Parmi les sciences liées au Coran figure en bonne place celle relative à la connaissance du Coran mecquois et du Coran médinois. Cette science aide à mieux connaitre les circonstances dans lesquelles les versets coraniques ont été révélés ce qui est de nature à faciliter leur compréhension et donner crédit à l’interprétation qu’on pourrait leur donner.
Cette branche du savoir permet de faire le classement des sourates en sourates mecquoises et en sourates médinoises. Les premières sont celles qui ont été révélées au Prophète () avant son Hégire, tandis que les secondes lui ont été révélées après ce grand événement qui a marqué l’histoire islamique. Comme vous pouvez le comprendre, ce classement est purement chronologique, car il y a des versets médinois qui ont été révélés à La Mecque ou ailleurs, comme il y a des versets mecquois qui n’ont pas été révélés à La Mecque. Certaines sourates bien que mecquoises renferment en leur sein des versets médinois et vice versa. Lorsqu’une sourate est qualifiée de mecquoise, il ne faut donc pas comprendre que tous ses versets ont été révélés avant l’Hégire, car on peut trouver des versets pré-hégiriens dans une sourate médinoise et post-hégiriens dans une sourate mecquoise. Ce qualificatif indique seulement que le début de cette sourate et la majorité des versets qui la constituent ont été révélés avant ou après l’Hégire, c’est pourquoi il est fréquent de rencontrer les deux expressions suivantes : « Sourate mecquoise sauf le verset tel qui est médinois » et « Sourate médinoise sauf tel et tel verset qui sont mecquois ».
Les fruits de la connaissance du Coran mecquois et médinois :
Ce n’est pas pour rien que les Compagnons et les oulémas après eux ont donné tant d’importance à cette science, comme en témoigne cette parole d’Ibn Mas’oud (qu’Allah soit satisfait de lui) rapportée par Al Boukhari dans son Sahîh : « Par Allah ! Nul verset et nulle sourate n’ont été révélés au Prophète () sans que je sache le lieu de leur révélation et dans quelle circonstance ils ont été révélés. Et si je savais que quelqu’un connaît mieux que moi le Livre d’Allah et que les chameaux peuvent l'atteindre, alors j’irais à sa recherche ».
Comme nous l’avons dit au début de cet article, la connaissance du Coran mecquois et du Coran médinois aide à interpréter les versets du Coran, car connaître en quel lieu et quelles circonstances fut révélé tel verset aide à le comprendre et à bien l’interpréter, bien que la généralité du sens du mot compte plus que la spécificité de la cause. Dans cette approche, l’exégète peut distinguer entre l’abrogeant et l’abrogé, car le verset peut abroger celui qui lui est antérieur.
Elle permet aussi de jouir de la beauté du style coranique et d’en tirer profit pour appeler les gens vers Allah, car, pour chaque endroit et temps, il y a une parole qui leur convient, et le respect de ces deux contextes est l’une des règles de l’éloquence. Aussi l’étudiant s’inspire-t-il des styles coraniques pré-hégiriens et post-hégiriens pour en déduire une méthodologie pour faire connaitre l’Islam aux autres. Une méthodologie dans laquelle il utilise les mots qui sont en harmonie avec le caractère de celui qui l’écoute, car chaque étape de la propagation de l’Islam comporte ses propres sujets et ses propres styles. Ceci apparaît clairement en contemplant les différents styles coraniques selon que les versets s’adressent aux croyants, aux polythéistes, aux hypocrites ou aux gens du Livre.
Elle donne l’occasion de suivre étape par étape les événements vécus par le Prophète () à travers les versets coraniques, car le Coran est la source la plus authentique de ce que notre noble Prophète () a vécu.
Les oulémas ont appliqué deux méthodes principales pour distinguer ce qui est mecquois de ce qui est médinois.
La méthode scripturaire :
Elle s’intéresse aux textes authentiques rapportés par les Compagnons, car ils ont vécu l’époque de la révélation et ont été témoins de la descente des versets coraniques, et par leurs successeurs qui ont acquis le savoir d’eux et ont compris le contexte de chaque révélation.
Le raisonnement par analogie :
Les sourates mecquoises et médinoises – comme nous allons le voir dans un prochain article - ont chacune leurs propres caractéristiques. Si par exemple nous trouvons dans une sourate mecquoise un verset analogue aux versets médinois ou comportant certains événements de la période post-hégirienne, on dit que ce verset est médinois et vice versa.
A suivre …