Les trois compagnons qui ont fait défection

26/04/2011| IslamWeb

Lorsque le Chef des musulmans appelle au Djihad, il incombe à tout homme musulman de se hâter de répondre à cet appel sauf s'il en est religieusement dispensé. Quand le Prophète, mobilisait les musulmans pour faire le Djihaad, tous les musulmans sincères répondaient à l’appel et seuls s’abstenaient les hypocrites et ceux qui avaient une dispense agréée par la religion. Cependant, à la bataille de Tabouk, trois Compagnons désertèrent ; ils n’avaient pas d’excuses religieusement valables, mais ne faisaient pourtant pas partie des hypocrites. Il s’agit de Ka'b Ibn Malik, Moraarah Ibn Rabii' et Hilaal Ibn Abi Omaiyah, qu'Allah soit satisfait d'eux. Ils ont donc déserté lors de la bataille qui eut lieu à un moment où il y avait un manque de provisions et où il faisait très chaud. Cependant, Allah, le Très Haut, leur pardonna ce grave péché parce qu'ils furent véridiques envers eux-mêmes et envers le Prophète, . Ils n’invoquèrent aucun faux prétexte, mais au contraire, ils reconnurent leurs péchés et leur défection et demandèrent pardon à Allah, Exalté soit-Il.

Laissons l'un d'eux, à savoir Ka`b Ibn Maalik nous raconter brièvement cette épreuve. « Le Prophète, , décida de partir pour la Bataille de Tabouk à une période où Médine avait des fruits mûrs et délicats. Il s’apprêta donc au départ avec les musulmans. Mais moi, je ne m’étais pas préparé en me disant que je pourrais les rejoindre un peu plus tard. Je souhaiterais l’avoir fait car, hélas, je me retrouvai seul à Médine, avec un homme connu pour son hypocrisie et un autre exempté du devoir du Djihaad en raison de sa faiblesse.
Quand j'appris la nouvelle du retour du Prophète, , de Tabouk, lieu de la bataille, je fus très apeuré et essayai d’invoquer quelques prétextes pour échapper à sa colère, . Je consultai pour cela tous les membres de ma famille dotés de sagesse, mais lorsque le Prophète, , se trouva proche de Médine, je décidai d'être véridique car je réalisai que c’était le meilleur moyen de m’en sortir. Arrivé à Médine, le Prophète, , s’arrêta tout d’abord à la Mosquée et alla à la rencontre des gens. Chacun des hommes (un peu plus de 80) qui étaient restés à Médine vint s'excuser auprès de lui, , en jurant qu'ils avaient des excuses valables. Il ne les blâma pas pour leurs fausses excuses et demanda à Allah de leur pardonner. Quant à moi, j’allai le voir et je le saluai, ; il, , me reçut avec un sourire qui laissait transparaître son irritation et m’a dit : « Pourquoi ne nous as-tu pas rejoint ? » Alors, j'ai dit : « Ô Messager d'Allah! Par Allah, j’aurais échappé à la colère de quiconque autre que toi grâce à un prétexte, car je sais très bien argumenter. Eh bien en fait, je n’ai aucune excuse. Alors, le Prophète, , dit : « Cet homme a dit la vérité », puis il me dit : Lève-toi donc, jusqu'à ce qu'Allah donne un jugement à ton égard ».
Quand je suis sorti, mes proches parents me rejoignirent, et me reprochèrent beaucoup de n’avoir pas présenté d’excuse afin que le Prophète, , demande à Allah, Exalté soit-Il, de me pardonner, au point que j’envisageai de revenir sur ma sincérité. Je demandai alors si quelqu’un d’autre avait fait comme moi. On m'informa qu'il y avait deux autres hommes pieux dans mon cas, à savoir Moraarah Ibn Ar-Rabii` et Hilaal Ibn Omaiyah ; or ils étaient pour moi des exemples à suivre.
Le Prophète, , ordonna qu’on ne nous parle plus à tous les trois. Les gens changèrent à notre égard et se mirent à nous éviter. Je ne me reconnaissais plus, ni mon entourage. Mes deux compagnons adoptèrent un profil bas et restèrent chez eux. Quant à moi, je faisais la prière à la mosquée et je parcourais les marchés sans que personne ne m’adresse la parole y compris mes proches parents. Au cours de cette période, je reçu un message du roi de Ghassan qui disait : « Nous savons qu’il (le Prophète) t’a abandonné ; si tu nous rejoins, tu trouveras une consolation. » Alors, je me dis : « C'est une autre épreuve », puis je brûlai le message. Après quarante jours, le Prophète, , m'envoya quelqu'un pour m’ordonner de ne plus approcher ma femme et il en fut de même pour mes deux amis. Ainsi, je dis à mon épouse : « Va chez tes parents. » Cinquante jours plus tard, Allah le Très Haut accepta notre repentir. Je sens que le plus grand bienfait qu'Allah, le Très Haut, m'a accordé après l'Islam est de m’avoir permis de dire la vérité au Prophète, , ce jour-là. Par Allah, je ne connais personne qui, comme moi, a été soumis à de telles épreuves pour tester son endurance à dire la vérité.
 Voici les versets révélés à leur propos (sens du verset) :
« Et [Il accueillit le repentir] des trois qui étaient restés à l’arrière si bien que, toute vaste qu’elle fût, la terre leur paraissait exiguë; ils se sentaient à l’étroit, dans leur propre personne et ils pensaient qu’il n’y avait d’autre refuge d’Allah qu’auprès de Lui. Puis Il agréa leur repentir pour qu’ils reviennent [à Lui], car Allah est l’accueillant au repentir, le Miséricordieux. Ô vous qui croyez! Craignez Allah et soyez avec les véridiques. » (Coran 9/ 118-119).
C’est ainsi que prirent fin les souffrances que ressentaient ces trois Compagnons à cause de leur désertion lors de l’appel à rejoindre l'armée islamique sous le commandement du Prophète, . Aussi vaste fût-elle, la terre leur paraissait exiguë; ils se sentaient à l’étroit, dans leur propre personne et ils pensaient qu’il n’y avait de refuge qu’auprès d’Allah. A ce moment, Allah, le Très Haut, effaça leur péché.
Il y a plusieurs leçons à tirer de cette histoire :
Il ne faut pas refuser de participer au Djihaad lorsque le chef des musulmans appelle à le faire parce que cela constitue un péché grave qui exige un vrai repentir.
• Les Compagnons exécutèrent les ordres du Prophète, , même à l’encontre de leurs proches parents.
• L’amour sincère des Compagnons pour Allah, Exalté soit-Il, car malgré le scandale de cet événement et la difficulté de la sa mise en quarantaine, K`ab n’envisagea jamais de rejoindre les rangs des mécréants ou de prendre leur offre en considération.
• L'importance de dire la vérité en Islam, car c’est elle qui a conduit les trois hommes à la piété et à la satisfaction divine. Ô Allah, accorde-nous la sincérité et compte-nous au nombre des véridiques.

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