Principes de base de l’économie islamique
06/06/2010| IslamWeb
L’argent est le nerf de la vie, aussi la législation islamique cherche-t-elle à travers la réglementation de son usage à édifier une société équilibrée dans laquelle la justice sociale devient une réalité qui procure une vie honorable à tous ses membres. La richesse est une parure du monde d’ici-bas comme l’a dit Allah, exalté soit-Il, (sens du verset) : «Les biens et les enfants sont l’ornement de la vie de ce monde.» (Coran : 18/46). L’Islam a créé des systèmes dont la mise en application garantit une vie décente à chaque individu de la société. Voici quelques mesures qu’il met en œuvre dans ce domaine :
1- Interdiction de l’usure (riba)
L’Islam interdit l’intérêt usuraire qui revient à l’exploitation du besoin et des efforts de son prochain et l’usurpation de ses biens sans contrepartie, or les biens sont une chose sacrée. En outre, la propagation de l’intérêt usuraire suscite la disparition de la bonté entre les gens et la concentration de la richesse entre les mains d’un groupe restreint. Allah, exalté soit-Il, (sens du verset): «Ô les Croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes Croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés. » Coran: S2/V278-279)
2- Solidarité.
L’Islam exhorte à accorder des prêts à ceux qui en ont besoin afin de mettre fin à l’intérêt usuraire et ses voies. Le Prophète () a dit : « Celui qui prête de l’argent deux fois, c’est comme s’il l’avait donné en aumône une fois. » (At-Tirmidzi).
Et l’Islam a prescrit – sans toutefois rendre cela obligatoire d’accorder un sursis et un délai à l’endetté qui est dans la gêne, et de ne pas le presser, s’il est sérieux et veut vraiment rembourser sa dette. Mais s’il retarde volontairement le remboursement, il n’est pas concerné par cette mesure. Allah, exalté soit-Il, (sens du verset) : « A celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance.» (Coran : 2/280). Le Prophète () a dit: « Que celui qui aimerait qu’Allah le sauve des angoisses du Jour de la Résurrection accorde un sursis à l’endetté insolvable ou annule sa dette. » (Rapporté par Mouslim).
3-Interdiction du monopole
L’Islam a interdit la cupidité et la monopolisation sous toutes les formes, en interdisant de s’accaparer les denrées dont les gens ont besoin pour entraîner des pénuries sur le marché et imposer un prix injuste qui a des répercussions néfastes sur les membres de la société, aussi bien le riche que le pauvre. Le Prophète () a dit : « Celui qui monopolise est fautif » (Rapporté par Mouslim), c’est-à-dire qu’il commet un péché.
Le dirigeant a le droit de contraindre celui qui monopolise une marchandise quelconque de la vendre avec un bénéfice raisonnable qui ne soit préjudiciable ni au vendeur ni à l’acheteur. Si le monopolisateur refuse d’obtempérer, le dirigeant a le droit d’intervenir et de vendre ces marchandises à un prix raisonnable, afin de barrer par cet acte, la voie à toute personne qui serait tentée de monopoliser et d’exploiter les besoins des gens.
4-Interdiction de certaines formes de taxes
L’Islam a interdit les taxes et impôts qu’on perçoit du commerçant en contrepartie d’une autorisation de vendre sa marchandise, ou d’une autorisation d’introduire sa marchandise dans le pays. Le Prophète () a dit : « Celui qui perçoit les taxes n’entrera pas au Paradis ». (Rapporté par Ibn Khouzaimah).
5-Interdiction de la thésaurisation
L’Islam a interdit de thésauriser les richesses sans y prélever les droits d’Allah et sans les dépenser dans ce qui est rentable pour l’individu et la société ; l’argent doit normalement circuler entre les gens pour stimuler l’économie, ce qui apporte un profit à tous les membres de la société. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : «A ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le sentier d’Allah, annonce un châtiment douloureux.» (Coran : 9/34).
6- La Zakat
L’Islam prescrit un taux précis de la richesse dont la valeur est de 2,5% et qui est appelé « zakat » que l’on prélève sur les capitaux des riches qui ont atteint le seuil imposable (nissâb) et ont été thésaurisés pendant un an pour les redistribuer aux pauvres. C’est un droit pour les pauvres et il est interdit de les en priver.
Ainsi, bien que l’Islam respecte la propriété privée, il y a introduit des droits et des obligations. Parmi ces obligations, il y en a qui sont pour le propriétaire lui même, comme subvenir à ses besoins et aux besoins de ceux qu’il a à sa charge parmi ses proches dont il doit assurer les dépenses d’entretien. Il y en a qui sont en faveur des individus de sa société comme la zakat, l’aumône et la bienfaisance ; et il y en a qui sont une obligation au profit de sa société, comme la contribution financière à la construction des écoles, des hôpitaux, des orphelinats, des mosquées et de tout ce qui est profitable à la société.
7- Interdiction de la fraude sur la mesure et le poids.
L’Islam interdit la fraude sur la mesure et le poids, parce c’est une sorte de vol, de détournement, de trahison et de tricherie. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) : « Malheur aux fraudeurs qui, lorsqu’ils font mesurer pour eux-mêmes exigent la pleine mesure, et qui lorsqu’eux-mêmes mesurent ou pèsent pour les autres, leur causent perte. » (Coran : 83/1-3).
8- Interdiction de l’accaparement
L’Islam a interdit le fait qu’une personne ait la mainmise sur ce qui comporte un intérêt public comme l’eau, les pâturages publics qui n’appartiennent à personne et d’empêcher les gens d’en tirer profit, car le Prophète () a dit : « Il y a trois hommes à qui Allah n’adressera pas de parole au Jour de la Résurrection et qu’Il ne regardera même pas : l’homme qui jure sur sa marchandise qu’on lui en a offert plus qu’on ne le lui en a offert et qui ment ainsi ; l’homme qui fait un faux serment après Al-Asr pour s’approprier une partie du bien d’un musulman ; et l’homme qui refuse le superflu de son eau. A ce dernier, Allah dira : « Aujourd’hui, Je te refuse ma faveur comme tu as refusé le superflu d’une chose que tu n’avais pas faite toi-même. » (Rapporté par Al Boukhari)
Le Prophète () a dit : « Les musulmans sont des associés dans trois domaines : le pâturage, l’eau et le feu. » (Rapporté par Ahmad)
12- L’Islam interdit tout ce qui entre dans cette parole d’Allah, exalté soit-Il : «Ô les Croyants ! Que les uns d’entre vous ne mangent pas les biens des autres illégalement.» (Coran : 4/29).
- La spoliation quelle qu’elle soit, parce que c’est une injustice pour ceux qui en sont victimes et une menace pour la société ; en effet, le Prophète () a dit : « Celui qui s’approprie une partie du dû d’un homme musulman en faisant un faux serment, Allah lui impose le Feu et lui interdit le Paradis. Aussi, un homme s’écria : Ô Messager d’Allah, et s’il s’agit de quelque chose de négligeable ? « Même si c’est un bâtonnet d’arak » répondit-il. » (Rapporté par Mouslim).
- Le vol ; Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu’ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d’Allah. Allah est Puissant et Sage. » (Coran : 5/38).
Le Prophète () a dit : « Le fornicateur n’est pas croyant au moment où il fornique; le voleur n’est pas croyant au moment où il vole ; le buveur de vin n’est pas croyant au moment où il boit ; et le repentir est offert après cela. » (Rapporté par Mouslim).
- L’escroquerie et la trahison, car le Prophète () a dit: « Celui qui prend une arme contre nous n’est pas des nôtres et celui qui nous trompe n’est pas des nôtres. » (Mouslim, 1/99 ; hadith n° 101).
- La corruption, conformément à cette parole d’Allah, exalté soit-Il (sens du verset) : «Et ne dévorez pas mutuellement et illicitement vos biens, et ne vous en servez pas pour corrompre des juges pour vous permettre de dévorer une partie des biens des gens, injustement et sciemment.» (Coran : 2/188), et cette parole du Prophète () : « Allah maudit le corrupteur et le corrompu dans le jugement » (Ibn Hibban). Dans une autre version, on cite aussi l’intermédiaire entre les deux. Le corrupteur est maudit parce qu’il contribue à la propagation de ce phénomène néfaste dans la société. S’il n’offrait pas de pot-de-vin, il n’y aurait pas de corrompu. Et le corrompu est maudit parce qu’il a causé un préjudice au corrupteur en prenant son argent injustement et parce qu’il a trahi la confiance placée en lui en prenant une contrepartie pour un travail qui est normalement une obligation pour lui, outre les préjudices que peuvent subir les adversaires du corrupteur. Quant à l’intermédiaire entre les deux, il a reçu du corrupteur et du corrompu ce à quoi il n’a pas droit et a encouragé la propagation de ce phénomène.
- Le surenchérissement: L'Islam a interdit d’enchérir sur l’objet convoité par son frère pour le supplanter tant que ce dernier ne l’a pas autorisé à le faire, parce que la rivalité est l’une des causes de l’inimitié et de la haine entre les membres de la société. Le Prophète () a dit : « Que le musulman ne vende pas pour supplanter son frère ; qu’il ne demande pas en mariage celle que son frère a déjà demandée, sauf s’il lui donne la permission. » (Rapporté par Mouslim).