L'Emigration du Prophète vers la ville de Médine
23/04/2011| IslamWeb
Bien que certains considèrent l’Hégire, l'émigration du Prophète, , de La Mecque à Médine, comme n’étant qu’un bon souvenir qui est commémoré chaque année, les gens doués de sagesse et de bon sens y voient une victoire qui vient s'ajouter au compte des croyants, une issue à une vie dominée par l'oppression et l'esclavage vers une autre vie libre et décente et le début d'une nouvelle phase de la lutte entre l'Islam et la mécréance, le vrai et le faux ; c’est à partir de la date de cet événement que les musulmans jalonnent leur histoire.
Pour prendre conscience de l'importance de cet événement et de sa dimension, il nous faut faire marche arrière, revenir quelques dizaines de siècles plus tôt, à la treizième année après le début de la révélation, quand les croyants réussirent à quitter la Mecque et à surmonter les difficultés et les obstacles dressés par la tribu de Qoraych pour les empêcher d'atteindre le sol de Yathrib (Médine) et rejoindre leurs frères les Ansaars ; ces derniers les reçurent à bras ouverts et le visage souriant. Ils les accueillirent chaleureusement, ce qui toucha profondément les Mohaadjirounes. Il ne restait plus à la Mecque qu'un nombre restreint de croyants parmi lesquels les faibles, les victimes de Fitnah dans leur religion et les captifs.
La tribu de Qoraych commença à ressentir les dangers qui l'attendaient, et à être consciente de son incapacité à contrôler la situation et à remettre les pendules à l’heure à moins d’empêcher, à tout prix, que l'émigration du Prophète, , n'aboutisse.
Ainsi, des complots furent-ils mijotés en catimini pour se débarrasser du Prophète, . Un jeudi du mois de Safar, les polythéistes se réunirent à Dar An-Nadwah (lieu de réunion de la tribu de Qoraych) pour réfléchir au meilleur moyen d'atteindre cet objectif. Les uns proposèrent de le tuer et de s'en débarrasser, d'autres suggérèrent de l'emprisonner et de bien le ligoter, un troisième groupe suggéra de le bannir. Finalement, ils se mirent tous d'accord pour le tuer mais de telle manière que les fils de Haachim soient incapable de se venger. La tribu de Qoraych devait choisir des jeunes parmi l’élite de toutes les tribus ; ceux-ci devaient tuer, en même temps et d'un seul coup, le Prophète, , pour que la souillure de son sang entache toutes les tribus et que les Banou Haachim soient incapables de les combattre toutes et se résignent à accepter le prix du sang. Allah, qu'Il soit exalté, a dit en toute vérité (sens du verset) :
« (Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour t’emprisonner ou t’assassiner ou te bannir. Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes ». (Coran 8/30).
La tribu de Qoraych ne savait pas qu'Allah, Exalté soit-Il, avait permis à son Prophète, , d'émigrer vers Médine. Alors qu'ils s'évertuaient à mettre leur plan à exécution et à tramer leur embuscade, le Prophète, ,s'était préparé au voyage et s'était rendu, dans l'après-midi, déguisé à titre inhabituel, chez Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, pour l'informer qu’il fallait quitter la Mecque.
Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, craignit d'être privé de l'honneur d'accompagner le Prophète, , dans son voyage. Il demanda au Prophète, ,de le lui permettre, et le Prophète accepta. Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, en pleura de joie, par ailleurs, il avait préparé deux montures en prévision de l’émigration. Quand le Prophète, ,lui fit part de l'imminence du départ, Abou Bakr, qu’Allah soit satisfait de lui, loua sur le champ les services d’un polythéiste de la tribu d'Ad-Dayl, nommé ‘Abd Allah Ibn Orayqat et lui confia les deux montures qu’il avait préparées pour l'émigration afin qu'il en prenne soin. Ils se mirent d'accord pour se rencontrer, trois nuits plus tard, à la caverne de Thawr. ‘Aïcha et sa sœur Asmaa’, s, se chargèrent de préparer des provisions et des vivres pour la route, les déposèrent dans une sorte de baluchon placé dans un récipient. Asmaa’, qu’Allah soit satisfait d’elle, déchira sa ceinture en deux, attacha le récipient à l'une de ces deux parties, et à l'autre une gourde d'eau. Elle fut surnommée depuis ce jour Dhaat An-Nitaaqayn (la femme aux deux ceintures).
Les péripéties s’accélérèrent et le moment attendu arriva. Le Prophète, , déguisé,alla chez Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui. Ils s'étaient donné rendez-vous pendant la nuit. Ils sortirent par une porte qui donné sur l’arrière de la maison. Le Prophète, ,avait donné l'ordre à ‘Ali Ibn Abii Taalib, qu'Allah soit satisfait de lui, de retarder son voyage afin se charger, à sa place, de remettre aux gens les dépôts qu'ils avaient confiés au Prophète, . Il lui donna l'ordre de porter sa tunique et de dormir sur sa couchette pendant cette nuit dans le but de leurrer la tribu de Qoraych.
Le Prophète, , et son Compagnon parvinrent à tromper la vigilance des Qoraychites qui ne découvrirent l'astuce que le lendemain matin lorsqu'ils virent ‘Ali, qu'Allah soit satisfait de lui, sortir de la maison vêtu de la tunique du Prophète, . Fous de rage, ils le cernèrent afin de l'interroger au sujet du Prophète, . ‘Ali, qu’Allah soit satisfait de lui, feignit d'être étonné et de ne rien connaître de l'endroit où le Prophète, , se trouvait. Les Qoraychites se précipitèrent chez Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, car ils savaient qu'il était son inséparable compagnon et qu'ils devaient parvenir à lui arracher des informations qui les conduiraient au Prophète, . Toutefois, ils furent surpris de constater qu’il était également parti. Ils demandèrent à Asmaa’ où était son père, elle fit mine de l'ignorer. Abou Djahl, qu'Allah le maudisse, fut pris d'une colère et la gifla si fort que sa boucle d'oreille en tomba.
Les tentatives de poursuite du Prophète, , s’enclenchèrent. Les Qoraychites contrôlèrent minutieusement les portes de la Mecque et promirent une grande récompense à celui qui le capturerait, mort ou vif. Ils dépêchèrent des éclaireurs expérimentés et des groupes de Qoraychites vers le nord dans l'espoir de retrouver sa trace.
Le Prophète, , par son intelligence et sa sagesse, déjoua toutes leurs anticipations. Il ne se dirigea pas directement à Médine mais s'orienta d'abord vers le sud pour atteindre un mont difficile d'accès, appelé Mont Thawr, au sommet duquel se trouvait une caverne où il pourrait, lui et son compagnon, se reposer jusqu’à ce que les recherches s'arrêtent.
Les efforts de la tribu de Qoraych les conduisirent à la caverne de Thawr. Les Qoraychites escaladèrent le mont jusqu'à l'entrée de la caverne. Le danger était imminent. Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, qui entendait leurs voix, dit : « Ô Messager d’Allah, s'ils regardent sous leurs pieds, ils nous verront". Le Prophète, , lui répondit, avec assurance et confiance en la promesse d'Allah: « Abou Bakr, que dis-tu de deux compagnons qui ont pour troisième partenaire Allah? ». Sa confiance en Allah, Exalté soit-Il, s’avéra récompensée. Les Qoraychites exclurent l’idée que le Prophète, ,puisse se trouver dans cet endroit et repartirent bredouilles.
Le Prophète, , passa trois nuits dans la caverne. ‘Abd Allah Ibn Abii Bakr, qu’Allah soit satisfait de lui, venait tous les jours leur donner des nouvelles de la tribu de Qoraych alors que ‘Aamir Ibn Fohayr, qu’Allah soit satisfait de lui, amenait les moutons pour donner leur lait au Prophète, ,et à son Compagnon, qu’Allah soit satisfait de lui, et pour effacer les traces des pieds de ‘Abd Allah Ibn Abii Bakr, qu’Allah soit satisfait de lui. ‘Abd Allah Ibn Orayqat vint se joindre à eux, comme convenu, avec les deux montures qu'Abou Bakr lui avait confiées.
La nuit d'un lundi du mois de Rabii’ Al-Awwal, le convoi prit la voie du littoral à destination de Médine. Ils marchèrent toute la nuit. Abou Bakr marchait tantôt devant, tantôt derrière, tantôt à droite, tantôt à gauche du Prophète, , craignant pour lui la menace que représentait la tribu de Qoraych. Lorsque le soleil atteint le zénith, ils se reposèrent au pied d'un immense rocher pour profiter de son ombre. Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, nivela de sa main la terre pour que le Prophète, , puisse dormir. A ce moment, un enfant conduisant son troupeau vint lui aussi pour s'asseoir au pied du rocher. Quand le petit fut proche d'eux, Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, l'interrogea en disant: « Pour qui travailles-tu, petit? ».
- « Pour un Mecquois », répliqua-il
- « Tes brebis sont-elles laitières? », demanda Abou Bakr, qu’Allah soit satisfait de lui.
- « Oui », répondit-il.
Il se mit alors à les traire et mit le lait dans un récipient pour le Prophète, , qui étancha sa soif.
Pendant ce temps, un polythéiste put voir de loin le Prophète, . Il se rendit en hâte chez Soraaqa Ibn Maalik et lui dit: « Soraqqa, j'ai vu des gens sur le littoral, je crois que ce sont Mohammad et son Compagnon. Soraaqa sut que c'était eux mais il voulut persuader l'homme que ce n'était qu’une illusion, pour remporter tout seul la récompense. Soraaqa ne quitta pas la réunion de sa tribu pendant un moment, pour ne pas attirer l'attention de la compagnie. Il s'esquiva ensuite, prit son cheval et sa lance et partit à toute allure. Quand il s'approcha d'eux, son cheval s'ensabla au point de le jeter à terre. Il en tira un mauvais présage. Il se redressa, se remit en selle et repartit. Il chuta à nouveau et son sentiment de mauvais présage redoubla. Toutefois, sa volonté d’empocher la récompense eut raison de ses illusions et de ses appréhensions. Quand il s'approcha du Prophète, , les jambes de son cheval s’enfoncèrent dans le sable jusqu'aux genoux. Une fumée monta entre eux. Il comprit qu'ils étaient protégés par Allah, Exalté soit-Il. Il leur demanda de lui accorder la sécurité et s'engagea à ne rien dire d'eux. Le Prophète, , lui écrivit un message pour lui assurer la sécurité et lui promit qu'il aurait les deux bracelets de Chosroes. Soraaqa tint sa promesse et ne rencontra personne, en quête du Prophète, ,sans lui dire de rebrousser chemin. Il ne dit rien de cet événement jusqu'à ce que le Prophète, , et son Compagnon, qu’Allah soit satisfait de lui, soient arrivés à Médine.
En cours de route, le Prophète, ,et son Compagnon, qu’Allah soit satisfait de lui, firent halte dans le camp de Oumm Ma‘bad et lui demandèrent si elle avait de la nourriture. Elle regretta de n'avoir qu'une chèvre maigrelette non laitière. Le Prophète, ,la prit et essuya de sa main ses mamelles en invoquant Allah, Exalté soit-Il, de la bénir. Il se mit ensuite à la traire dans un récipient et tout le monde but. Ce miracle fut la raison de la conversion à l'Islam d'Oumm Ma‘bad et de son époux.
Cette étape s’acheva, avec toutes ses difficultés et ses péripéties, par l’arrivée du Prophète, ,à Médine où il fut accueilli par ses Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, qui émigrèrent avant lui et ses frères qui préparèrent tout pour le recevoir dans leur pays. Ceci est une leçon que nous devons méditer.