2ème partie : Promesses votives faites à un autre qu’Allah
Remplir une promesse votive en accomplissant un acte de dévotion est une des pratiques cultuelles qu’Allah, exalté soit-Il, a prescrites et dont il a loué les auteurs dans nombre de versets. Allah, le Très Haut, décrit, à titre d’exemple, une des qualités des croyants par Sa parole (sens du verset) : « Ils accomplissent leurs vœux » (Coran 76/7) et annonce qu’Il accorde à ceux qui remplissent leurs engagements la meilleure récompense en disant à ce sujet (sens du verset) :
« Quelles que soient les dépenses que vous avez faites, ou le vœu que vous avez voué, Allah le sait. Et pour les injustes, pas de secoureurs ! » (Coran 2/270)
Dans ce même contexte, Allah, le Très Haut, a loué la femme de 'Imrân lorsqu’elle a voué à l’avance son enfant, qui n’était pas encore né, à Allah exclusivement, pour le mettre au service du lieu réservé à Son culte. Il dit, exalté soit-Il, à cet égard (sens du verset) :
« (Rappelle-toi) quand la femme de 'Imrân dit : « Seigneur, je T’ai voué en toute exclusivité ce qui est dans mon ventre. Accepte-le donc de moi. C’est Toi certes l’Audient et l’Omniscient. » (Coran 3/35)
Si la promesse votive occupe un statut si éminent dans la Charia, la vouer à autre qu’Allah est alors une forme de polythéisme majeur qui exclut son auteur de l’Islam. Ceci s’applique par exemple à celui qui promet de faire un sacrifice, une prière, un jeûne ou une aumône dans l’intention de vouer ce culte ou cet acte de dévotion au mort enterré dans une tombe ou un sépulcre.
A ce sujet, l’érudit Ibn al-Amîr as-San'ânî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Quant aux promesses votives connues de nos jours et vouées aux morts devant les tombes et les sépulcres, elles sont sans nul doute prohibées, car celui qui les fait croit que le mort enterré possède le pouvoir de lui être utile ou de lui faire du tort, de lui apporter un bien et de le protéger d'un mal, d’apaiser les douleurs du souffrant et de guérir le malade.
Tel est justement ce que les idolâtres faisaient avec leurs idoles. C’est pourquoi il est prohibé de vouer une promesse votive à un mort comme il est prohibé de la vouer à une idole. Il est de même prohibé de consommer la chose vouée, car ceci serait, en l’occurrence, une approbation du polythéisme. Il faut au contraire proscrire cet acte, montrer qu’il constitue l'un des péchés majeurs et qu’il ne diffère en rien de ce que commettaient les adorateurs des idoles ».
Raisons de la propagation de ces deux phénomènes parmi les musulmans :
Malgré les arguments évidents qui viennent à l’appui de la prohibition de vouer toute sorte de culte, comme par exemple le fait d'accomplir un sacrifice, de faire une promesse votive à un autre qu'Allah, exalté soit-Il, ces phénomènes sont bien présents et en vogue au sein de la communauté musulmane. Ceci est dû à l’ignorance qui règne parmi les musulmans, au manque de savoir relatif aux prescriptions religieuses chez nombre d’entre eux, à l’imitation aveugle d’autrui, et au fait de suivre avec obstination l’exemple de ses ancêtres. En effet, si c’est l’ignorance qui justifie l’apparition de ces phénomènes, c’est l’imitation qui leur assure la permanence et la continuité.
Notons également parmi les raisons de la propagation de ces phénomènes la justification que fournissent ceux dont les intérêts vont de pair avec le maintien de ces comportements d'égarement. On les voit s’évertuer à défendre et à justifier ces pratiques par souci de préserver leurs intérêts et les gains qu’ils en récoltent.
Quant au moyen de remédier à ces phénomènes, c’est de diffuser le savoir religieux et le credo authentique tout en faisant preuve de tolérance avec le public visé sans jamais recourir à un ton agressif. En effet, la douceur vient orner tout ce qu’elle accompagne. Il faut de même prendre en considération que ces gens ont pris l’habitude depuis leur enfance de se livrer à de telles pratiques déviantes. Par conséquent, abandonner ces coutumes après tout ce temps leur est très difficile, outre bien entendu la dénonciation des parents et des proches que suivrait un tel abandon.
Vient s’ajouter aux moyens de remédier à ces pratiques d'égarement le fait de s’adresser aux hommes de religion qui les justifient, et ceci en leur donnant conseil, en discutant avec eux de la meilleure façon, en leur montrant le caractère erroné de ces comportements et en leur rappelant ce que faisaient les pieux prédécesseurs, les Compagnons et des Tâbi'în ainsi que les grands Imams de l’Islam tels que Mâlik, ach-Châfi'î, Ahmad, Abû Hanîfa et autres dont personne n’a rapporté qu’ils aient adopté ou cautionné de telles pratiques.
Tout le bien provient du fait de suivre le modèle de ces oulémas et de s’engager dans leur voie, car tel est le moyen qui permettra de mobiliser les cœurs insouciants, et de ramener les égarés vers la vraie religion, telle que la comprenait nos pieux prédécesseurs, qu'Allah leur fasse miséricorde.