Mon père est décédé quand j’étais petit. Les héritiers se résumaient aux personnes suivantes : moi, ma mère, mon grand-père, ma grand-mère. Puis ma mère s’est mariée. Elle prétend qu’elle n’a pas reçue sa part de l’héritage de mon père. Suite à cela, elle s’est mariée à un autre homme et ils ont vécu très longtemps ensemble. Puis, cet homme est mort à son tour et elle a hérité de lui. Aujourd’hui, elle veut me priver de ma part d’héritage et le donner à mes autres frères qu’elle a eu avec son deuxième mari.
Parfois, elle prétend que chaque personne doit hériter de son père et laisser l’argent du mari de sa mère qui n’est pas son père. Et des fois, elle prétend, ou prend pour prétexte, qu’elle n’a pas hérité de mon père et que ce sont mes oncles, les frères de mon père, qui l’ont empêché de prendre sa part. Aussi, elle prétend qu’à partir de là elle m’empêchera d’avoir ma part d’héritage. Mais moi je ne sais pas quel péché j’ai commis. Je n’avais pas encore deux ans quand mon père est décédé.
Des fois elle me dit que la famille de mon père a joint sa part d’héritage à la mienne pour la priver de sa part et que c’est moi qui ai pris sa part. Or, on ne sait pas quelle est la vérité.
Quel est donc le statut de ce genre de situation ? Lui est-il permis de me priver de ma part d’héritage par ses excuses ? Et que pouvez-vous lui conseiller si elle fait preuve d’injustice ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
La question comporte une certaine ambiguïté mais nous allons tout de même y répondre dans les limites de ce qui nous a paru clair et à travers les points suivants :
Premièrement : en ce qui concerne l’héritage du deuxième mari de votre mère, vous n’avez droit à aucune part mais ce sont uniquement ses héritiers légaux qui y ont droit dont votre mère et les enfants qu’elle a eu avec lui.
Deuxièmement : Votre mère n’a pas le droit de faire un don de ses biens à certains de vos frères sans vous en donner autant. L’équité entre les enfants est une obligation en ce qui concerne les dons selon l’avis prépondérant sur cette question comme nous l’avons mentionné dans un grand nombre de fatwas.
La fatwa en question – même si elle fait référence spécifiquement au père – il n’en reste pas moins que le statut concernant la mère est le même que celui du père. En effet, la mère est un des deux parents. Les règles relatives aux dons la concernent donc également. Aussi, la jalousie et l’animosité qui peuvent surgir quand un père fait un don en faveur de certains de ses enfants est aussi valable quand c’est la mère qui le fait. Les règles éditées au sujet de l’homme sont les mêmes la concernant. » Fin de citation du livre Al-Mughni de Ibn Qudâma.
Si elle partage ses biens entre ses enfants alors il ne s’agit pas du partage de son héritage mais d’un don. L’héritage n’a lieu qu’après la mort de la personne.
Quoi qu’il en soit il est obligatoire de faire preuve de justice en matière de dons à ses enfants. Et ce selon l’avis prépondérant. Le fait qu’elle prétende qu’elle n’a pas reçu sa part d’héritage de votre père ne lui permet pas de vous priver de votre part de don.
Troisièmement : Concernant l’héritage de la mère suite à son décès. Elle ne peut pas vous priver de votre part d’héritage si vous êtes encore vivant à sa mort. Et ce, même si elle fait inscrire dans son testament qu’elle donne son héritage à certains de ses héritiers et non à d’autres. Soit, qu’elle vous déshérite. Dans ce cas, ce testament devrait être annulée et ne pas être mis en application. Le partage de son héritage devra être effectué en fonction des règles énoncées dans le Coran et la Sunna.
Quatrièmement : Il ne fait pas partie du comportement bienséant avec sa mère que son fils lui parle de l’héritage qu’elle léguera. C’est comme s’il était pressé qu’elle meurt. Alors qu’on ne sait pas qui mourra en premier. Un jeune peut mourir avant un vieux et un homme en bonne santé avant une personne malade et ainsi de suite.
Cinquièmement : La mère n’a pas le droit d’être injuste envers son fils car l’injustice sera des ténèbres le Jour de la résurrection. De même, il n’est pas permis à un fils de mal se comporter avec sa mère. Allah demandera des comptes à chacun d’eux concernant ses obligations envers l’autre. Et ce, même si le droit des parents sur leurs enfants est encore plus confirmé par les textes, surtout pour la mère. Allah a dit :
« Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l'a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. » (Coran 31 /14).
« Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mere : sa mère l'a péniblement porté et en a péniblement accouché. » (Coran 46 /15).
Un homme se présenta au Prophète () et lui demanda : « Messager d’Allah ! Qui mérite le plus mes marques de bienveillance ? » Il lui dit : « Ta mere. » « Et ensuite ? » Demanda l’homme. « Ta mère » répondit le Prophète (). L’homme réitéra sa question : « Et ensuite ? » Le Prophète () répondit de nouveau : « Ta mere. » Lorsque l’homme l’interrogea pour la quatrième fois, le Prophète () répondit : « Ton père. »
Sixièmement : Ce que la mère prétend en termes de droit sur l’héritage de son mari est tout à fait légitime. Le mieux dans ce genre de situation entre les membres de la famille est de se réconcilier car il est une bonne chose de se réconcilier. Ceci dit, si la situation exige de revenir aux tribunaux alors il n’y a pas de mal à le faire. Ou alors, revenir à un savant et le consulter directement, une personne qui soit apte à juger de cette question. Il n’est pas suffisant de se limiter à questionner à distance pour des affaires de conflits comme celui-ci. En effet, dans ce cas, le Mufti n’écoute qu’une des deux parties. Or, il ne pourra avoir une représentation exacte de la situation que s’il a la possibilité d’interroger les parties prenantes. C’est pour cela qu’il n’est pas possible de délivrer un jugement précis à ce sujet.
Et Allah sait mieux.
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