Un aperçu sur les problèmes que rencontrent les couples stériles à la lumière de l’Islam

14/11/2013| IslamWeb

Dans l’article précédent, nous vous avons présenté l’histoire d’Iman et de sa lutte pour tomber enceinte ainsi que certaines leçons que nous pouvions tirer d’une telle expérience. Dans le présent article nous allons nous pencher sur les problèmes que les couples stériles rencontrent, bien sûr ils seront tous vus sous une perspective islamique. Il est important d’attirer l’attention des lecteurs sur le fait que de vouloir se soigner n’est pas seulement permis, c’est aussi un devoir pour le couple car la procréation et la préservation de la race humaine est l’un des buts principaux du mariage. Le traitement ne doit cependant jamais dépasser les frontières qu’Allah a fixées. « La fin justifie les moyens » n’est pas conforme à l’éthique musulmane, le cas de la stérilité n’y fait pas exception.

Le choix de la procédure
De nos jours avec l’avancée technologique que nous connaissons, il existe une multitude d’options pour les couples faisant face à ce problème. Malheureusement, la plupart de ces options ne sont pas conformes avec la morale et la législation islamiques. Les musulmans se doivent de faire attention aux procédures qu’autorise l’Islam dans ce domaine. De manière générale, il est assez facile de se rappeler que l’Islam n’autorise pas l’utilisation de spermatozoïdes ou d’œufs étrangers au couple. Ceci écarte donc les options faisant recours à un donneur, que ce soit de sperme ou d’œuf. La raison principale de cette interdiction est la confusion qui suit concernant la filiation. La préservation de la lignée est une chose dont l’Islam a souligné l’importance dans le verset coranique suivant (sens du verset) : « Et c'est Lui qui de l'eau a créé une espèce humaine qu'Il unit par les liens de la parenté et de l'alliance. Et ton Seigneur demeure Omnipotent. » (Coran 25/54).

Deux méthodes sont permises :
1) L’insémination intra utérine, un prélèvement de spermatozoïde est effectué chez le mari et est injecté dans l’utérus de son épouse afin que la fécondation s’y déroule.
2) La fécondation in vitro (FIV) : un prélèvement de spermatozoïde est effectué chez le mari et un autre chez son épouse pour y collecter un œuf. La fécondation est effectuée à l’extérieur de l’utérus de cette dernière. Cette méthode est utilisée lorsque le mari a un taux de spermatozoïde faible ou a un taux normal mais pour certaines raisons le sperme ne parvient pas à atteindre les ovules de la femme ou lorsqu’existent des obstacles obstruant le passage du sperme vers l’ovule, par exemple lorsque les trompes de Fallope sont bouchées et qu’elles ne peuvent être rectifiées par une intervention chirurgicale.
Une question importante est à prendre en considération avec cette seconde option : il existe une forte probabilité pour que tous les œufs fécondés ne soient pas placés dans l’utérus. Le but d’un essai de FIV est de récolter de 15 à 20 œufs. Sur cette quantité tous ne réussiront pas à être fécondés, en général la quantité ne dépasse les deux ou trois (ce chiffre représente la quantité standard implanté dans l’utérus de la femme). Ceci laisse les parents face à deux options :
1) Jeter les embryons restants.
2) Congeler les embryons restants en vue d’une utilisation future (il n’est pas permis de faire don de ces œufs à d’autres couples). Cette option nous amène à certaines questions : « Un œuf fertilisé est-il déjà considéré comme un être humain ? Se débarrasser des œufs fertilisés est-ce licite ? Est-ce une forme d’avortement ? La définition de l’avortement reste pour la majorité des savants la suivante : « L’avortement est l’acte consistant à mettre fin à la vie d’un fœtus de manière délibérée, par quelque moyen que ce soit, alors qu’il est encore dans l’utérus de sa mère. » Le débat concernant l’avortement tourne autour du fœtus dans l’utérus, dans notre cas donc il semble que la FIV en soit exclue vu que l’œuf ne se trouve pas dans l’utérus.
Il est nécessaire de rappeler que ce type de procédure n’est autorisée que dans le cadre du mariage, qui est rompu en cas de mort de ou de divorce. Si le mari meurt, sa veuve ne peut se servir des embryons congelés car le contrat de mariage n’existe plus. Elle est par contre en droit de se marier une fois sa période de viduité écoulée. Un enfant issue de cette pratique, insémination artificielle après la mort du conjoint ne peut être affilié à celui-ci.


La grossesse multiple
Un autre point fait débat c’est l’élimination de certains œufs fertilisés dans l’utérus de la mère après l’injection des œufs. Autrement dit la mère qui a reçu plusieurs œufs dans son utérus voit plusieurs de ceux-ci fécondés, l’opération décrite ici consiste à s’en débarrasser et ne laisser qu’un seul. Les savants sont en désaccord sur ce point. Certains avancent le fait que vu le risque médical qu’encourt la mère, cette méthode est légale. D’autres voient en elle une similitude à l’avortement est donc la condamne. Pour conclure certains avancent que vu le désaccord qui existe sur ce point la décision en revient donc au couple, décision qui doit être prise en fonction de leur idéologie et sentiments en plaçant toute leur confiance en Allah.
Iman, dans la première partie, rapporte que ce genre de situation reste relativement rare car la majorité des cliniques n’injecte que deux ou trois œufs à la fois. Cette quantité d’œufs injectés tend à devenir la norme afin de limiter les risques encourus par la mère et le fœtus. Ce problème de grossesse multiple devrait avec le temps disparaitre.
 

Les mères porteuses
Durant les dernières années une approche nouvelle s’est développée suscitant de nombreux débats concernant son acceptabilité, sa légalité et son aspect moral.
Le recours à une mère porteuse implique comme son nom l’indique l’utilisation de l’utérus d’une femme étrangère pour porter l’enfant. Ceci est le plus souvent pratiqué lorsqu’il est impossible à l’épouse de porter un enfant en raison d’une défaillance de son appareil de reproduction comme par exemple un problème au niveau des trompes de Fallope. Une méthode consiste à injecter le sperme du mari dans l’utérus de la mère porteuse, ceci est totalement inacceptable en Islam. Une autre consiste à lui injecter un œuf de l’épouse préalablement fertilisé par le sperme de l’époux, la mère porteuse est soit bénévole soit rémunérée. Les questions qui se posent ici sont : Qui est la véritable mère ? La mère est-elle la génitrice ou celle qui porte l’enfant ? La séparation de la relation ovule-utérus est un phénomène nouveau qui se trouve au centre du débat sur la maternité par substitution. De nombreuses conclusions ont été énoncées mais quel est le point de vue de l’Islam concernant ce phénomène ?
De nombreux passages à travers les pages du Noble Coran font référence à la notion de maternité, en voici quelques exemples :
« Ceux d'entre vous qui répudient leurs femme, en déclarant qu'elles sont pour eux comme le dos de leur mères... alors qu'elles ne sont nullement leur mères, car ils n'ont pour mères que celles qui les ont enfantés. Ils prononcent certes une parole blâmable et mensongère. Allah cependant est Indulgent et Pardonneur. » (Coran 58/2)
« Et Nous avons enjoint à l'homme de la bonté envers ses père et mère : sa mère l'a péniblement porté et en a péniblement accouché; et sa gestation et sevrage durant trente mois; puis quand il atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il dit : "Ô Seigneur! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m'as comblé ainsi qu'à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine, Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis". » (Coran 46/15).
« Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère; sa mère l'a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans." Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers Moi est la destination. » (Coran 31/14).
Dans la langue arabe le terme utilisé pour « parents » est dérivé de la racine « wilâda » qui signifie donner naissance. « Wâlid » signifie le père et « wâlida » la mère. Les deux parents sont donc désignés par « wâlidayn ». Nous sommes liés aussi bien aux ovaires qu’à l’utérus de notre mère, dans le Noble Coran il est clairement mis en évidence la relation à l’utérus et que c’est cette relation qui détermine la maternité. L’utérus est « râhim » (« arhâm » est son pluriel) et fait référence à une valeur entre les proches et aux liens de compassion qui les unissent. « Rahma » est un autre dérivé qui signifie compassion.
« Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement. » (Coran 4/1).
« Si vous détournez, ne risquez-vous pas de semer la corruption sur terre et de rompre vos liens de parenté ? » ( Coran 47/22)
Ici encore nous voyons et comprenons donc que la relation à l’utérus est celle qui détermine la maternité réelle de l’individu. Un enfant né d’une mère porteuse est un enfant illégitime selon la jurisprudence islamique car le mari n’a pas contracté de contrat de mariage avec la mère porteuse. Et même si la mère porteuse était l’une des épouses de cet homme, cela ne changerait en rien le caractère illégal du procédé car l’œuf fécondé provient d’une autre femme que celle qui le porte.
Il faut rajouter à ces éléments, que si un contrat de mariage était contracté avec la mère de substitution spécialement pour la grossesse, il serait considéré comme nul car il impliquerait la « vente » d’une personne libre. D’autres points sont ici à considérer concernant les maux qui entourent ce type de contrat tels que la réduction de la maternité à un prix, la minimisation de l’institution que représente le mariage et la vie familiale, la confusion créée dans les liens du sang, l’encouragement des mères de substitution à réclamer des droits légaux envers l’enfant porté et la création de déviances par rapport à la Sunna d’Allah en matière de procréation.
Par la grâce d’Allah, Il nous guidera vers la vérité et vers les actions justes, celles qui sont dans les limites de Sa loi et qui ont pour récompense Sa satisfaction. Puisse Allah accorder à ceux qui le désirent la paternité et bénir leur action, avoir des enfants est une miséricorde qui mérite que sont qui en sont bénis remercient et se prosternent devant leur Créateur chaque jour.
 

Par DR. AISHA HAMDAN
 

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