Quelle est la prière d’al-Zahâfa? M’est-il permis d’accomplir deux Rak’ates après la prière de Witr et avant celle de Fadjr ?

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.

La prière d’al-Zahâfa consiste à accomplir, assis, deux Rak’ates après la prière de Witr. Les oulémas divergèrent sur la légitimité de cette prière. De nombreux oulémas estiment que cette prière n’est pas fondée sur une preuve et qu'il n'ya pas de recommandation de l’accomplir étant donné que le Messager () dit : « Faites en sorte que la derrière prière que vous accomplissiez de nuit soit Witr ( ait un nombre impair de Rak’ates) ».

Certains oulémas dirent que cette prière n'est autre que la Sunna du Fadjr.

Certains autres dirent qu’il s’agit de deux Rak’ates (surérogatoires) que le Messager d'Allah () accomplissait après la prière du Witr et avant l’Adhân pour la prière du Fadjr et ils se fondèrent dans cette affirmation sur le sens apparent du hadith rapporté de ‘Aicha, qu’Allah soit satisfait d’elle : « Il (le Messager () accomplissait treize Rak’ates de la manière suivante : il accomplissait huit Rak’ates, puis la prière Witr (impaire), puis deux Rak’ates en étant assis. Et lorsqu’il voulait s’incliner, il se levait pour le faire. Puis il accomplissait deux Rak’ates durant l’intervalle compris entre l’appel à la prière de Sobh et l’Iqâmah de cette même prière».

Ibn Taymiyyah, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit à ce propos : « La majeure partie des oulémas n’eurent pas connaissance de ce Hadith et c’est pour cette raison qu’ils le désapprouvent alors qu’Ahmad et d’autres oulémas eurent connaissance de ce Hadith et constatèrent qu'il est authentique. Ahmad, qu’Allah lui fasse miséricorde, jugea permis d’accomplir ces deux Rak’ates en étant assis par terre. Donc il n'y a nul grief à faire cela, mais cette prière n’est pas obligatoire selon le consensus des oulémas à cet égard. Et celui qui abandonne cette prière n’est pas à blâmer ».

Al-Nawawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit dans Charh Hadith Mouslim : « Le cadi ‘Iyâd rapporta qu’Ahmad et al-Awzâ’i adoptèrent le sens apparent de ce hadith. Ils jugèrent permis d’accomplir deux Rak’ates en étant assis après la prière du Witr. Ahmad, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : ‘ Je ne le fais pas, mais je ne considère pas que ce soit interdit ‘. » Et d’ajouter : « Malilk désapprouva cette prière et je dis que : ‘ L’avis juste est que le Messager () accomplit, assis, ces deux Rak’ates après la prière Witr pour montrer qu’il était permis d’accomplir une prière après celle de Witr et qu’il était permis d’accomplir une prière surérogatoire en étant assis, mais le Messager () n’observait pas cette pratique (de manière assidue) et il la fit une ou deux fois.

Nous avons interprété de cette façon ce hadith des deux Rak’ates accomplies en étant assis car les rapports connus dans les Deux Sahihs Boukhari et Mouslim ainsi que les autres rapports d’après ‘Aicha, qu’Allah soit satisfait d’elle, en plus des rapports de nombreux Compagnons dans les Deux Sahihs, montrent clairement que la dernière prière nocturne accomplie par le Messager d'Allah () était Witr. Il existe beaucoup de hadiths connus qui montrent l’ordre donné par le Messager d'Allah () de faire en sorte que la dernière prière accomplie de nuit soit Witr. On peut citer le hadith où le Messager d'Allah () a dit : « Faites en sorte que la derrière prière que vous accomplissez de nuit soit Witr (ait un nombre impair de Rak’ates) ». Le Messager () dit aussi : « Les Rak'ates de la prière nocturne se font deux par deux, et si tu crains l’approche du temps de la prière de Sobh, fais une prière Witr composée d’une seule Rak’ate ». Il existe d’autres rapports à cet égard.

Comment alors penser que le Messager () après tous ces hadiths et rapports semblables- accomplissait ces deux Rak’ates après la prière Witr à la fin de la nuit ? Cela signifie plutôt, comme nous avons indiqué précédemment, qu’il est permis de les accomplir. Et c’est cette réponse qui est correcte. Quant à ce que le Cadi ‘Iyâd signala en soutenant les hadiths connus et en refusant le rapport de l’accomplissement des deux Rak’ates en étant assis, cela n’est pas juste car lorsque des hadiths différents s’avèrent authentiques et qu’il est possible de les concilier les uns avec les autres, il incombe de le faire ».