L’histoire de la présence de l’Islam aux Etats-Unis I

22/04/2014| IslamWeb

Nous allons présenter dans trois articles un aperçu de l’histoire de la présence de l’Islam et des musulmans aux Etats-Unis d’Amérique.
L’Islam s’est répandu rapidement et avec une relative facilité aux quatre coins du monde, au point d’ailleurs de s’y enraciner profondément et jusqu’à aujourd’hui, avec tout de même quelques exceptions comme l’Espagne et quelques îles de la mer Méditerranée. Quant à la diffusion de l’Islam dans le nouveau monde, elle a pris un retard notable et elle rencontre encore aujourd’hui des difficultés qui retardent sa pénétration et son enracinement dans cette partie du monde.
Dans ce premier article nous verrons notamment que des musulmans découvrirent les Amériques bien avant Christophe Colomb. 

A la lecture de l’histoire de la première émigration musulmane vers le continent américain en général et vers les Etats-Unis en particulier, on constate qu’elle se fit dans des conditions que ces premiers émigrants ne maîtrisaient pas, ils furent plutôt portés par les événements et ils se fondirent complètement dans le creuset américain au point de devenir des citoyens américains sans identité d’origine à laquelle se référer, et le peu d’individus parmi eux qui conservèrent quelques éléments de leur identité d’origine évoquent cette dernière comme on parle de très vieux souvenirs, lesquels sont emportés de leur pays d’origine par les divers émigrés américanisés.
Ainsi, les premiers musulmans qui vinrent en Amérique découvrirent cette vaste terre si éloignée du vieux monde ; notons qu’ils n’arrivèrent pas dans une situation où régnaient le développement industriel et l’essor technologique, de même qu’ils n’étaient pas très nombreux à venir, en tout cas pas assez pour dominer et maîtriser complètement l’environnement dans lequel ils atterrirent.
Les documents historiques évoquant les peuples qui vinrent dans le nouveau monde avant Christophe Colomb sont nombreux. Ainsi, d’anciens documents chinois, traitant des diverses émigrations qui eurent lieu à l’échelle mondiale, nous donnent des détails sur l’émigration de certains Arabo-musulmans liés à l’Etat des Almoravides du Maghreb, lesquels régnèrent durant les XIe et XIIe siècles ; donc, selon ce document, ces émigrants arabo-musulmans traversèrent une immense mer dépourvue d’îles affrontant des grandes vagues jusqu’à arriver sur une terre qui est l’Amérique actuelle. Ce document chinois évoque en outre la taille des navires sur lesquels s’embarquaient ces musulmans, il semblerait, toujours selon cette source, qu’ils étaient dix fois plus grands que les navires sur lesquels navigua le découvreur italien Colomb. Les autres détails donnés par ce document asiatique s’accordent parfaitement avec ce qui a été évoqué par l’historien-géographe musulman al-Idrîsî au sujet des autres voyages effectués par des Arabes dans son livre Nuzhat al-muchtâq fî ikhtirâq al-âfâq, lequel livre a eu un certain succès ces dernières années dans le milieu des historiens-chercheurs occidentaux.
Il est clair que pour ces deux voyages leurs participants purent revenir chez eux où ils racontèrent à leurs proches ce qu’ils rencontrèrent dans les terres qu’ils explorèrent à l’autre bout du monde, c’est-à-dire l’Amérique, des peuples qui y étaient venus avant eux, ils trouvèrent des individus qui parlaient l’arabe comme eux et donc ces derniers servirent de traducteurs entre les découvreurs et les peuples autochtones. Il y a d’autres détails donnés par l’ouvrage d’al-Idrîsî qui ne nous intéressent pas pour notre présente étude.
Aucun autre document ultérieur n’évoque ce qu’il advint des Arabo-musulmans qui s’installèrent en Amérique à partir du Xe siècle, ce qui nous amène à penser qu’ils s’assimilèrent progressivement aux autochtones et qu’ils perdirent donc leurs spécificités ainsi que leur culture d’origine, ou bien il est également possible qu’ils aient été annihilés lors des guerres destructrices que se livraient les diverses peuplades à cette époque en Amérique.
Et au début du XIVe siècle, une autre mission d’exploration issue de l’Afrique musulmane débarqua sur les côtes du nouveau monde, cette dernière était dirigée par un roi du Mali appelé Abû Bakr, il était extraordinairement riche, certains comme Ibn Batûta, al-Qalaqchandî ou Ibn Fadl Allah al-‘Umarî l’ont évoqué dans leurs récits. Ainsi, ce roi décida d’utiliser ses immenses richesses afin d’aller au-delà des mers pour voir ce qui se cachait derrière l’horizon. Al-‘Umarî raconte qu’il demanda au fils d’Abû Bakr de lui dire comment son père a pu traverser l’Océan, celui-ci lui répondit la chose suivante : « Celui qui était là avant moi pensait que l’Océan avait une limite qu’on pouvait atteindre, il prépara donc deux cent navires qu’il chargea en hommes et en vivres, lesquelles devaient permettre aux premiers de subvenir à leurs besoins pendant plusieurs années. Le roi ordonna à ceux qui s’embarquèrent de ne pas revenir tant qu’ils n’atteindraient pas la limite de la mer ou que leurs réserves en vivres ne seraient pas terminées. Les équipages s’absentèrent très longtemps, puis il ne revint au pays qu’une seule embarcation, son commandant se présenta devant le roi qui l’interrogea sur ce qui leur était arrivé, il lui répondit donc : « Les navires ont navigué longtemps jusqu’à tomber au milieu de la mer sur un fleuve puissant qui les engloutit, je fut le seul survivant et je rentrai donc avec mon bateau », le roi ne le crut pas et il fit appareiller mille bateaux pour embarquer les hommes et mille autres pour les vivres, il me nomma son successeur et décida d’être du voyage afin de voir de lui-même ce qu’il en était, ce fut la dernière fois qu’on le vit ainsi que ceux qui partirent avec lui ».
Ces deux voyages de musulmans africains au-delà des mers furent étudiés en détails par l’anthropologue britannique le professeur Ivan Van Sertima, ce dernier confirma que la première expédition fut anéantie par un courant marin très puissant se trouvant dans l’océan près des côtes de la Floride actuelle ; sa thèse, selon laquelle les navires musulmans rejoignirent l’Amérique, est renforcée par la présence de tombes d’individus noirs datant exactement de l’époque à laquelle la seconde expédition arriva dans les environs de la Floride et du Mexique, endroits dans lesquels les découvreurs s’installèrent et se mélangèrent avec les populations indiennes locales.
Il est probable que les hommes de cette expédition qui prirent pieds en Amérique sont les hommes noirs que Christophe Colomb rencontra et dont il parle dans ses mémoires qui traitent de son troisième voyage, l’explorateur génois les décrit donc comme ayant la peau noire, il dit en outre qu’ils portaient des armes dorées et qu’ils semblaient riches car ils possédaient beaucoup de biens et d’objets divers. Notons qu’il est fort possible que ces hommes étranges à la peau noire furent massacrés plus tard avec les autres peuples autochtones par les Conquistadors européens qui vinrent conquérir l’Amérique dans le sillage de Colomb. En sus, il est fort probable que les mosquées, dont on a découvert les vestiges dans le Nevada, au Texas et au Mexique, avaient été bâties par ces hommes. Christophe Colomb a rappelé dans ses mémoires à la date du 11 octobre 1492 qu’il pense avoir vu une mosquée avec un haut minaret sur la côte cubaine, et il faut savoir que Colomb savait très bien à quoi ressemblait une mosquée puisqu’il était allé en Andalousie musulmane l’année où elle tomba entre les mains des chrétiens, et si ce qu’il a vu été en effet une mosquée, elle devait sans doute faire partie des vestiges architecturaux laissés par ces Africains musulmans qui débarquèrent en Amérique avant lui.
Quant à la richesse de ces derniers décrite par Colomb, elle l’avait déjà été par Ibn Batûta, al-Qalaqchandî et d’autres encore, mais bien que cette dernière leur a permis de rejoindre le nouveau monde, elle ne leur fut toutefois pas suffisante pour se développer, ainsi ils ne purent être à l’origine d’une révolution industrielle qui aurait produit de quoi rivaliser avec les armes européennes des Conquistadors qui permirent à ces derniers d’exterminer une grande partie des habitants de cette terre lointaine !

(À suivre).
 

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