Abou Dhar (Radhiya Allahou Anhou)
02/03/2011| IslamWeb
Le Prophète () a dit : « La terre n’a jamais porté, ni le ciel abrité un homme aussi sincère qu’Abou Dhar. » (Rapporté par Ibn Abi Chayba dans son Moussannaf)
Abou Dhar de son vrai nom Joundoub Ibn Jounadah appartenait à la tribu arabe de Ghifar. Une tribu qui habitait dans les environ de La Mecque et dont les membres avaient la mauvaise réputation d’être des bandits de grand chemin qui détroussaient toutes les caravanes de passage. Suite à sa conversion à l’Islam, le Prophète () n’a pu s’empêcher de dire : « Gloire à Allah Qui guide qui Il veut.»
Dans la période antéislamique (Jahiliya), Abou Dhar avait sa propre vision de la vérité, il se rebellait contre l’idolâtrie et croyait en un Seul Dieu. Dès qu’il apprit qu’un homme de la Mecque appelait à l’adoration d’un Dieu Unique, il se précipita pour le rencontrer, se rendit auprès de lui et déclara aussitôt sa conversion à l’Islam. Il fut ainsi l’un des 6 premiers à croire au Message du Prophète ().
Abou Dhar était né pour se rebeller contre le mal où il se trouve, il avait une nature active et exubérante ce qui lui valut dès les premiers temps de sa conversion d’être frappé par les Quraychites. Lorsqu’il vit deux femmes se prosterner devant une idole, il ne put se retenir, se précipita vers elles et commença à les blâmer et à blasphémer ouvertement leur idole, des hommes de Quraich présents à la scène coururent vers lui et le frappèrent à le laisser inconscient. Il ne dut son salut qu’à l’intervention d’Al-Abbas qui rappela à ces derniers que si la tribu de Ghifar apprenait ce qu’ils ont fait à l’un de ses, elle se mettrait à guetter leurs caravanes provoquant ainsi le déclin du commerce que toute la tribu de Quraych pratiquait.
Ayant saisi sa franchise et son incapacité à se maitriser devant de telles situations, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui ordonna de se rendre parmi les siens, de leurs parler de l’Islam et d’attendre de ses nouvelles pour le rejoindre. Quelques années passèrent, l’Hégire avait eu lieu. Un jour, à Médine, les hommes virent des nuages de poussière soulevés par des files de gens à pieds et à cheval qui s’empressait de rentrer à Médine, c’était Abou Dhar amenant avec lui deux tribus, la sienne et celle des Aslam, tous musulmans. Le désert n’a jamais porté, ni les prairies n’ont ombragé un homme plus sincère qu’Abou Dhar. Sa sincérité n’était pas une vertu muette car la sincérité muette n’est pas une sincérité pour lui. Pour Abou Dhar, la sincérité doit être proclamé tout haut, le vrai doit être scandé et le mal bravé.
Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui dit un jour "Que feras tu si tu vois les gouverneurs s’approprier des tributs ". Il répondit : "Je les frapperais de mon sabre ! " Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) répliqua : " Je te déconseille d’agir de la sorte et je t’enjoins de faire preuve de patience jusqu’à ce que tu me rencontres".
Durant le Califat d’Omar, les richesses étaient partagées équitablement, Omar imposant une vie ascétique, une sobriété et une justice. Mais le Calife devait un jour mourir et l’argent qu’Allah a rendu serviteur à l’Homme était sur le point de devenir maître absolu. Abou Dhar sentait le danger et ne sortait point son épée, un seul mot de sa bouche était plus efficace, il affrontait avec sincérité les gouverneurs et les riches en leur disant " Prenez le nécessaire, ne soyez pas avides, Allah n’a t-il pas dit " A ceux qui thésaurisent l'or et l'argent et ne les dépensent pas dans le sentier d'Allah, annonce un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront portés à l'incandescence dans le feu de l'Enfer et qu'ils en seront cautérisés, front, flancs et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez. " Il faisait de ce verset son slogan.
Il commença par le fief de Mouawiya ibn Abou Sofiane à Damas, fief le plus riche du monde musulman. Abou Dhar voyait les pauvres et cette richesse débordante. Il attrapa Mouawiya un jour et lui dit : "Le Gouverneur doit avoir faim avant son peuple et doit être le dernier à se rassasier. " Avec l’arrivée d’Abou Dhar, Damas devint en ébullition, cela arriva aux oreilles du Calife Othman ibn Affan () qui le rappela à ses côtés avec gentillesse. Après avoir obtenu la permission du Calife, Abou Dhar partit pour vivre au fin fond du désert dans un endroit appelé Rabdha. Son dégoût pour les riches et les richesses de se bas monde l’amena à s’isoler dans cette région lointaine du derset. Un jour, il dit : "Mon bien aimé, le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) m’a recommandé sept choses :
Aimer les pauvres et fréquenter leurs cercles.
Regarder celui qui est plus bas que moi et non celui qui est supérieur.
Ne rien demander à autrui.
Maintenir les liens de parentés.
Dire la vérité même si elle est amère.
Ne pas craindre pour la cause d’Allah ni les blâme ni les critiques des détracteurs.
Dire fréquemment : « Il n’y a de puissance et de force qu’en Allah »
Abou Dhar mourut à Rabdha. Abdallah ibn Mas’oud présent à son enterrement relata l’évènement de Tabouk (An 9 de l’Hégire) et dit : " 20 ans après Tabouk, la prophétie du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) s’est révélée. J’atteste que je l’ai entendu dire à Abou Dhar, venu seul le rejoindre à Tabouk: "Tu es celui qui marche seul, qui mourra seul et qui sera ressuscité seul ". Que la Miséricorde d’Allah soit sur toi ô Abou Dhar.