosquée. J’y voyais un homme en train de prier mais dès qu’il me vit, il s’en alla. Je me rapprochais alors de lui et l’interpellais en ces termes : « Ô Abdallah, que fais-tu en cet endroit à cette heure-ci ? Qu’est-ce qui t’a amené ici ? » Il me dit : « Je suis un agriculteur qui s’occupe des palmiers. J’avais un capital de 100 dirhams que j’ai perdu et je suis maintenant endetté de 200 dirhams. » Ishâq sortit les 300 dirhams de sa poche qu’il lui remit. L’homme les accepta et Ishaq lui dit : « Tu sais qui je suis ? » Non, lui dit l’homme. Ishaq lui dit alors : « Je suis Ishaq ibn Abbâd, s’il t’arrive quoique ce soit viens me voir j’habite à tel endroit. » Et l’homme lui rétorqua : « Qu’Allah te fasse miséricorde, s’il m’arrive quoique ce soit je demanderais à celui qui t’a fait sortir de chez toi à cette heure jusqu’à ce qu’Il te mène à moi. »
Ô Allah, fais-en sorte que nous cherchions refuge auprès de Toi uniquement et n’adressons nos requêtes qu’à Toi seul et personne d’autre …